Le chan­ge­ment de para­mé­trage de Facebook m’a sur­pris alors que je venais de recom­man­der ce réseau à des “peu-internautes", non-blogueurs qui s'inquiétaient : "C'est dangereux, Facebook … ah ça oui c'est dangereux !".

Le fait que ce soit aussi salvateur ne les aurait pas convaincus - très normalement.

Je leur ai répondu : mais non ce n’est pas si dan­ge­reux, puisque ce que vous publiez ne sera visible que par les “amis” que vous aurez choisis.

Tout change : le nouveau paramétrage par défaut expose bien plus la vie privée[1].

Le para­mé­trage par défaut est un point essen­tiel, car ces peu-internautes — la grande majo­rité — gar­de­ront les para­mètres par défaut. C’est bien joli de savoir bidouiller = mais nous qui savons bidouiller, le para­mé­trage par défaut ne nous concerne même pas, nous n’avons pas plus de rai­son de nous réjouir de l’actuel que du précédent.

Enfin l’argument de certains défenseurs de la décision, “per­sonne n’est forcé d’aller sur face­book”, est de moins en moins juste à mesure que le réseau gran­dit. On n’est pas obligé non plus d’avoir le télé­phone, la télé­vi­sion et une adresse pos­tale. À ceci près que dans un monde où cha­cun de nous n’est point seul, aucun de nous n’est tota­le­ment libre de choi­sir les moyens par lesquels il communique.

Quand un ser­vice de com­mu­ni­ca­tion devient glo­bal, son para­mé­trage n’est plus une ques­tion de choix indi­vi­duel ; il devrait être géré comme un sujet col­lec­tif, de façon démo­cra­tique, avec comme “article 1" le res­pect des droits des per­sonnes, comme “article 2" la liberté de débattre (au lieu du coup de force), et comme “article 3" la volonté de la majorité (au lieu de celle de l'actionnaire).

Point de vue d'abord publié en commentaire chez readwriteweb. Au passage, sur un réseau bien plus modeste et optionnel, la widgetbox modem, la même réflexion me conduit à une conclusion différente.

Notes

[1] Il y a aussi des changements positifs : la notion de "réseau" prévue pour des petits groupes avait été détournée ("réseau France" par exemple) et était devenue problématique justement pour la vie privée.