L'AFNOR a produit une nouvelle norme sur la façon dont sont publiés les avis sur internet.
L'objectif affiché est de lutter contre les faux avis, vraiment publiés par de faux consommateurs à la solde des marques.
Voici ce que je lis, sur cette norme, sur latribune.fr.
Pour chaque avis posté, l'émetteur devra fournir au minimum deux moyens d'identification que ce soit une adresse mail, des coordonnées postales ou bien un numéro de téléphone, afin de pouvoir être recontacté.
- OK, très bien. Mais ça ne doit pas gêner les auteurs de faux avis : qui a jamais essayé de les recontacter, de toute façon ?
Des preuves matérielles de consommation (ticket de caisse par exemple) pourront également lui être demandées, mais cela ne sera pas obligatoire
- Euh… on peut donner aussi son avis sur un produit qu'on n'a pas acheté soi-même, non ? De toute façon, s'il faut, pour poster un avis, un système de scan ou un double envoi "téléphone portable + site", les seuls qui persévéreront seront les professionnels. Des faux avis.
L'interdiction d'acheter des faux avis sera écrite noir sur blanc.
- Voilà qui va sûrement décourager les malfrats. Si on écrivait sur les maisons "interdit de cambrioler", vous croyez que ça ferait un effet ?
Chaque avis posté en ligne devra faire l'objet d'une vérification. Cette dernière devra notamment être en mesure de prouver que 95% des avis présents sur un site sont exacts.
- J'aimerais connaître la technologie qui pourra, suffisamment bon marché, prouver que 95% des avis sont exacts.
Les avis seront par défaut présentés par ordre chronologique, afin de lutter contre la tentation de certains sites de mettre en avant uniquement les avis positifs, même si ceux-ci datent d'il y a des années.
- Pourquoi pas. Mais quand les intervenants se répondent les uns aux autres, c'est l'ordre "du plus ancien au plus récent" qui reste le plus adapté.
L'ensemble des critères de notation devront également être mentionnés, notamment en cas de mise en place d'une note globale émanant de plusieurs notes sur des domaines plus ou moins pertinents.
- Voilà une solution qui cherche son problème. Vous avez déjà vu des auteurs de "faux avis" hésiter à noter domaine par domaine ?
Un site ne pourra plus retoucher les avis, qui seront donc tous affichés dans leur intégralité, sauf en cas de propos injurieux, une fois l'émetteur tenu informé.
- Par définition, le faux avis est rarement celui que le site marchand serait tenté de retoucher !
Et lisons maintenant ce qui ne figure dans aucune de ces 7 normes : un système de repérage rapide des avis suspects, accessible à la Police, permettant à celle-ci de repérer et arrêter rapidement les malfrats. Et hop, 2 ans de prison (bon, au pire).
À mon humble avis, en trois semaines ce serait réglé, plus aucune marque n'oserait prendre le risque de faire poster de faux avis.
Mais non… mon homonyme, la profession, les sites marchands et autres génies de l'internet, ont préféré bâtir une montagne de paperasserie (numérique…) qui parviendra sans doute à dissuader la discussion entre internautes honnêtes… tout en donnant aux malfaisants un prétexte pour augmenter légèrement les tarifs de leurs prestations.
Tout changer pour que rien ne change[1].
On veut développer internet tout en en déplorant la liberté de ton. On met en avant quelques excès, ou les commentaires de fous pour expliquer qu'il faut tout mettre sous contrôle. La grande déception est qu'internet, le numérique soit moins marchand que prévu, qu'il puisse s'y glisser une sorte de "communisme de l'information". Le néo-libéralisme a besoin d'une bureaucratie considérable pour exister, cette mise en place de normes y participe. On peut se demander effectivement si elle ne vise pas à éliminer les avis qui ne seraient pas favorables, en leur demandant des justificatifs, et l'on sent percer derrière tout cela la menace d'une action éventuelle en justice contre les "mauvais commentateurs". On conseille aux firmes de connaître leur image sur internet pour pouvoir la gérer, là, on va plus loin, elles pourront la corriger.