Lundi 14 décembre, le Conseil Municipal a "donné son feu vert ... à l’implantation de l’école sur le territoire de la ville et la mise à disposition d’un terrain". Un feu vert donné par le Maire et ses partisans, contre les voix de l'UMP, du PCF, et du candidat PS aux législatives 2007, Faouzi Lamdaoui. Le débat avait été mis en 1er point de l'ordre du jour. Il s'est tenu en présence du directeur de l'École alsacienne, et a suscité pas mal de remue-ménage. Voir aussi dans Libération.
L'implantation à Argenteuil d'un lycée privé (sous contrat avec l'État, laïc, et si je comprends bien, associatif) me semble plutôt une bonne nouvelle.
Notre ville de plus de 100000 habitants n'a actuellement, que je sache, aucune classe de lycée privé en filières générales[1], alors que, en proportion de la population, nous devrions avoir environ 10 classes de ce type pour être dans la moyenne nationale.
La question posée est surtout celle du financement, alors que notre commune est surendettée et que les impôts grimpent en flèche.
Le terrain de 2,2 hectares envisagé se situe à proximité immédiate de la gare du Val, côté Sud, et de l'IUT. L'histoire de la tour "Axa/Balzac" qui s'y trouvait, ainsi que l'évolution de la "mini-dalle" proche de l'IUT, montrent que le site est très peu attractif pour les entreprises. En revanche, situé en plein centre commercial et à moins de 15 minutes de train de Paris, ce serait un excellent site pour un programme mixte de logements. Quand nous avons appris que la municipalité élue en 2008 avait un maire-adjoint chargé, pour seule responsabilité, des "éco-quartiers", j'avais imaginé qu'il y avait un grand projet de ce type, type BedZed, pour la friche laissée par la destruction de la tour. Ce n'est apparemment pas le cas. Admettons alors que le terrain ait peu de valeur marchande aujourd'hui. Il devrait en acquérir dans les prochaines décennies, ne serait-ce que dès la création de la ligne SNCF de grande ceinture "tangentielle Nord" qui tangentera le terrain
Il ne serait donc pas raisonnable que ce terrain, excellemment situé à long terme, soit cédé gracieusement par la commune. En revanche, un bail emphytéotique (pour 99 ans) à l'euro symbolique est une solution fréquente pour favoriser une implantation sans but lucratif, et qui contribue aux services rendus aux habitants (dans le domaine associatif, culturel, et même religieux). Il me semble que c'est une formule acceptable.
A condition qu'il s'agisse bien d'un bail et non d'une vente à l'euro symbolique ; sur le long terme, la ville ne devrait pas s'aliéner ce terrain. Le terme de "mise à disposition" utilisé par la Municipalité est trop flou : je préférerais en savoir plus plutôt que de lui faire, en tant que contribuable argenteuillais, un ... chèque en blanc.
"L'implantation à Argenteuil d'un lycée privé (sous contrat avec l'État, laïc, et si je comprends bien, associatif) me semble plutôt une bonne nouvelle." dites-vous...
Et vous êtes bien en cela, comme partisan du MoDem, dans la lignée historique qui a accouchée de Bayrou : toujours prompt à se réjouir du recul de la mission publique d'éducation (ou d'instruction). Il manque de classes dans votre ville ? Adopteriez-vous une posture de contestation (comme vous savez si bien le faire sur certains autres sujets qui tiennent à coeur Bayrou) pour dénoncer le recul de la mission éducative publique ? Mais non ! Mieux vaut saluer l'implantation d'etablissement privés qui réduisent encore plus les maigres chances que des classes publiques supplémentaires soient crées dans l'avenir...
Cela rappelle de tristes épisodes d'un Bayrou cherchant à favoriser l'enseignement privé, d'un Bayrou qui a fait descendre dans la rue les français. Chassez le naturel, avec les héritiers de la Démocratie Chrétienne, il revient au galop : les prémices de remise en question dogmatique de la notion d'enseignement public ne sont jamais très loin !
De plus, outre la question public/privé, le simple fait de votre soutien pour une école semble t-il "élitiste" (au sens du recrutement social) montre probablement bien de quel côté vous vous situez. Les "bling-bling" de l' UMP ne se dissmiluent pas, eux. La "lignée Bayrou", elle, se comporte de façon plus feutrée, plus "jésuitique", plus "en loucedé" : on fustige dans des beaux discours le démantèlement du service public et à la première occasion de façon indirecte, on le loue...
Ah sacrés héritiers du MRP et autres descendants du CDS !
