Promesse de vert !
Le projet démocrate est dans les starting-blocks à Arras. François Bayrou lui a fait passer un cap décisif amha, en proposant :
"nous inscrirons dans la Constitution l'obligation de la protection des générations futures"
Il précise que ce sera "le pendant du principe de précaution qui concerne le présent", ce qui est faire beaucoup d'honneur au principe de précaution, aussi juste soit-il. La protection des générations futures me semble être un principe plus juste et plus essentiel à une Constitution. Car la précaution pour la génération présente pourrait être décidée au cas par cas par les Assemblées où cette génération est représentée, mais comment les générations futures le seraient-elles ?
C'est la solution, au moins la base de la solution, au problème profond posé par Corinne Lepage dans "Vivre autrement" : "Dans une société libérale du tout contrat" (comme dans le socialisme d'État, d'ailleurs), "la génération à venir est absente. Elle ne peut rien signer et a généralement bon dos. C’est sur elle qu’on garantit les dettes et ... qu’on renvoie les rendez-vous douloureux. Comment représenter ses intérêts ?"[1].
C'est intégrer dans notre vision de la démocratie, le respect d'une composante indispensable de notre société humaine : la biosphère. "We do not inherit the land from our fathers, we borrow it from our children" (David Brower)
J'écrivais il y a quelques semaines : le projet démocrate est le complément exact du projet écologiste, car ils se rendent mutuellement vivables. C'est mieux que cela. Nous avons maintenant les fondations d'une démocratie durable, une démocratie responsable. L'orange ouvre la voie au vert.
Il reste à construire sur cette fondation. Les deux premières années du MoDem ont montré toute la difficulté de cette construction. Nous avons, de la base au sommet, beaucoup d'architectes, mais il faut plein d'autres métiers pour que soit construite et remplie ... la maison commune.
Je crois que sur cette fondation, dans cette perspective d'une démocratie responsable, il y aura des millions de Françaises et de Français prêts à souscrire et, s'ils sentent que leurs efforts peuvent être utiles, à s'engager.
Et ceux qui parleront de bisounourserie ... comment regarderont-ils leurs enfants en face ?
"Égoïste on devient petit / Alors que généreux on devient grand ... Foyalé !"
Information également reprise par MoDem Château-Landon, Démocrate de Boulogne-Billancourt, Modem Pré Saint-Gervais, et Orange pressé, qui a voté contre cet amendement. Et par le blog officiel du MoDem.
Voir aussi sur ce blog le billet "La démocratie, mécanisme électoral ou mode de vie politique ?"
Notes
[1] Selon la note de lecture de Guillaume Malaurie. Je me réjouis d'ailleurs que les critiques émises à Arras par Corinne Lepage se soient limitées au sujet de la démocratie interne. Sur les deux autres points de débat - l'importance à donner à l'écologie, et l'alliance possible avec les écologistes - les points de vue semblent s'être sérieusement rapprochés !
Frédéric, j'adore ton symbole de feu vert ! D'autant que j'y avais déjà pensé mais n'avais pas su le mettre en forme.
En ce moment comme beaucoup, comme toi sans doute, je suis en train de regarder et d'écouter François Bayrou à Arras pour son discours de clôture.
Je sais bien pourquoi il faut le suivre... C'est parce que sa vision est la plus juste. Il ne voit que le bien de tous... L'humanisme ce n'est que ça : mettre en action les outils nécessaires à la fabrication d'une belle société. Une société pluraliste qui nous fait simplement vivre nos différences.
Voté il y a 20 ans, un tel amendement aurait pu avoir un intérêt.
Mais s'agissant des deux sujets majeurs que sont la dette publique et le changement de climat, il est déjà obsolète. En effet, il serait temps d'arrêter de parler des générations futures. Elles sont déjà nées ces générations futures qui auront à en subir les conséquences. C'est nous !
Un consternant aveu d'incompétence...
http://lescriptorium.wordpress.com/...
Que l'on peut interpréter, au mieux, comme une évolution favorable et une touchante preuve de bonne volonté pleine de naïveté, au pire, comme... (je préfère ne pas l'écrire)
@ Françoise Boulanger : je lirai avec intérêt ton CR sur le Canard à l'Orange des Landes !
@ libera ret' : Je comprends fort mal votre argument. Les gaz à effet de serre sont stockés pour des siècles (pour certains d'entre eux) et produiront des effets cumulatifs. En d'autres termes, si vous jugez que nous sommes déjà incommodés par le changement climatique, qu'en sera-t-il de nos petits-enfants ?
@ florent : bravo d'exhumer ce texte qui, certes déjà constitutionnel, était passé un peu inaperçu, de moi en tout cas ("les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins").
Remarquez cependant que la formulation de François Bayrou va au-delà. On passe d'une interdiction de compromettre, à un devoir de protéger.
Pour le coup, la comparaison avec le principe de précaution est bienvenue. Car, contrairement à ce qu'on entend parfois (le principe de précaution serait une interdiction d'agir dans certaines circonstances), ce principe de précaution constitue une *obligation positive* de prendre les mesures disponibles pour prévenir des risques.
Je ne sais pas si en termes juridiques, cela fait une telle différence (demandons à Eolas ou Frédéric Rolin). Mais si des dispositions institutionnelles adéquates sont prises - du genre, création d'une fonction de défenseur des générations futures auprès du Parlement et du gouvernement, à l'image de ce que proposait Nicolas Hulot dans le Pacte écologique - cela pourrait faire une grande différence.
Je suis vraiment très étonné que quasiment personne ne connaissait ce texte, à l'époque je m'intéressais très peu à la politique et n'étais pas encore vraiment dans des réseaux "écolos" et pourtant j'en avais entendu parler et ça m'avait marqué... Ceci dit tout le mérite revient au Scriptorium ^^