Un pays en bonne santé, ça se reconnaît facilement : ses citoyens ont de quoi faire ; ce qu'ils produisent est demandé dans le monde entier ; les affaires publiques sont conduites dans leur intérêt et sous leur contrôle ; ceci par des institutions prospères, qui ne risquent pas la faillite.
La précédente présidence a royalement ignoré ces quatre critères. La France, "en état de faillite", y a été plongée plus profond encore ; la démocratie a été ridiculisée et l'argent public distribué aux copains ; le commerce de notre pays avec l'étranger s'est effondré, la "balance des paiements" a sombré ; le chômage, le sous-emploi et la précarité ont prospéré tandis que les défiscalisations bénéficiaient aux rentiers et aux salariés déjà en place dans les entreprises les plus prospères.
Hier soir sur TF1, le Président de la République a montré qu'il prenait au sérieux l'un de ces quatre objectifs : restaurer l'équilibre de l'Etat et des administrations publiques. En fait, même si ses annonces se concrétisaient, il manquerait encore fin 2013 plus de 10 milliards de "déficit primaire", qu'il faudrait encore emprunter, augmentant encore la dette de l'État.
Ce serait déjà un redressement spectaculaire par rapport à l'ère Raffarin-Villepin-Fillon.
Mais ça ne suffirait pas.
Un État ne peut pas être prospère dans un pays où le chômage gagne.
Les services publics et les contribuables ne pourront pas faire l'effort attendu par le Président si la seule justification est la "discipline nécessaire" et autres mots multi-syllabes,… langue de bois qui suscite méfiance, repli sur soi, dépression/récession et exil fiscal.
Un pays ne peut pas trouver sa place dans la mondialisation en regardant le nombril de ses négociations paritaires et de son éternelle modernisation du droit du travail.
La rigueur toute seule, c'est une 4 CV dont trois cylindres qui fuient. Ça n'ira pas loin.
Certes, l'État, et son chef, ne peuvent pas faire la croissance à place des entreprises et des travailleurs. Certes, la démocratie ne se décrète pas, elle commence par la mobilisation des citoyens. Certes, ce n'est pas dans les cabinets ministériels que nous trouverons la clé des marchés émergents.
Mais nous avons besoin que, comme en 1958, le sommet de l'État voie le monde qui se construit, voie la place qu'y prendra notre pays. Sinon, aucune chance que les forces de la Nation tirent dans la même direction, et qu'on avance.
Je saisis cette occasion pour faire la publicité de la conférence du 19 septembre prochain (2012), "De l'économie à l'iconomie", organisée par l'Institut Xerfi autour d'un groupe de travail auquel j'ai le plaisir de participer.
L'objectif : la compétitivité, la croissance, la renaissance de la France.
Institut Xerfi - De l'économie à l'iconomie par GroupeXerfi
Ce n'est pas les 4 roues de la 2 CV, mais la quadrature du cercle, faire la rigueur budgétaire maintenant et diminuer le chômage sont deux objectifs antagonistes.
http://www.alternatives-economiques...
@internaciulo
Espérer diminuer durablement le chômage sans stopper l'augmentation de la dette... et donc en pratiquant ce que tout le monde appelle "la rigueur" (pour faire peur ?), me semble également totalement incompatible.
Être rigoureux dans sa gestion n'est pas une tare. C'est même la condition de survie de chaque ménage et de chaque société.
La pratique du déficit public et de l'injection d'argent à crédit dans l'économie, le keynésianisme à toutes les sauces et dans toutes situations économiques (même les bonnes) est juste une expression d'incompétence et/ou de manque de courage (et de compréhension de l'évolution du monde) de notre classe dirigeante depuis des décennies.
Plus on attendra (de redresser les compte)... plus la chute sera dure (Et oui bien sûr, ça ne suffira pas)
Une clé essentielle est la confiance. Et le monde regarde la France avec des yeux ronds d'incompréhension... et de défiance... Et la France continue à regarder son petit nombril, son modèle social et sa belle Tour Eiffel avec orgueil.