Ah... autre chose... lorsque vous affirmez "sous contrat avec l' Etat", il se pourrait bien que cette affirmation ne soit pas dénuée de quelques intentions légèrement manipulatrices en vous faisant passer pour un défenseur de la mission d' Etat d'Education ! vous savez très bien qu'un "lycée", c'est à dire un établissement préparant à des diplômes d'Etat est obligatoirement sous contrat avec l' Etat. Les établissements à fondements "congrégationnels" (confessionnels si vous préférez) si chers à la lignée politique à laquelle vous appartenez le sont aussi.
Bonjour
j'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de votre réaction concernant le projet de l'implantation de l'Ecole Alsacienne. Vous répondre en quelques lignes fait courir le risque de ne pas être compris... mais je prends ce risque.
Comme vous l'avez compris, notre votre "contre" concernait surtout la façon dont le Maire a présenté le dossier : convoquant une réunion le vendredi soir, refusant au cours de celle-ci de donner la moindre information sur ce projet, refusant toujours le lundi de préciser dans quelle condition le terrain serait "mis a disposition" (ce qui ne veut rien dire). A ma question "sur quoi votons nous exactement ce soir, et merci M. le maire de me répondre sans agressivité " le Maire a répliqué qu'il se calquait sur nous et que nous avions un comportement de voyou... Sur ma demande de scinder en 2 sa délibération (accord de principe d'une part, mise a disposition du terrain de l'autre part), moquerie du maire... Vous comprendrez que le Maire a réuni toutes les conditions pour que nous ne puissions approuver cette délibération. Plutôt que de trouver un consensus, il a préféré une fois encore humilier, diviser, provoquer...
Sur le fond, je ne comprends pas pourquoi certains disent que ce projet nuit à l'enseignement public. De plus que si cette école ne vient pas à Argenteuil, elle ira ailleurs. En résumé, votre prise de position, M. Lefebvre Naqué me convient plutôt bien dans son essence. Le moment venu, je saurai prendre toute mes responsabilités sur ce dossier, à la mairie comme au département (qui n'a, quant à lui, toujours pas évoqué le problème, et ou -si le PC vote contre- il y aura besoin des voix de l'opposition puisque nous sommes a égalité...)
@ tous deux : merci de vos commentaires. Je n'avais pas abordé dans mon billet les raisons des différents "votes contre", qu'on pouvait trouver sur les articles de presse donnés en lien. Mais vous venez, je crois, de les détailler très clairement ! M. Métézeau, en particulier, j'avais bien noté que l'UMP ne s'opposait pas au principe du projet.
@ Jean-Baptiste Baudin : quels que soient les adjectifs dont vous me qualifiez ainsi que mon parti, je confirme volontiers avoir fait partie des 80% de Français qui ont défendu dans les années 80, contre la gauche socialo-communiste au pouvoir (mais avec de nombreux sympathisants et militants de gauche, la preuve, on était 80%), la liberté scolaire en France.
Je ne vois évidemment aucun lien entre l'implantation d'un lycée privé dans (j'imagine) la plus grande ville de France a en être ... privée, et le "démantèlement du service public" que vous semblez y voir. Au contraire, le "contrat" instauré par la loi de 1959, et au titre duquel les enseignants des établissements sous contrat sont rémunérés par l'Etat, fait participer ceux-ci au "service public" de l'éducation... et non à son démantèlement. Je n'invente pas le terme de "service public" : http://www.education.gouv.fr/cid251...
Au passage, M. Baudin, vous écrivez "vous savez très bien qu'un "lycée", c'est à dire un établissement préparant à des diplômes d'Etat est obligatoirement sous contrat avec l' Etat." C'est sans doute jouer sur les mots... il y a en France de nombreux établissements "sans" contrat avec l'Etat préparant au baccalauréat (vous en trouverez quelques-uns sur http://tinyurl.com/y8lakzs ) comme à d'autres diplômes d'Etat. Je précise que ma position aurait été différente pour un tel établissement : je ne vois pas en quoi la Municipalité aurait été légitime à favoriser son implantation. Plus précisément, je pense qu'un tel projet serait à considérer comme tout projet d'implantation d'entreprise.
(Un commentaire qui me semble non conforme à la néthique a été mis en attente et envoyé à son auteur pour reformulation. Tout le monde est bienvenu sur ce blog pour commenter dans un esprit constructif, celui de faire progresser le débat).
(PS : en plus, le commentateur avait utilisé une adresse mail fictive. Là, il passe carrément en "indésirable".)
(PS2 : encore plus fort, l'adresse IP utilisée par ce commentateur a déjà quelques interventions douteuses a son actif : http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_utilisateur:83.206.34.251 ).
Évidemment, nous n'avons pas tout à fait la même compréhension de ce qui va paraître juste ou injuste par rapport à une mission "publique". Dans mon esprit, cette école est une école élitaire dont le coût de scolarité est un moyen de sélection.
