Sylvie Tassin reprend et commente une excellente tribune de notre eurodéputée Sylvie Goulard dans Le Monde[1]. Extraits :
Si chaque gouvernement de la zone euro est légitimement élu et responsable devant le Parlement national pour sa politique nationale, il n'a aucun mandat européen explicite suffisant pour porter l'intérêt général.
Le philosophe allemand Jürgen Habermas comme l'économiste indien Amartya Sen ont chacun dénoncé la dérive anti-démocratique d'une zone euro réduite à une coopération intergouvernementale. (…)
Ce que vit l'Italie, ces jours-ci, devrait nous faire réfléchir : s'il est normal que les partenaires européens exigent des réformes en contrepartie de leur assistance, la lettre conjointe (non publiée à ce jour) de MM. Trichet et Draghi dictant à Rome un programme de gouvernement, y compris le détail des procédures et du calendrier, suscite en Italie de vives réactions. (…)
Le "gouvernement de la zone euro" pourrait bien être soit inefficace, s'il adoptait encore un catalogue de bonnes intentions, soit illégitime et dangereux, s'il instaurait un directoire. Ce dont la zone euro a besoin, c'est de développer progressivement la démocratie par-delà les frontières (…)
La gouvernance de l'euro a déjà fait l'objet, à Strasbourg, d'un travail approfondi. Six textes en chantier prévoient notamment un renforcement de la discipline, avec des dispositions spéciales pour la zone euro, et une surveillance macroéconomique beaucoup plus poussée qui devrait, par exemple, permettre de contrôler l'endettement privé, la balance des paiements ou le coût unitaire du travail. (…)
Fin juin, deux Etats ont empêché de finaliser l'accord entre le Parlement Européen et la présidence hongroise : l'Allemagne, qui persiste à vouloir exclure de la surveillance macroéconomique les pays excédentaires, afin d'y échapper elle-même, et... la France, qui a rejeté la demande du Parlement - soutenue par la BCE - que les alertes lancées par la Commission européenne contre des Etats sur le point de violer le pacte de stabilité soient adoptées de manière automatique.
Qui croirait (…) à un code de la route où l'appréciation des infractions serait confiée à un conseil des automobilistes souverain plutôt qu'à des radars automatiques ?
L'optimiste retiendra qu'il y a des gens et des élus qui, malgré l'enfumage de notre chef de l'État, la langue de bois de notre gouvernement et l'inertie de notre Parlement, travaillent.
Le pessimiste répondra, comme le premier commentateur sur lemonde.fr : "cela revient à demander à nos hommes et femmes politiques de scier la branche sur laquelle ils sont assis."
À mon humble avis, il faudra la scier à leur place.
Notes
[1] où j'apprends au passage, comme tout récemment chez Pascal Canfin, que les institutions européennes font des propositions sérieuses de sortie de crise, ce qui me fait plaisir
«que les alertes lancées par la Commission européenne contre des Etats sur le point de violer le pacte de stabilité soient adoptées de manière automatique ... Qui croirait (…) à un code de la route où l'appréciation des infractions serait confiée à un conseil des automobilistes souverain plutôt qu'à des radars automatiques ? »
Bon d'accord : le pacte de stabilité c'est le code de la route. Manque seulement les «keufs» pour faire le respecter, sinon on n'en serait pas là. Puissante analyse macro-économique (du Modem, dois-je comprendre? C'était bien la peine de laisser partir Jean Peyrelevade pour continuer de raisonner de la même manière!)
PS: J'étais venu voir si vous aviez répondu au problème de logique que je vous avais soumis en reprenant vos principes (un peu les mêmes, d'ailleurs, que ce qui motivent ce billet). Cf le billet Crise financière. La réponse devrait être facile, mais ça peut attendre...
@ °C : les défauts des critères de Maastricht, je les ai soulignés en proposant des alternatives : ici (2006) http://demsf.free.fr/C1722099972/E2... , et plus brièvement ici (2010) : http://demsf.free.fr/index.php?post...
Malgré leurs défauts, s'ils avaient été appliqués, ils auraient évité la faillite (c'est un simple constat des chiffres, puisque le 3ème critère impose une dette brute inférieure à 60% du PIB).