Le toujours excellent EdgarEP publie, sur son blog noniste-abstentionniste, un billet titré "Souverainisme ou tyrannie".
"J'aimerais démontrer", commence-t-il, "qu'un démocrate est forcément souverainiste," et là-dessus je suis assez d'accord.
"Que revendiquent au fond les défenseurs d'une Europe unie ? Un souverainisme des 27, rien de moins, rien de plus. Ils souhaitent que l'Union forme un corps politique souverain, compétent pour décider d'une politique monétaire, militaire, policière, douanière, pénale... Ils n'ont généralement pas le courage de l'avouer, et vous présentent chaque nouvelle réforme comme une petite paille qui aura vite fait de plier sous le poids des affreuses souverainetés nationales. Sauf que, de fil en aiguille, l'Union dispose de la plupart des compétences d'un état souverain (certes, non démocratique ...)"
"Voilà pourquoi l'appellation de souverainisme ne devrait effrayer personne : il faut un corps souverain pour bâtir une démocratie, même si ce n'est pas suffisant."
... Mon opinion, mon souhait sont à l'exact opposé de ce que le billet d'Edgar me prête ... puisque je suis partisan d'une Europe unie, dans une planète unie, comme je suis partisan d'Argenteuil unie et d'une France unie. Partisan de l'unité (dans la diversité) à tous les niveaux où se décide notre destin collectif.
Je ne crois pas, bien au contraire, que la démocratie demande une souveraineté exclusive d'autres souverainetés ; elle demande simplement une capacité de décision collective et de débat organisé, dans des conditions reconnues par la grande majorité (idée de Constitution). Ainsi un village, une association... peuvent être démocratiques.
Je souhaite que l'Europe soit une démocratie. Avec l'espace de débat qu'est le Parlement, élu le même jour par les citoyens d'Europe, elle est un peu plus une démocratie qu'avant 1979. Il reste encore énormément à faire. Le projet de Constitution aurait fait un peu progresser la démocratie en Europe - un peu[1]. Il y a bien des conditions autres qu'institutionnelles : les voyages (jumelages, Erasmus), la maîtrise croissante d'une langue de communication (l'anglais globish), la facilité des échanges économiques (euro) font progresser la démocratie européenne, par rapport, une fois de plus, à ce que c'était dans mon jeune temps, avant 1979 par exemple, époque où l'Allemagne ou l'Italie étaient l'Étranger.
Qu'est-ce que la souveraineté ? Si on reprend, avec Edgar, le terme québecois, cela signifie : droit d'une collectivité (celle réputée souveraine) à décider de son organisation politique ; par exemple, à faire partie ou non du Canada.
Une collectivité non souveraine dans un ensemble souverain plus grand n'a pas le droit de faire sécession (Cf. guerres civiles des États-Unis, du Nigeria etc.) ; une collectivité supra-souveraine ne peut modifier son organisation politique qu'avec l'accord de tous ses membres (Cf. Nations Unies, Union Européenne), et ceux-ci ont le droit de la quitter.
Si mon souvenir est bon, le TCE introduisait une procédure de sortie de l'Union pour l'État membre qui souhaite la quitter (procédure non prévue par les traités de Rome,... Maastricht, Amsterdam, Nice). Il confirmait ainsi que la souveraineté appartient aux seuls États.
Ce choix me semble le meilleur, car un État (en tout cas la France) associe la capacité culturelle et de communication à débattre de son organisation politique et de grands choix, et la capacité militaire à se défendre contre les agressions d'États tiers.
En un mot je suis partisan d'une Europe unie, plus démocratique qu'aujourd'hui, mais certainement pas plus souveraine !
"Le thème de la campagne, c’est imposer les changements nécessaires pour que de nouveau, les Français, les autres Européens croient, aiment, soutiennent, adhérent à l’idéal européen. L’Europe que font les puissants mérite d’être réinventée par ceux qui y croient le plus. Nous sommes la seule formation politique à pouvoir avoir ce genre de réflexion..." François Bayrou, le 6 décembre dernier.
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