L'Express a consacré ce jeudi, à François Bayrou, un dossier que j'ai trouvé intéressant.

Intéressant dans les limites, évidemment, de l'étrange genre littéraire si prisé dans la presse parisienne, qu'est la déblatération tactico-psychologisante.

Donc, si on oublie la réalité du pays, si on oublie la constance des visions du monde et des tempéraments, si on oublie la rigidité des structures partisanes, si on oublie la construction complexe, pratique et sociologique, qui conduit à une victoire électorale, si on oublie la simplicité fondamentale de toute élection - un recruteur citoyen qui choisit entre dix CVs - si on préfère à tout cela le labyrinthe des manoeuvres virtuelles,... alors on trouvera dans L'Express des trucs rigolos.

François Hollande pour qui François Bayrou "a du panache dans sa solitude (qui) le prive de toute perspective de victoire. Sauf à compter sur les divisions de la gauche et de la droite" : "il n'a aujourd'hui ni les forces pour prétendre être présent au second tour de la présidentielle ni le projet politique lui permettant de fédérer autour de lui."

François Bayrou pour qui, selon L'Express, "cela se jouera entre nous" (Nicolas Sarkozy et lui-même) : "pour l'instant, je ne vois personne d'autre." "La prochaine fois, la question du premier tour sera celle du second : qui peut battre Nicolas Sarkozy ? (...) Je suis le seul. Je suis le dernier rempart. Si j'arrête, c'est fini".

"Seul", ou "le seul" ?

Peut-être est-ce la même chose. Rares sont dans l'histoire du suffrage universel français, les gens de partis qui l'ont emporté : Mitterrand en 1981, Pompidou en 1969. Ajoutons-y bien sûr les réélections - de Gaulle en 1965, Mitterrand en 1988, Chirac en 2002. Ça finit par faire beaucoup, c'est sûr. Mais le de Gaulle de 1958 (certes non élu mais plébiscité), le Giscard de 1974, le Chirac de 1995, et les trois candidats en tête en 2007, étaient des outsiders, des fortes personnalités, accompagnées d'un premier ou dernier carré de fidèles, mais seules face aux caméras comme face à la France.

Et vous voyez quoi, l'effet que ça fait, L'Express ? Même moi je me mets à la psychologie à deux balles.