Quelque agitation ces temps-ci sur des sujets rigolos :
- un "projet du PS" consistant en quelques intentions dérisoires face aux enjeux ;
- une querelle de calendrier chez Europe-Ecologie-les-Verts, sur fond de concurrence entre des candidats… dont aucun ne se présente comme un chef de l'Etat possible ;
- une pléiade de matamores au "centre-droit" qui font du vent avec emphase, et le vent les emportera…
Il faudrait leur dire que la présidentielle, c'est sérieux. C'est là que nous déciderons à qui nous confions le pays pour 5 ans.
Evidemment, le pouvoir en France n'appartient pas vraiment au Président, mais au gouvernement, les cohabitations l'ont prouvé. Evidemment, un gouvernement peut être de coalition, et plusieurs partis peuvent avoir une influence sérieuse sur ses orientations, pour peu qu'aucun parti n'ait la majorité absolue à l'Assemblée. J'espère que ce sera le cas, pour éviter les désastres de 1981-86 et 2002-2011.
Etre élu Président est un coup sur la tête qui fait perdre la raison à beaucoup. Seule une majorité plurielle (autre coup sur la tête) peut rendre la raison au gouvernant.
Mais la campagne qui s'ouvre est d'abord, les dates sont faites comme ça, une campagne présidentielle.
Pendant un an, nous allons choisir notre futur chef de l'Etat.
Une campagne qui ferait l'impasse sur "qui sera le futur chef de l'Etat", une campagne pour un "positionnement", une "contribution", un "projet" centriste, écologiste, socialiste, ou je ne sais quoi, c'est du pipeau. De l'abstraction. Qui tombera avant que ne tombent les feuilles.
"Seule une majorité plurielle (autre coup sur la tête) peut rendre la raison au gouvernant."
Entièrement d'accord avec toi (à moins que ce soit plutôt toi qui serais d'accord avec moi... qui l'ai déjà écrit depuis longtemps) !
François Bayrou, le 19 mars dernier dans France Soir :
« Je pense que l’UMP et le PS ont chacun leur part de responsabilité dans la situation du pays. Tous les deux disent, jusqu’au ridicule : "C’est la faute des autres !". Si l’on est à gauche, on pense que la droite est l’ennemie ; si l’on est à droite, on déteste la gauche. Et moi je pense que l’ennemi, c’est cette haine-là, qu’elle est ridicule, qu’elle n’est plus de saison. La gauche, la droite, le centre ont chacun leur identité, leur légitimité. Mais qu’est-ce qui interdit que des responsables issus de ces sensibilités différentes, qui se respectent, et qui s’accordent, travaillent un jour ensemble ? Quand je regarde le Japon, le nucléaire, le chômage, la Libye, la dette, l’éducation, tous les grands sujets dépassent le conflit droite-gauche. Et je sais que pour trouver les réponses, il faudra des majorités larges, associer des gens responsables et généreux et pas donner le pouvoir à un seul parti. Ce jour-là, le pays connaîtra la véritable rupture qu’il attend ! Le vrai changement, profond, honnête, sans le risque des extrêmes. »
C'est évident qu'un gouvernement pluriel saura représenter tous les français. Encore faut-il proposer aux français un futur gouvernement qui leur inspire confiance AVANT le vote, pas une personne seule, toute l'équipe !
Ceux qui ne raisonnent qu'au travers de leur Parti n'ont qu'une pensée unique et sont donc bêtement en dehors de la vraie société.
Puisque la France a génialement inventé la laïcité religieuse, elle est capable de démontrer que l'on peut faire aussi de la laïcité politique.
Je suis personnellement en pleine phase avec ce billet. On a toujours considéré sous la Vème République que l'élection présidentielle était une rencontre entre un homme (ou une femme bien évidemment) et un peuple. C'est je crois encore plus vrai aujourd'hui depuis la mise en place du quinquennat et quelque part la "subordination" des législatives à la présidentielle.
Si on est UMP ou PS, alors on pourra se débrouiller tout seul (sous-entendu, dans la foulée des présidentielles, on obtiendra la majorité à l'Assemblée Nationale).
Maintenant, si on est "petit", mais que quand même on obtient la confiance des Français lors des présidentielles, que fait-on un mois plus tard? On essaye de rassembler. A priori, ce ne doit pas être chose bien difficile quand on vient de se faire élire président: pas besoin je crois d'aller passer une annonce sur Pôle Emploi "recherche ministre de l'agriculture, etc..."
Les nombreuses candidatures spontanées doivent largement suffire. Bien sûr, la question qui se poserait serait celle de la cohésion d'un tel gouvernement, presqu'un gouvernement de mercenaires pourrait-on dire.
Ce qui signifie qu'une pré-sélection doit être faite. Pour qu'une équipe tourne, elle doit non seulement être sur le fond en phase avec son chef (point n'est pour autant question de lécher les babouches du chef, exercice qu'on a trop vu ces derniers temps), mais il faut aussi que chaque membre de l'équipe soit au minimum compatible de celui qui exerce dans un domaine apparemment complètement aux antipodes. Car tôt ou tard il pourrait y avoir discutailles, suivies éventuellement d'un conflit ouvert...
D'où la notion de savoir coopérer. On peut avoir des opinions politiques différentes sur le fond, mais aussi se retrouver autour d' idées communes.
Je pense également (tout comme toi je crois) que le futur (ou la future) Président de la République, sera d'une part celui ou celle qui aura personnellement réussi à tisser un lien particulier avec nos concitoyens, mais aussi - dans un simple but d'efficience -, celui ou celle qui sans autoritarisme forcené sera à même de réunir et de manager une équipe de ministres ayant des sensibilités diverses. C'est difficile, mais c'est faisable.
Bonjour Françoise et JF ; en fait, s'agissant d'un candidat responsable, qui prend des engagements crédibles, etc., conformément à la tradition de la maison, le problème ne devrait pas se poser. L'intérêt de l'opinion devrait être rapidement suivi, pendant la campagne présidentielle elle-même, par l'intérêt de personnes compétentes, informées, influentes, etc., capables de gouverner et de remobiliser le service public dans les différents domaines.
En pratique c'est vrai que les politiques en place réagissent avec un temps de retard, comme l'a montré la campagne Obama : parce que soutenir un candidat inattendu les met en risque. Je compte donc plutôt, dans un premier temps, sur "la société civile". Et sur la mise à la retraite d'une bonne partie de notre classe politique, notoirement encroûtée et conservatrice par rapport aux autres pays d'Europe et d'une grande partie du monde démocratique. A situation de crise, génération nouvelle. Pour bénéficier à la fois d'idées nouvelles, et d'une plus grande envie d'avancer : il faut à la tête de l'Etat des gens qui aient les mains libres par rapport aux multiples groupes d'intérêts qui nous ont plombé depuis 30 ans, par rapport aux multiples réseaux qui se tiennent par la barbichette.
Et il ne manque pas de gens capables et énergiques, dans les entreprises, les associations, la nouvelle économie, le sport et la culture, etc. : la seule difficulté, ce serait qu'ils se mettent à croire que ça vaut la peine de s'engager pour l'intérêt public, pour l'intérêt national, au lieu de le laisser dépérir entre les mains des socialistes et sarkozystes. Au lieu d'ouvrir ce boulevard au FN. Cette irruption de la société dans la politique se produit, épisodiquement, dans la vie politique française. La dernière fois, c'était juin 1968, ça fait vieux !