Jacques Attali nous raconte sur son blog les "gueules de bois" symétriques qui saisiront le pays si Francois Hollande est élu ou si Nicolas Sarkozy est réélu : l'austérité et la crise,

pour tout le quinquennat. Dans les deux cas, le pays paiera le prix d’une campagne électorale totalement ratée. Non de la faute des candidats. Ni des journalistes. Mais des Français eux-mêmes[1]

Heureusement, puisque les Français ont le pouvoir, il y a un 3ème cas !

Le 7 mai, si François Bayrou est élu, la gauche et la droite auront un immense soupir de soulagement : ouf ! nous échappons à la mission impossible de sortir le pays de la crise ! Seule une poignée de tacticiens opportunistes suivra dans une opposition de principe Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Une coalition arc-en-ciel, rose-verte-orange-bleue, entérinera le référendum refondant la vie politique française (suppression du cumul des mandats, des financements détournés, etc.) : cela permettra aux législatives le grand renouvellement qui manquait au pays depuis 1981.

L'Assemblée nouvelle - beaucoup de femmes, beaucoup de jeunes de moins de 60 ans, une grande majorité de soutiens, précoces ou tardifs, du nouveau Président - aura le courage de faire face aux défis bien connus du pays, le double effondrement de la production française et des budgets publics.

Elle donnera mandat au nouveau gouvernement pour préparer, avant fin août, un plan de redressement radical. Retour aux fondamentaux économiques et sociaux, reprise aux groupes d'intérêt prédateurs des rentes qu'ils avaient accumulées depuis les années 2000, égalité fiscale des collectivités locales, éradication des niches fiscales…

Ce plan étonnera par son ampleur, comme celui de Jacques Rueff en 1958. Il fera tordre des nez, notamment à Neuilly-sur-Seine, mais sa cohérence convaincra les "investisseurs" actuels et potentiels, de leur temps et de leur argent, que sont les chômeurs, les épargnants, les cadres, les habitants de régions touristiques, les collégiens et lycéens, les fortunes qui s'étaient réfugiées aux Caïman… bref, tous les gens qui ont besoin de voir où va le pays, pour pouvoir s'engager.

Dès la nuit du 4 août, cette "abolition des privilèges" sera votée par une majorité stupéfaite de sa propre audace.

Et personne ne sera retrouvé "noyé" le nez dans l'eau d'un étang, parce que même les groupes de pression les plus incisifs auront compris leur intérêt : mieux vaut une part raisonnable d'un pays prospère, qu'une part intacte d'un Titanic.

Les prêteurs mondiaux, confiants dans la direction prise par le pays, refinanceront la dette à 0% d'intérêt, permettant au nouveau gouvernement de ne pas payer le prix de l'impéritie de ses prédécesseurs.

La rentrée sociale de septembre sera étonnamment calme : les Françaises et Français seront comme étonnés de constater que le sauvetage du pays était bel et bien possible, comme François Bayrou l'avait répété des années, sans s'en prendre aux salaires ni aux retraites.

La France sera enfin entrée dans l'économie-monde, dans l'économie nouvelle, elle aura en quatre mois cassé sa chrysalide.

Et dès 2013, on verra revenir les emplois, la croissance, la fierté du service public, la discipline à l'école, les relocalisations, l'implication des citoyens, et même les blogs !

Notes

[1] Entre temps Jacques Attali a modifié son texte en "Mais des élites françaises ,…" - PS écrit à 21h03.