Voilà une réforme assez simple, au moins dans son principe.
Elle est de bon sens : aucune raison, avec 60 millions de Français, que nous restions le 2ème pays à dépenser le plus pour ses médicaments. Et s'ils coûtaient deux fois moins cher, s'ils étaient prescrits de façon plus judicieuse, nous serions en meilleure santé. Pour moins cher, donc.
Cette réforme bénéficierait énormément aux comptes publics : au moins 10 milliards d'économisés par an, peut-être 15 ou 20, c'est un plus grand bénéfice que toutes les réorganisations possibles des services publics, que tous les "non-remplacements d'un fonctionnaire sur deux", et cela épargnerait de douloureuses coupes aux dépens des retraités ou des familles.
Tiens ! Si, au lieu de faire payer la crise à la masse des citoyens en commençant par les classes populaires et classes moyennes, on la faisait payer à ceux qui l'ont provoquée, en détournant sous forme de capital improductif, des masses énormes de richesses qui auraient pu être investies dans l'économie réelle ?
L'eurodéputée Michèle Rivasi le dit très clairement — je l'entendais hier sur France Info — et l'écrit noir sur blanc.
BRAVO !
Voyons que ce fera la gauche qui (comme nul ne l'ignore…) semble au pouvoir.
Les lectrices et lecteurs de ce blog auront eu ces dernières années, je l'espère, les principaux éléments d'appréciation :
- "Là, on est d'accord" sur "10 milliards" d'économies publiques (avril 2013)
- Régler le déficit de l'Assurance Maladie en un clic (septembre 2012)
- François Bayrou enfonce le clou (mars 2012)
- Déremboursement : encore un cadeau aux labos ? (septembre 2011)
- Les finances de la France, ce n'est pas comme ailleurs (août 2011)
- Pour 30 euros t'as qu'une polémique (septembre 2010)
- 14,6 COMPRIMÉS PAR BOÎTE DE MÉDICAMENTS ? Est-ce le remède aux maux de la Sécu ? (janvier 2005)
- DUCHÉS DU MÉDICAMENT (Décembre 2004)
- LA GESTION DE LA SANTÉ, EST-CE VRAIMENT COMPLIQUÉ ? (avril 2004)
100 % pour, évidemment, grâce à tes lumières. Il ne manque qu'un petit effort des journalistes pour mettre ce sujet à la Une. Enfin, pour ça il faut être indépendant.
Peux-tu aussi nous éclairer sur les dommages collatéraux possibles, à court terme (comme plans sociaux chez les labos...) ?
@ZigHug : Monsieur est bien bon !
L'emploi est un vrai sujet, quand on colmate les fuites d'un système de financement.
Comme toute rente sans production, les sur-marges des labos ont 1) été "évadées" par diverses canaux, 2) rémunéré le capital plutôt que le travail, 3) tout de même généré un certain nombre d'emplois dont beaucoup improductifs ou contre-productifs. Mais les personnes qui occupent ces emplois ne sont pas à l'origine de ce problème ; et a priori, elles ont fait de leur mieux dans les circonstances, souvent difficiles et stressantes, où elles étaient placées. Donc, il faut prévoir leur reclassement, voire une évolution de leur poste pour qu'il serve l'intérêt général, quitte à recourir à un financement public — il y aura les moyens pour ! Cf. la discussion en commentaires de http://martinhirsch.blogs.nouvelobs...
Mais sur le fond, attention : le raisonnement "cet argent paye des gens donc on ne peut rien changer" est le plus dangereux qui soit. Pour que la France s'en sorte, elle a besoin que les Français fassent le travail le plus utile possible, celui qui dégage le plus de valeur ajoutée : c'est la définition même de la "croissance". Affecter des subventions pour maintenir des salaires (des emplois) indépendamment de l'utilité de ceux-ci, c'est couler le pays ; en fait, c'est la cause exacte de l'effondrement du bloc soviétique.
Bien sûr, il est important de retrouver le plein emploi, et pour cela, il faut s'arranger pour que la rémunération de certains travailleurs soit supérieure à ce que le marché mondial du travail paierait pour les mêmes emplois ou les mêmes compétences (travailleurs peu qualifiés, en difficulté psychologique ou sociale…). Mais le cas du secteur pharma n'a rien à voir. Comme la "finance de marché", il a capté les meilleures compétences pour une utilité sociale très minime, simplement parce que l'Etat a grand ouvert les robinets de financement, au détriment aussi bien de l'économie de marché que du service public ou des budgets sociaux.
Toujours d'accord pour agir malgré les risques de grogne sociale. En fait, je cherche aussi les raisons qui, en plus de priver un certain nombre de personnes discrètes de quelques revenus subsidiaires, pourrait expliquer l'inaction du gouvernement, lequel a le pouvoir à 100% de changer une telle absurdité.