Merci à vous aussi pour cette course de Pékin.
Je crois me souvenir l'avoir suivie à la radio. Avoir eu le masque en entendant un instant de silence des commentateurs, aux 300 mètres, là où ils auraient voulu pouvoir dire "Mehdi Baala riposte et remonte tout le peloton !".
Je crois me souvenir m'être dit
"... hélas, encore la différence entre un super-athlète et un champion du monde. La rage qui fait que, quand tu n'en peux plus, tu en remets quand même une louche pour écraser tout le monde ..."
Il lui avait fallu trois ou quatre secondes de trop pour riposter. Et pourtant il s'était arraché, de folie. "Sorti les tripes", dira-t-il. "Pour l'honneur", dira son entraîneur. Il double bel et bien tout le monde. Il arrive à 5 centièmes derrière Willis, à une seconde de Kiprop, quelques centièmes de plus derrière Ramzi (lequipe)[1]. Tristesse et gâchis.
Maintenant que Mehdi Baala a regardé, pour la première fois, sa course de Pékin, ému et fier, je revis autrement l'attaque du dernier tour. Placé comme je suis en queue de peloton, quand je vois le changement de vitesse de Ramzi, je me dis "C'est pas vrai. C'est faux. C'est une machine". Et je reste dans mon siège à l'arrière, jusqu'à ce que la fureur l'emporte. Jusqu'à y aller quand même, à l'abordage. Bravo.
Monsieur Baala, vous avez depuis longtemps votre idée sur le dopage : "quand il y a des traces de dopage dans le sang et les urines, il faut suspendre 4 ans et infliger une amende qui pourrait représenter les primes des deux années qui précèdent." Tout à fait d'accord.
Monsieur Baala, vous dites : "Je pense que je ne reverrai plus ces images parce que Ramzi est omniprésent et je n'ai pas envie de le regarder." Pas du tout d'accord. Regardez-les en boucle. Passez-les-vous dans la tête à chaque entraînement. Et, si m'en croyez, répétez-vous à chaque fois : "La machine, je l'ai battue. La médaille, c'est moi qui l'ai. Et les suivants, je les battrai."
Notes
[1] La conclusion de l'article de Nicolas Herbelot sur Rachid Ramzi dans L'Équipe le lendemain de la course : Il avait marqué les esprits à Rome en 2004, "passant dans la dernière ligne droite tous les cadors de la discipline (El-Guerrouj, Lagat, Baala) comme une mobylette sans plaque minéralogique. Désormais, il y est écrit champion olympique et champion du monde. Et ce n’est probablement pas fini. Puisque personne ne semble en mesure de lui retirer son permis."
Très bon billet je trouve, et jolie allégorie dont la conclusion est transposable dans tant de domaines...
Hum... Je vois que tu abordes le thème du dopage dans le domaine de l'athlétisme. Et en effet, il est tout autant légitime que dans celui de la natation ou du cyclisme, qui sont tous des sports de "performance pure".
Dans le vélo (qui est le sport qui m'intéresse le plus), soyons clairs, c'est une vraie calamité. Officiellement, personne n'est dopé, sauf quand le labo de Chatenay-Malabry vient apporter son grain de sel, mais on retrouve dans les poubelles de certaines équipes (des très grosses en général - celles qui ont peut-être un problème de logistique concernant l'évacuation de leurs "déchets" tellement ils sont importants-) des traces de tout et n'importe quoi: seringues, composés chimiques permettant de fabriquer du..., poches de transfusion, etc...
L'athlétisme est peut-être moins "pourri" que le cyclisme par le monde du business (encore que la situation a empiré me semble t-il, tout comme a empiré celle de la natation), mais je n'arrive pas à imaginer que tous ces athlètes tournent à l'eau claire. Et je ne vois pas en vertu de quoi les athlètes français tourneraient à l'eau claire...
Et les déclarations de bonnes intentions ne suffiront pas à me convaincre: R. Virenque dans le cyclisme, à l'aide du célébrissime maître Collart en a tellement fait dans le registre...
@ Nelly : merci ! en effet, dans les pages "personnelles" de mon blog, la politique est rarement très loin
@ JF le démocrate : excellent sujet. Je ne prétends pas que le dopage soit caractéristique de certains pays et que d'autres y échappent ! Dans mon propre club, nous avons comme licencié historique Stéphane Diagana, dont la carrière est généralement jugée exemplaire, et nous avons eu comme licenciée Bouchra Ghezielle, qui a été pincée par la patrouille. Mais c'est vrai qu'il y a des athlètes qui inspirent plus de confiance que d'autres. Certains se cachent plus que d'autres. Certaines Fédérations, certaines forces publiques sont plus rigoureuses que d'autres. Certaines cultures nationales, opinions publiques, sont plus indulgentes que d'autres.
Sur le dopage, sur ce blog : http://demsf.free.fr/C1895343595/E2...
Sur le dopage dans le cyclisme, les billets de gizmo http://legizmoblog.blogspot.com/200... et sur le dernier Tour de France et le silence des médias, meilcour, excellent http://www.meilcour.fr/general/cont...