Guidel : certains reprochent à François Bayrou de "ne pas trancher". Mais trancher quoi ?

Pour quelle raison chasserions-nous du MoDem ceux qui approuvent, au moins dans ses grandes lignes, le travail du gouvernement actuel ?

Pour quelle raison chasserions-nous du MoDem ceux qui constatent que, la gauche n'ayant pas (et n'ayant pour ainsi dire jamais eu) la moindre intention de s'allier avec le Centre, nous sommes condamnés à essayer de travailler avec la droite ?

Les électeurs, au 1er tour des présidentielles et aux deux tours des législatives, nous ont envoyé en réserve de la République, et ont donné le trait au PS et à l'UMP.

Tous, MoDem ou non, nous demandons si le Président et son gouvernement sauront, au-delà du sauvetage du budget de l'État, fixer au pays une direction d'avenir, encourager l'investissement. S'ils sauront passer de la logique comptable à l'ambition d'une Renaissance.

Tous, MoDem ou non, nous demandons si l'opposition de droite sortira de l'impasse sarkozyste. Si elle trouvera, comme proposition pour le pays, mieux que les allusions fielleuses sur "les banlieues" comme la mienne.

Nous nous le demandons, et dans les mois qui viennent, on en saura plus. D'ici là, cultivons notre jardin.


Ou, en plus tendu[1] : soyons la corde de l'arc politique.

C'est la comparaison de Patrick Beauvillard sur son blog, si juste que pour une fois, je pardonnerai l'usage du triste mot "centriste".

Le monde doit-il être bipolaire ? Lors d’une discussion cet été, l’un de mes amis me rappelait que 5 siècles avant Jésus-Christ, Héraclite avait posé que « l’harmonie du monde est par tensions opposées, comme pour la lyre et pour l’arc ». Sans tension, sans opposition entre une force et son contraire, il n’y aurait ni jaillissement de la flèche, ni son issu de la lyre.

Je lui faisais remarquer que la tension ne suffit pas, et que c’est la corde de l’arc qui permet de convertir cette tension en force et de projeter la flèche vers son but.

C’est là, me semble-t-il, la raison d’être des centristes : être ceux qui relient les forces en opposition dans notre pays, être ainsi ceux qui provoquent l’interaction qui permet de créer « l’harmonie du monde » dont parle Héraclite.

Sur le terrain, c’est ce que font de très nombreux acteurs, centristes pur jus, associés à des exécutifs municipaux, départementaux ou régionaux, de droite ou de gauche, et qui œuvrent à concilier les objectifs parfois divergents des citoyens, au service de l’intérêt général.

Voilà tout ce que je lui souhaite, ainsi qu'aux militants de Guidel et d'ailleurs !

Notes

[1] Ce qui me fait préférer ce texte, au développement de Thomas Guénolé sur la modération comme caractéristique des centristes. Est-ce l'impression que je donne ? Zut. Je ne me sens pas modéré, ou en tout cas, je sympathise avec le vers de Péguy : Malheur à celui qui est tiède.