Je tarde depuis des semaines à écrire un billet là-dessus. Il le faudrait fort long pour parler à tous : ceux qui trouvent incontestable et fondatrice la lutte des travailleurs du fer contre l'ultralibéralisme qui les prend pour boucs émissaires ; ceux qui respirent de voir enfin les pouvoirs publics s'attaquer aux privilèges, aussi ruineux qu'injustifiés, de la caste cheminote.

Je pourrais au passage sourire des "services minimum" qui avaient été établis et réétablis, et de la grandiloquence sur "l'entreprise SNCF" : sa nature de service public, en monopole naturel, actionnable par ses seuls salariés, saute aux yeux dès la première grève.

Alors j'irai juste au fait. C'est nous, citoyens, contribuables, qui sommes les décideurs concernant les transports publics, et les employeurs des cheminots.

La seule question qu'il nous soit utile de résoudre est : comment obtenir le meilleur service ? Le réseau le plus fiable, les trains les plus réguliers, le moins d'accidents, le tout, le moins cher possible ?

2-3 trucs qui s'appliquent sans doute bien à la SNCF, que je repique d'un article co-écrit en 2010 au sujet des entreprises (tout de même !) :


L’actif essentiel de très nombreuses entreprises est un « capital humain collectif ». Ce qui permet de produire efficacement, d’innover, de vendre, de s’adapter aux changements, c’est la vitalité du corps social qu’est l’entreprise ; sa capacité à mettre la bonne personne à la bonne place ; l’entente entre dirigeants, cadres, salariés ; la bonne communication avec les partenaires extérieurs, clients et fournisseurs ; la reconnaissance de l’entreprise et de sa marque par le public.

L’entreprise se mettrait en danger si elle prétendait traiter séparément sa dimension économique (qui serait mondialisée, offensive, sa vraie dimension au fond) de sa dimension sociale (qui serait à l’échelle nationale, défensive, presque une question de forme).

L’entreprise créative – de commerce, de service client, de R&D... — a besoin d’un engagement solidaire (…) sur le contenu (du) travail. Lequel engagement solidaire suppose :

  • de partager un objectif commun ;
  • de s'être entendus, par la négociation, sur la façon d'atteindre cet objectif, donc sur le travail lui-même (systèmes d’information, organisation, rémunérations, statut).

Si chacun est convaincu que l’autre veut lui aussi la prospérité de l’entreprise à long terme, on peut discuter ensemble de la façon d’y parvenir. Et déjà cette négociation vivante, entre personnes aux intérêts différents, créera ou renforcera le « capital humain collectif » de l’entreprise.

L’entreprise française a besoin, pour réussir durablement, que la communauté humaine y soit reconnue comme un actif, et un actif précieux.

Cela se dit en mots, cela se concrétise en organisation, en outils et méthodes de management. Les mots des dirigeants seront entendus et repris s’ils consistent, non pas en « communication sur » ce que fait l’entreprise au plan macro, mais en engagements concernant (chacun) à sa propre échelle de travail.

Trouver les mots sur lesquels on s’accordera, les mots qui raconteront une histoire d’avenir commun, c’est l’objet même du dialogue, de la négociation à ouvrir dans l’entreprise mondialisée.


Et plus spécifiquement sur les défis ou l'histoire d'avenir de la SNCF, cette note, un peu jargonneuse malheureusement, sur mon site professionnel (non commentable là-bas, désolé !).

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extrait de retours de google images sur la requête 'cheminots statut usagers'