Vous pourrez mettre tous les liens officiels que vous voudrez afin de vous appuyer sur une acception technique du terme "public". Il n'empêche qu'il peut paraître injuste que des établissements élitaires qui, par leur fonctionnement, rentrent dans un processus de sélection purement sociale bénéficient d'aide publique. Si leur mission se conforme en effet à une exigence de contenu "normé", cette mission ne s'applique pas "au public" (!) mais "à un public bien ciblé". L'argent étant évidemment le nerf de la guerre, il va de soi que cet établissement présente un coût que les citoyens financent par d'une façon ou d'une autre par la contribution fiscale.
Cela ne me semble pas conforme à l'idéal républicain. Il y a trop de villes (et certainement très proches de votre commune) où les établissements public sont dans des états d'indigence scandaleux tant du point de vue matériel qu'en ressources humaines ! Or, dans ces établissements, des jeunes de tous milieux sociaux sont accueillis. Une partie du coût financier que l' Etat va supporter vis-à-vis de cet établissement élitaire serait mieux placé, à mon avis, dans une mission purement publique d'éducation ou pourquoi pas dans le cadre d'un établissement privé lus ouvert à toutes les catégories sociales.
Nous ne sommes pas là dans des questions techniques. Nous sommes face à des question qui font appel à notre sens moral et philosophique. Le point de vue philosophique que votre réaction à l'égard de cette implantation (que vous qualifiez de "bonne nouvelle") sans placer celle dans une perspective plus globale qui viserait à réfléchir à l'utilisation de richesses publiques en aide à des initiatives socio-élitaires est peut être un manque de recul de votre part.
La maladresse du Gouvernement Mauroy a bien sûr soulevé des réactions justifiées. C'était en 84, je crois ? C'est bien d'avoir défendu avec 80% des français, comme vous le dites, la liberté de l'enseignement.
En 1993, quand Bayrou a voulu réformer les lois Falloux (réformes qui pouvaient donner lieu à une dérive terrible du système éducatif français et si on le rapporte à la situation sujet de notre débat en ce moment fait un peu froid dans le dos...), réformes qui ont suscité un "rappel à la Loi" par le Conseil Constitutionnel (qui qualifiait le texte de Bayrou comme «contrevenant au principe de la laïcité de la République ») qu'avez vous fait ?
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Ce n'est pas pour rien que j'ai évoqué dans ma précédente intervention cet épisode, évocation à laquelle vous m'opposez la dérive de la gauche en 84, comme pour les associer à mes propos qui en deviendraient alors sectaires ! mes propos ne rentraient en rien dans la catégorie propos de lutte sur la guerre des écoles !
Ces derniers ne tendaient qu'à faire pressentir l'impression qe e donne votre position : une posture caractéristique d'une famille politique qui a toujours eu à cœur la promotion de l'enseignement privé - jusqu'au dogme, parfois. Posture qui est de plein droit mais qui a de grandes chances de caractériser clairement un positionnement quant aux prétendues valeurs sociales que l'on défend - et le cas qui nous préoccupe ici me semble emblématique.
@ Jean Baptiste Baudin : merci pour ce 2ème commentaire (dont vous me permettrez de trouver le ton plus constructif que le 1er !) et qui me permet de préciser les choses.
Si je vous comprends bien, vous êtes en faveur de la liberté scolaire et l'implantation, aidée par la commune, d'un lycée privé sous contrat ne vous choquerait pas.
Votre critique porte sur l'aspect "élitaire" de l'Ecole alsacienne - terme que vous répétez à de nombreuses reprises.
De mon point de vue c'est une excellente question. Je n'avais jamais entendu parler de cette école avant ce projet, mais il semble bien qu'à Paris elle soit considérée comme recrutant dans la grande bourgeoisie.
Seulement, leur projet d'implantation à Argenteuil serait de nature différente, selon ce qui est dit dans Libération : "une initiative placée sous le signe de la diversité et de la mixité sociale ..." pour lutter contre "la «ségrégation scolaire» qui, dit (le directeur de l'école), s’accroît au sein de la société française."
Je suis, comme vous certainement, très intéressé pour voir si ces belles intentions se concrétiseront dans le projet de cet établissement, les conditions de recrutement, la tarification selon les revenus des parents, etc.
Disons que cela me semble tout à fait imaginable. Le simple fait de s'installer au Val d'Argent dissuaderait déjà, au moins dans les prochaines années, beaucoup de candidatures pariso-neuilléennes !
Le mot "élite" est ambigu : s'agit-il d'attirer la classe sociale au pouvoir ? les élèves les plus méritants ? ou de mobiliser les meilleures méthodes pédagogiques ? Le terme (utilisé par la rédaction en chef de Libération pour titrer leur article) me déplaît de toute façon. Qu'il s'agisse de l'Ecole Alsacienne ... ou de Louis-le-Grand.