L'un des deux candidats en lice est libéral. Aussi éloigné que je sois de ses options économiques et sociales (on pourra y revenir dans le détail), j'ai confiance en lui, et dans la diversité des personnalités et forces politiques qui le soutiennent, pour veiller à la liberté d'expression, de débat, à la liberté de s'opposer. C'est à peu près tout ce que j'ai apprécié du quinquennat Hollande, et c'est quelque chose à quoi je tiens.

L'autre des deux candidats en lice est nationaliste. Je suis plus éloigné encore de son programme — je l'ai lu intégralement ce matin pour vérifier — dont rien ne donne de l'espoir. Restrictions, diminutions, interdictions, fermetures… Derrière la volonté affichée d'être chez nous, c'est du renoncement à être, tout court. Mais il y a plus grave encore. Je dois hélas faire confiance aux personnalités et forces politiques qui entourent Mme Le Pen pour restreindre à la première occasion la liberté de s'exprimer, de manifester, de s'opposer. Avec les nationalistes, l'exercice même de nos droits démocratiques sera compromis. Je ne connais aucun pays auquel le nationalisme ait apporté la liberté, une meilleure relation sociale, une harmonie avec ses voisins.

La montée des clichés contre Emmanuel Macron et contre Marine Le Pen m'écoeure. Cette diabolisation est minable, c'est une défaite de la pensée et une démission du coeur. L'un et l'autre choix peuvent se faire avec de bonnes raisons, et aucun de ces deux candidats ne mérite l'opprobre.

Mais je préfère voter pour un correspondant de Barack Obama que pour une admiratrice de Donald Trump ; pour un homme engagé pour les droits humains en Syrie, que pour une alliée de Vladimir Poutine.

Je crois donc que nous avons un vrai choix, et je crois que l'une des deux candidatures vaut nettement mieux que l'autre.

J'entends et je comprends, je crois, les arguments de ceux qui ne veulent ni l'un ni l'autre. Ceux qui se sont mobilisés pour Chirac contre Le Pen en 2002, et qui disent qu' à cause même de leur mobilisation, la dictature financière a eu le champ libre, les technocrates ont asséché la démocratie, la volonté populaire exprimée en 2005 a été bafouée. Ils ont sans doute en grande partie raison.

J'appelle tous ces résistants à se mobiliser, à se réunir, gauche, centre et droite confondus, villes et campagnes confondues, jeunes et vieux confondus, parce que nous sommes la majorité, dès ce mois de juin, si nous le voulons bien.

Et pour rendre possible le changement démocratique, je les appelle à voter dimanche 7 mai pour le candidat le plus démocrate.