J'entends ce matin, sur BFM TV, M. Jérôme Lavrilleux, récompensé de ses tours de magie comptables par un siège de député européen ce dimanche, raconter des bêtises plus grosses que lui :

"Il est impossible de faire une campagne présidentielle avec 22 millions d'euros. Tout le monde use d'expédients".

Tout le monde ? Vous peut-être, Messieurs de l'UMP. Fraude massive, les chiffres que vous révélez le montrent. Mais n'en accusez pas les autres.

J'ai assez bien connu une campagne présidentielle sérieuse, celle de François Bayrou en 2007 ; 19% des voix, ça doit faire partie de "tout le monde", non ?

Et je suis certain qu'aucun euro de dépenses de campagne n'a été masqué sous forme "d'expédients" du genre de ceux conclus par l'UMP avec Bygmalion.

Et c'est très facile à prouver !

Car un parti a tout intérêt, en réalité, à déclarer ses dépenses de campagne : elles sont remboursées par l'État, à concurrence de 50% à l'époque ! au titre du financement de la vie politique. Or — je n'ai plus le budget sous la main, mais de mémoire, il est public sur le site du Conseil constitutionnel — nous n'avons pas atteint le montant maximum autorisé. Pourquoi aurions-nous planqué des dépenses ailleurs ?

Il est donc possible, contrairement à ce que déclare M. Lavrilleux, de faire une campagne présidentielle en respectant le plafond légal, et de ne pas transférer ces dépenses sous forme de fausses factures.

À ceci près qu'en faisant ainsi, vous accordez un avantage électoral aux anti-démocrates, aux cyniques et aux fraudeurs qui pourront se permettre d'organiser des meetings plus clinquants que les vôtres et de donner ainsi, à la télévision, l'image de gagneurs qui peut-être les transformera le jour J en gagnants.

Cette perversion de l'élection démocratique par l'argent sale, les médias et la Justice en viendront-ils un jour à bout ? Disons que je doute.

Il me reste à ajouter un paragraphe sur MM. Millot et de Carolis. Suite au prochain numéro !