Ca va être très chaud.
@ internaciulo : effectivement, multiplier les emplois publics réduirait le chômage… à TRÈS court terme.
Poursuivre deux objectifs antagonistes (ou même quatre…) c'est la difficulté quotidienne des pouvoirs publics… comme des entreprises : la qualité ET le prix bas, la productivité ET l'agrément du travail, etc. Ou dans un club de foot : marquer des buts ET ne pas en prendre, jouer le ballon à fond ET tenir 90 minutes, etc.
Je crois que la France commencera à s'en sortir le jour où elle reconnaîtra qu'on ne peut pas avoir durablement l'un sans l'autre, l'équilibre des comptes sans la prospérité de l'économie et inversement, la vie démocratique sans l'attractivité économique et inversement, l'emploi pour tous sans l'équilibre des comptes et inversement, etc.
Aujourd'hui chacun des 4 "cylindres" est essoufflé… ce sera peut-être le moment de la prise de conscience !
Argl… charly a été plus rapide que moi !
Au passage, quand Guillaume Duval écrit dans Alternatives économiques (votre lien) que l'objectif doit être un déficit "structurel" de 3% du PIB, c'est un délire grave. Un déficit structurel de 3% du PIB ne serait acceptable par aucun créancier : il implique l'explosion du surendettement.
La seule façon durable de gérer une organisation quelle qu'elle soit (hormis les start-up : nous parlons d'une économie à croissance faible, disons <=2% / an) c'est l'excédent, ou l'équilibre, structurels.
Et c'est cela qui implique que, les pires années de récession, on pourra se permettre 3% du PIB de déficit courant ; parce que, les très bonnes années, on fera 3% du PIB d'excédent.
Ce n'est pas le rêve, ce que j'écris là : c'est De Gaulle, c'est Clinton, c'est Barre…
@Charly
Et rejouer la politique, aussi atroce qu'inefficace, des libéraux Hoover-Tardieu-Laval, c'est une marque de compétence et de courage ?
@FrédéricLN
Les créanciers il va falloir qu'ils en rabattent, les vieilles dettes contractées pendant la phase libérale-productiviste du capitalisme mondial ne seront pas remboursées en totalité parce que ce modèle là est caduc. Il serait temps que tout le monde en prenne conscience, cela permettrait de faire défaut partiellement et de manière ordonnée au niveau international.
@ internaciulo : vous frôlez le point Godwin : le bilan des trois gouvernements Laval de 1931-32 n'est sans doute pas assez substantiel pour être qualifié d'atroce, contrairement à son action ultérieure que chacun connaît. Et si vous voulez vanter Roosevelt contre Hoover, les historiens s'accordent à peu près, je crois, pour dire que ce qui a sorti l'économie mondiale de la crise de 1929, c'est, hélas, la production de guerre.
Mais même en admettant que le New Deal ait été un succès, vouloir le ressortir tel quel 80 ans après, pour l'appliquer tel quel à une économie et une société profondément différentes en 2012, ce serait l'assurance d'être inefficace.
Sur la dette et son abattement coordonné mondial : ce n'est pas le point Godwin, là, c'est le point Grand soir
. Mais je crois que c'est possible au niveau de l'Union européenne (du moins, de la zone euro), je l'ai proposé l'an dernier ici : http://demsf.free.fr/index.php?post...
Il y a une solution toute simple, et qui rendra "aux marchés" la fameuse "confiance" dont ils ont tant besoin, c'est d'être honnêtes. De reconnaître qu'une dette aussi délirante que celle de la Grèce (ou de la zone euro dans son ensemble) ne pourra jamais être payée. Et de la réduire, souverainement (unilatéralement), mais de façon ordonnée, un même jour, entre Etats européens.
