De votre envoyé spécial à Jouy-en-Josas !

Nicolas de Tavernost, M6 : "en 25 ans, il y a eu une dizaine de décisions structurantes, qui ont fait la société. Mais on ne sait pas à quel moment on y sera confrontés. Notre métier d'équipes dirigeantes, c'est de savoir détecter ces carrefours".

Joli. Mais comment sélectionner des dirigeants qui sauront prendre une décision tous les 30 mois, sur la base de leur façon de gérer les affaires courantes les 29 autres mois ?

Nicolas de Tavernost encore : "Internet n'a pas fait bouger d'un iota la consommation télé, même pour les jeunes".

Etienne Klein, physicien : "Les grands programmes de recherche actuels sont des fers de lance de la modernité, de sa passion de la connaissance, qui persistent dans la post-modernité."

Et[1] : "En 1961, on se représentait facilement l'an 2000, même si on se trompait. Aucun adolescent d'aujourd'hui ne peut se représenter 2050. Les représentations prométhéennes de l'histoire se sont effondrées. C'est une autarcie du présent."

Marc Halévy, philosophe : "Nous sommes en train de vivre les conséquences d'un saut de complexité (déjà passé). Plus un système et complexe, plus l'horizon se raccourcit.'' (…) "L'analogie, c'est la métamorphose de la chenille en papillon : c'est le même animal; mais il passe d'un univers en 2D à un univers en 3D."

Nathalie Kosciuszko-Morizet, ministre : ''Les Français nous écoutent quand on dit des choses intelligentes, je crois."

C'est pas mignon, cette croyance au secours de l'intelligence ?

NKM encore : ''Investir sur le long terme demande un peu de recul par rapport à l'actualité qui vous emmène de ci de là, vous ballade (…). Sur la crise financière, comment trouver la ligne de crête qui envoie des signaux de confiance, car la confiance est nécessaire, et ne pas casser la croissance ?"

Très bien, et l'une de ces deux préoccupations est de long terme — la confiance. Mais elle s'accommode mal des lignes de crête comme des signaux de fumée. Heureusement NKM a ensuite une phrase qui remet du long terme dans la croissance :

"On peut parler de consommation de sa vie comme on parle de consommation de produits."

... et une autre jolie phrase qui donne du champ à la Responsabilité Sociale des Entreprises :

"C'est trop souvent vu par les entreprises comme un emmerdement. Mais les salariés sont en quête de sens." Une entreprise responsable "peut atteindre plusieurs cibles d'une seule flèche."

Bernard van Craeynest, CFE-CGC, sur la crise de la dette : ''Les assignats, les dettes de guerre, à un moment ou un autre, on passe l'éponge. La question est : qui sera spolié ?"

et il enchaîne : "l'équilibre budgétaire, c'est un cap qui peut rassurer."

Voir ci-dessus confiance, croissance, horizon et prévisibilité… à l'opposé, hélas, de la "ligne de crête" trébuchante de nos dirigeants actuels.

Cette post-modernité, cette bifurcation après laquelle le mythe du progrès et la consommation de produits feraient place à "la vie", un des dirigeants présents au moins la rejetait, Yves Maillot, du fonds de gestion Robeco :

"Je m'inscris dans le régime historique avant bifurcation. L'argent moteur du progrès", c'est le principe de notre métier, "en y ajoutant la réactivité, à une époque de communication instantanée."

Bon, plein de choses intéressantes à cette première conférence. La plénière-à-personnalités a été bien plus convenue. Maintenant, l'après-midi !

Notes

[1] citation libre