La vraie fin de saison pour les demi-fondeurs, c'est la corrida de Houilles (10 km), entre Noël et jour de l'An ; je me demande si j'irai.

Mon espoir pour cette année 2018 était de réussir un bon semi-marathon.

Mon meilleur temps, 1h20'23'' à Boulogne-Billancourt, date de novembre 2014. Peu après, j'étais tombé très stupidement d'une fenêtre de ma maison, cheville cassée, suivie d'une algodystrophie qui m'a éloigné des pistes une année et laissé une cheville plus raide que l'autre — un classique, et j'ai bien de la chance d'être arrivé à mon âge de vétéran 2 avec si peu de "pocs" et soucis de santé.

J'avais profité de cette interruption forcée pour changer de foulée à l'aide de chaussures plates, qui avaient aussi l'avantage de faire travailler les chevilles — et lutter contre l'enraidissement.

Mais je n'ai pas réussi depuis à retrouver un rythme d'entraînement régulier au long de l'année.

J'ai essayé la formule "stage intensif", un peu plus de 300 km en fractionné en 2 semaines, en juillet dernier : la France en courant.

Un ami coureur m'avait dit : tu verras, dans les 2-3 mois qui suivent, tu battras tes records sur semi et marathon.

Il avait oublié de préciser : sauf tendinite qui mettrait 2-3 mois à disparaître.

J'ai couru fin août le semi-marathon, très vallonné, d'Heudebouville avec mes muscles tout neufs et une tendinite rebelle. Je finis en un peu moins de 1h30', une barre sympathique pour les quinquagénaires ("vétérans 2") car c'est la "qualification" pour les championnats de France. Une barre très généreuse, et les championnats en question sont des courses ouvertes à tous, mais bon, ça flatte l'ego. Sauf que le semi d'Heudebouville n'est pas "qualificatif" : le temps compte pour du beurre.

La dernière chance de l'année était le semi de Boulogne-Billancourt ce 18 novembre. Presque 10000 inscrits, un événement dans le monde du running.

J'ai voulu retrouver des repères, malgré un entraînement toujours aussi lacunaire, en courant d'abord le semi d'Épinay-sur-Seine le 14 octobre. Parti tout doucement, j'ai commencé à prendre un rythme modeste aux 12km, sur le joli parcours en berges de Seine… pour exploser presque aussitôt, après le passage des 15 km. J'ai fini la course en alternant des marches titubantes et du petit footing, offrant ma carcasse épuisée aux photographes du parcours, aux bénévoles apitoyées[1] et aux encouragements des concurrents qui me repassaient. Un peu moins de 2 heures à l'arrivée ; mais par un heureux concours de circonstances, les résultats n'ont jamais été publiés.

Bilan global : la tendinite toute neuve de juillet a complètement disparu, les muscles tout neufs de juillet aussi.

Hier, je n'en menais pas large. J'ai pris mon vélo pour aller chercher le dossard ; 2 heures de vélo ne sont pas la recommandation habituelle pour se mettre en forme la veille d'une compétition, mais je me suis dit que ça me ferait du bien ; plus de bien en tout cas que 2 heures de transports en commun.

Une bonne dose de riz cantonais avant de dormir, sac prêt, avec quelques options selon qu'il ferait plus ou moins froid. 4°C étaient annoncés.

Arrivant sur place, je retrouve la grosse organisation, les nuées de bénévoles et de sponsors que j'avais trouvés en 2014, plus, sur le podium et au micro, un très bon coach d'échauffement. Et je découvre avec bonheur qu'il y aura un meneur d'allure pour 1h30 (parfois, il n'y en a que pour des chronos moins rapides). De quoi m'éviter mes deux travers habituels, celui de partir trop vite, et celui de partir trop lentement.

Alors j'ai suivi avec discipline, pendant 13 km, le peloton emmené par le meneur d'allure et sa flamme jaune. En prenant juste une pause à chaque ravitaillement pour revenir ensuite "à l'élastique" sur le peloton.

Au passage du 13ème kilomètre, à la sortie du Bois de Boulogne, une concurrente qui en avait sous le pied a quitté le peloton, accompagnée par un coureur masculin du même club, pour prendre un rythme un peu plus rapide, tout en restant sous les 15 km/h ; je l'ai suivie, toujours à l'élastique, jusqu'à l'arrivée.

Dans le dernier kilomètre, bon nombre de concurrents plus jeunes accélèrent fort et me repassent devant, c'est normal, chacun sa course. Je finis en 1h28'14'', 707ème globalement et 60ème "vétéran 2", assez loin de mes ambitions initiales, mais très heureux d'avoir effacé le mauvais souvenir d'Épinay. Et de finir l'année avec l'inutile mais fameuse "qualif".

À l'arrivée, dans la bonne tradition de la course à pied, tout le monde se congratule, vante la belle course du voisin, et vient en aide aux plus abattus - il n'y en avait pas beaucoup, d'ailleurs.

Pendant ce temps, mes camarades de l'Union Sportive Argenteuillaise organisaient le "cross du Cerisier", bravo à eux, avec mes excuses pour leur avoir fait défaut.

Et cet après-midi, j'ai encore trop la tête dedans pour faire mon travail en retard sur la politique argenteuillaise et nationale-européenne, le comité Jean Vilar ou le travail tout court, alors voilà, j'ai raconté ma vie sur ce blog ! Point final, on repasse aux choses sérieuses.

Notes

[1] eh oui, beaucoup de femmes parmi les bénévoles