Simplement, la condition pour que ça marche, est que ce soit honnête : que les prêteurs ainsi apparemment lésés, puissent avoir confiance dans le destin des Etats concernés et dans la fiabilité de leur signature. Sinon, ils ne prêteront plus ! Et des Etats en déficit primaire ont un besoin vital de prêteurs. Donc, une gestion rigoureuse, à l'équilibre structurel, est la condition même pour faire ce que vous proposez (et apurer ainsi une partie de la vieille dette). Exactement comme pour une entreprise ou association surendettée qui obtient un plan de redressement.
Enfin, concernant la France, il sera difficile d'annuler de la dette (contrairement à l'Espagne, l'Irlande ou la Grèce, qui devraient le faire). Car, comme nous le rappelle constamment la gauche de la gauche, la fortune privée est énorme en France, l'Etat ne peut donc pas se prétendre insolvable. Nous devons 5% de la dette publique mondiale, mais nous avons 6% de la fortune mondiale. L'Etat doit trouver moyen de tirer parti de cette fortune privée — c'est-à-dire de la valeur du foncier français — pour devenir viable lui-même. C'est une difficulté, certes, mais c'est un problème de riches. Cf la proposition de Jacques Delpla et mon commentaire ici : http://www.les-crises.fr/mur-d-acti...
Dommage que je ne sois pas parisienne !
Juste une petite réflexion en passant (c'est un clin d'oeil qui ne t'est pas personnellement destiné naturellement) :
Quand on regarde la présentation de cette conférence et que l'on voit défiler les portraits des supposés "penseurs"... où sont donc les femmes ?! A la machine à café ?
@internaciulo
Vous montez vite en température.
Je ne vois pas ce qui vous permet de voir dans mon propos le moindre petit rapprochement avec les personnes que vous citez.
Je dis juste qu'on ne peut pas vivre au dessus de ses moyens éternellement. C'est une solution de facilité que s'autorise beaucoup de gouvernement faute d'avoir le courage de bien gérer leur porte monnaie.
A chacun de nous, citoyen, individuellement, ce minimum de rigueur est demandé. Et ceux qui sortent des clous connaissent des situations perso très compliqué à vivre (Dossier de surendettement, interdit bancaire, mise sous tutelle...).
Donnez moi une seule bonne raison pour qu'on attende pas la même chose de nos gouvernants (droite et gauche confondue)
Et donnez moi aussi une seule bonne raison pour que cette politique qui échoue depuis 30 ans se mette tout à coup à porter des fruits ?
@ Françoise Boulanger : c'est effrayant. La cooptation fait ces ravages. J'ai demandé et obtenu un minime rééquilibrage…
Je peux témoigner que les (autres) participantS apportent touS des choses passionnantes, mais je suis convaincu qu'un groupe paritaire, ou à peu près, aurait eu une dynamique meilleure encore et des conclusions plus riches aussi.
@ charly : n'exagerons rien, la tour eiffel est vraiment très belle !
Voir aussi:
http://www.slate.fr/story/61631/hol...
C'est bien ce que fait Thomas Legrand. Il risque de se faire censurer sur France Inter, comme Alain Duhamel l'avait été (sur France 2) autrefois.
Si François Hollande se lance dans la rigueur, il faudrait aussi un choc de compétitivité comme prévu dans le programme de François Bayrou. Plus exactement Jean Peyrelevade était pour une CSG sociale plutôt qu'une TVA sociale. Il est repris cette semaine par François Chérèque (au grand dam de ses confrères de la CGT et FO!)
A propos, où est passé Jean Peyrelevade? Son blog a disparu du site du Monde.
@ jbl : +1
@ XS : c'est effectivement de la part de Thomas Legrand une prise de position autonome (non suscitée par le buzz parisien). Une différence significative par rapport à http://www.slate.fr/story/43961/cor...
CSG ou TVA, ça ne fait pas tant de différence que ça ; c'est même à peu près la même idée de "flat tax", Cf. http://demsf.free.fr/C1722099972/E2... . Mais c'est un hochet que peuvent se disputer la gauche csgienne et la droite tvaïste, ça occupe.
Jean Peyrelevade a manifestement déménagé, ici : http://blogs.lexpress.fr/economie-s... , merci de me faire penser à mettre à jour ma blogroll !