Hier soir à Mont-de-Marsan, où Attac! auditionnait des représentants des candidats. Une quarantaine de citoyens avaient fait le déplacement ; une trentaine sont restés jusqu'à la fin et ont aidé à ranger les 200 chaises. Zéro journaliste. Cinq des 11 candidats n'avaient délégué personne. Questions minutées, coups de triangle à 30 secondes de la fin et bruit de chtronk à 0 seconde. Chaque orateur s'arrête poliment sur le chtronk. Les intervenants sont félicités et refélicités pour leur respect du temps de parole. Les interventions sont denses, préparées. Très convergentes sur certains sujets (Stop TAFTA…). Divergentes sur d'autres (la place des entreprises privées).

Mais aucune réaction sur le fond, aucun débat, aucun progrès collectif. Une obsession de forme démocratique, mais sans démos ni kratein, sans peuple ni pouvoir.

Après les questions préparées à l'avance, viennent les questions de la salle. La première question va à l'essentiel : posée au représentant de Benoît Hamon, elle demande si Mme El Khomri sera ou non investie par le PS aux législatives.

Quelqu'un m'a gentiment vanné après la réunion avec l'idée que Jean Lassalle puisse être "ministre de l'agriculture et de la ruralité", j'ignore de qui.

Ombre chinoise de démocratie, fatalisme des petites boîtes, de rapports de force invincibles, d'un Ancien Régime inoxydable. L'anti-arène.

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Un militant Attac! me dit qu'aux élections précédentes, le même "forum citoyen" avait eu beaucoup de succès. Les temps changent.

Les salles des meetings débordent de fans, les débats sont désertés. Celui entre les candidats eux-mêmes, sur les chaînes d'info, a recueilli juste assez d'audience pour que, M. Mélenchon en tête, les candidats les mieux placés décident d'éviter un 2ème débat, et la télé publique a préféré se défiler plutôt que de laisser leurs pupitres vides.

Ce n'est pas le suspense qui manque ! En prolongeant les courbes des sondages (source wikipedia), les 4 candidats en tête devraient tous se retrouver à 22% le 23 avril.

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Et comme les courbes d'intentions de vote ont la même polarité, elles n'aiment pas se rapprocher à ce point, ça devrait faire du grabuge, une explosion peut-être. Et j'ignore, comme tout le monde, ce qui en sortirait.

Jusqu'ici, la nouvelle loi électorale a parfaitement rempli son office : limiter la possibilité de faire campagne aux seuls candidats du système, et squeezer les autres. Interdiction de collecter les parrainages à l'avance, inégalité des temps de parole (Jean Lassalle bon dernier). La loi médiatique aussi, le mépris affiché[1] et reconnu des médiacrates. Proposer une alternative est un exploit. La faire entendre semble hors d'atteinte.

Et pourtant, quand on accompagne Jean Lassalle, tout le monde en témoigne et moi aussi, on joue le clip de Billie Jean : à chaque pas qu'on va faire la lumière s'allume. Cent anecdotes que j'oserais à peine raconter, minuscules chacune, vite oubliées même, tellement on s'habitue à la chance. La dernière en date est que j'ai obtenu le dernier billet TGV disponible pour Mont-de-Marsan. Notre campagne peut sembler dérisoire, avec 100 fois moins de budget que les candidats soutenus par des banques, et pourtant, à chaque pas, le chemin se dégage pour le pas suivant.

Tout vient à point.

Notre candidat s'est lancé dans un défi plus grand que n'importe qui. Sans argent, sans média-trainer, sans slogan, sans parti, sans tout ce que vous voulez, avec juste le sentiment profond que le temps est venu. Et contrairement à Mmes Duflot, Yade, Rivasi ou Alliot-Marie, contrairement à MM. Sarkozy, Hollande, Juppé, Montebourg, Laurent, Jadot, Le Maire, Bayrou et quelques autres, Jean Lassalle est toujours dans la course.

Il reste onze jours aux Françaises et les Français pour découvrir qui est taillé pour le job. Marie a son idée depuis longtemps.

Notes

[1] "Un de moins, ça nous aurait fait du bien"