Jean-François Kahn a posé sur le centre trois questions ou affirmations :

  • "1- à quoi" (à quelle alliance, en fait) "aspirent et que veulent les adhérents et sympathisants du MoDem ?" ;
  • "2- Y a-t-il, en France, des électeurs potentiels qui ... se sentent de droite dans certains domaines et de gauche dans d’autres ?" ... " L’existence d’un centre indépendant (est) une exigence démocratique" ;
  • "3- S’ancrer au milieu ? Au milieu de quoi, puisqu’il n’existe qu’un seul modèle." Il faut "non pas s’asseoir entre deux erreurs, mais s’en libérer".

Son billet a attiré d'autant plus d'attention que François Bayrou y a répondu (commentaire 104, reproduit par Marianne2).

Adhérent MoDem, donc sollicité dès la première question, voici mes réponses aux 3 points ;-)

1) Ce n'est pas mon opinion de simple adhérent du MoDem qui doit compter le plus, car nous ne sommes pas plus de 60000 (et sans doute bien moins maintenant). Il y a 45 millions d'électeurs.

En tant qu'électeur, ce qui compte pour moi, c'est que le MoDem se batte de son mieux pour que son projet politique se réalise - et qu'ainsi la France sorte durablement de la crise. Quels que soient les alliés, les personnes, les tactiques pour y arriver. Depuis 2001, l'UDF puis le MoDem promeuvent un projet précis, révolutionnaire, constant (et non plus les candidats et les projets d'autres partis). Le problème de la France, c'est que ce projet ne se réalise pas.

2) Quid des "centristes" qui se reconnaissent comme tels (à mi-chemin entre droite et gauche, prêts à reconnaître de la valeur dans les deux camps, "libéraux sociaux européens", etc.) ? Ces "centristes" me sont sympathiques par leur autonomie de pensée, au regard du moutonnisme de droite et du panurgisme de gauche. Si bien que, sur les propositions politiques concrètes, nous sommes généralement d'accord avec eux à 80 ou 90% - même si par exemple, ils confondent la taxe Tobin avec une lubie d'altermondialiste écolo ; ou que peu d'entre eux se sont alarmés de l'inflation délirante des dépenses des collectivités locales.

Le principal problème de ces centristes-là est que, voulant faire carrière en politique (ce qui est honorable) et étant rejetés par la gauche, ils sont de facto supplétifs de la droite, donc inaudibles et inefficaces. Je n'aurais donc pas adhéré à cette UDF d'avant 2002. Même si j'étais, sur le fond des propositions, d'accord avec elle.

3) Bien sûr qu'il faut une alternative innovante et un nouveau modèle. Bien sûr que la faillite actuelle est la responsabilité conjointe de la gauche et de la droite françaises. Mais dire cela est un travail d'intellectuel, ou de blogueur. Tant qu'on n'apparaît pas en mesure de prendre et assumer le pouvoir d'Etat, alternatives et modèle ne sont pas de la politique, et sont considérés par les médias et l'opinion comme des "postures" à vocation tactique... (Un appel à la taxe Tobin est considéré comme un clin d'oeil aux alters, voter une loi contre les déficits structurels est considérée comme un ralliement à la droite, etc. - et l'alternative n'avance pas).

L'alternative démocrate, ou centriste révolutionnaire, quel que soit son nom, n'existera qu'en rassemblant des millions de personnes, et parmi eux de très nombreux détenteurs de pouvoir médiatique, économique, social, culturel, constituant une coalition crédible - "change we can believe in".