François Bayrou a révélé samedi soir qu'on lui avait proposé, à lui aussi, des fonds auxquels il n'avait pas droit, et qu'il a "renvoyé ceux qui en étaient porteurs". Quand il l'a répété mardi sur France Inter, AFP et médias ont repris l'information, et les commentateurs sont nombreux.

La réaction la plus à côté de la question me semble être celle de Thomas Legrand, de la même radio France Inter :

François Bayrou nous a donné l’impression qu’il suffisait, pour être vertueux, de refuser d’être corrompu… il semble quand même que l’on puisse attendre d’un responsable politique, non pas simplement qu’il refuse des valises de billets qu’on lui propose, mais aussi dénonce sur le champ les corrupteurs qui se présentent à lui.

D'abord, cette suggestion me semble vraiment "facile à dire", voire très faux-derche ; j'ai répondu là-dessus en commentaire de l'article.

Mais surtout, qui parle de vertu, sinon le journaliste ?

De quoi avons-nous besoin, de la part de nos gouvernants : qu'ils soient opportunistes et profiteurs, ou qu'ils soient à la merci du chantage des mafias ?

Qu'ils soient vertueux, ou qu'ils soient indépendants des corrupteurs et autres forces de pression de tous pays ?

Refus ne prouve pas vertu, c'est bien vrai. On peut refuser une valise par méfiance, malgré la bonne odeur des billets trop frais. On peut la refuser pour faire monter les enchères, pourquoi pas. Ou même involontairement, par maladresse…

Ou bien, on peut la refuser parce qu'on veut être capable de gouverner la France. De redresser les finances d'un pays surendetté. Et que pour cela, il faut pouvoir dire m… aux maîtres chanteurs de tout pays et de toute confession, qu'ils soient nos créanciers ou nos fournisseurs, qu'ils carburent à l'argent du pétrole, au kérosène militaire, à la fausse monnaie, à l'or vert ou à tout autre grain à moudre.

Et précisément, c'est la raison que donne François Bayrou. Etre "indépendant" pour gouverner, ce n'est pas une question de snober la gauche ou la droite (de toute façon, on aura besoin de tout le monde) ; c'est que le sommet de l'État soit inaccessible aux prédateurs de l'argent public.

Il me semble qu'on en aurait grand besoin, en ce moment. Pas à vous ?