Alors, peut-on relever le nombre d'élèves par classe, comme l'annonce franchement le Ministre ?

Plusieurs commentateurs ressortent l'étude de 2006, déjà souvent citée, de Piketty et Valdenaire. Ainsi Jean-Louis Bianco : "une réduction de la taille des classes dans les établissements défavorisés aurait un effet (positif) sensible sur les résultats scolaires. Étude largement occultée par le ministère de l’Éducation ! Tous ses résultats ont pourtant été validés par la direction de l’évaluation et de la prospective..."

Mais pour Jean-Pierre Boisivon en 2006, "le Haut Conseil de l'Evaluation de l'Ecole a recensé plus d'une centaine d'études qui concluaient en sens inverse… ou concluaient à l'impossibilité de conclure ! … La France a consacré l'essentiel de l'accroissement des moyens qu'elle a accordé à l'éducation depuis trente ans pour agir sur deux variables, le traitement des enseignants et la taille des classes, qui ont comme caractéristique commune de n'avoir que peu ou pas d'influence sur la performance du système."

Il y a effectivement bien plus d'une étude sur le sujet !

Et c'est nécessaire. Je crains que les résultats trouvés par Piketty et Valdenaire ne puissent être affectées par un biais temporel. Si j'ai bien compris, il s'agit de mesures "avant-après" un changement de taille, lequel peut avoir un effet stimulant (en cas de division des classes) ou décourageant (en cas de fusion) sur le comportement des enseignants et de l'ensemble des élèves. Chaque étude a sa méthodologie : il faut en croiser plusieurs pour s'assurer des conclusions.

Cela avait été fait, entre autres par matthieu sur le blog ecopublix, réagissant au discours de rentrée de 2007, où le Ministre de l’Éducation Nationale Xavier Darcos déclarait : "La réduction du nombre d’élèves par classe ... est sans effet sur les résultats ... Moins nombreux, mieux encadrés, les élèves ... devraient ... renouer avec la réussite scolaire."

Ecopublix constatait bien que les recherches sur le sujet sont contradictoires, mais estimait que les plus récentes - dont celle de Piketty-Valdenaire - permettent deux conclusions : "La taille des classes a un impact important sur les jeunes élèves, ... particulièrement fort en début de primaire. ... Cet effet (est) plus réduit ... au collège et tend à disparaître au lycée. ... Les enfants des milieux les plus modestes sont ceux dont les résultats sont les plus sensibles à la taille des classes."

Cela signifierait :

  1. Des classes plus grandes au collège, d'accord ! Mais à condition de rétablir et même d'augmenter, par rapport à avant 2002, les effectifs de surveillants et d'encadrement des élèves ! Car pour "tenir" une classe de 30, il faut pouvoir faire régner la discipline et une ambiance de travail.
  2. Investir en réduisant, par rapport à la situation actuelle, la taille des classes en début de primaire, CP-CE1. (Et par ailleurs, détecter très vite et remédier très vite en cas de difficultés, et pour cela rétablir et même augmenter les postes "REP", "E" et autres spécialistes en appui aux enseignants).
  3. Garantir des tailles de classes fortement réduites en quartiers pauvres ou difficiles.

C'est vrai qu'on pouvait être 40 par classe quand j'étais au collège. Mais les enfants de "milieux prétentieux" y étaient sans doute majoritaires. Et il y avait un "surveillant général" par niveau (4 pour le collège).