Sur internet, les sentiments forts s'expriment plus rarement que les sensations du tac-au-tac. Christophe Ginisty "fait du lourd" hier dimanche 20 décembre, citant un mail personnel et concluant que l' "exercice du blogging ... expose à des réactions extrêmes". Christophe veut à cette occasion "dénoncer l'état de haine dans lequel le Mouvement Démocrate met les gens. Je le pense depuis longtemps, le MoDem est un parti au sein duquel les gens se détestent. Je n'ai jamais approché une autre organisation dans laquelle il y avait autant de haine entre ses membres. Les dirigeants en sont directement responsables, eux qui ont mis en place une organisation sans structure et sans autre hiérarchie que celle du chef. ... Ce qui compte finalement, c'est de réaliser avec effroi que l'engagement politique ordinaire peut conduire à des insultes extra-ordinaires."
Je respecte cette appréciation de Christophe (j'ai moi aussi depuis longtemps l'impression que les rapports humains à l'UDF puis MoDem sont particulièrement difficiles dans le 75 et le 92, sans doute à cause de la fusion entre jeux politiques locaux et nationaux ?).
Cependant je veux témoigner d'une expérience différente. Les mails que je reçois sont fort sympathiques[1]. Je n'ai pas croisé, pendant mes 7 ans au Mouvement démocrate, la moindre trace de haine de la part de qui que ce soit. Le Mouvement que je connais et fréquente est un groupe chaleureux et constructif, un groupe d'amis avec lequel je suis heureux de me battre, fût-ce modestement, pour Argenteuil et pour le pays ... et la planète aussi.
Bien sûr, c'est dans la nature humaine, toute détention de pouvoir suscite autour d'elle l'envie, la jalousie, la courtisanerie, la lâcheté et la peur, aussi microscopique que soit ce pouvoir.
Une organisation très centralisée, avec un chef tout-puissant, façon UMP ou FN, peut forcer ces sentiments à rester souterrains ... jusqu'à ce qu'ils éclatent de fureur. Une organisation à courants, façon PS ou Verts, peut les routiniser, les banaliser, permettre à chacun de se trouver un petit coin tranquille, dans l'impuissance générale. Une organisation centrée sur les résultats, comme le sont beaucoup d'entreprises (et comme un parti ne peut guère l'être, faute de résultats mesurables), permet de tourner une partie de cette agressivité vers l'extérieur - quand c'est "le client" qui a le pouvoir, on se divise moins en interne.
Des sentiments de ce genre, j'en ai entendu s'exprimer. Mais de la haine ?... c'est autre chose. Une organisation dysfonctionnelle n'y suffit pas. Cela suppose des personnes au jugement obscurci par l'ambition. Cela suppose un singulier manque d'empathie, manque de compréhension, pour les personnes en situation de pouvoir.
Alors qu'est-ce que la haine viendrait faire dans le blogging ??? J'imagine qu'elle ne pourrait être le fait que de personnes ignorant complètement la nature d'internet. Il faudrait, pour haïr un blogueur, prêter à celui-ci bien plus de pouvoir qu'il ne peut en détenir !
Quelles campagnes internet ont mis - en France - des milliers de gens physiquement dans la rue ? ont permis de créer des milliers d'emploi ? ont collecté des millions d'euros ? Rigoureusement aucune, bien sûr. Le cinquième pouvoir n'est que le pouvoir d'imaginer.
Soyons conscients de ne peser rien, de n'écrire que des bouteilles à la mer, et j'imagine que les fantasmes haineux se dissiperont tous seuls !
Oui, c'était une histoire de Noël - j'imagine que nos blogs, s'ils passent beaucoup de temps à déplorer ou dénoncer, veillent aussi sur un monde à naître.
Notes
[1] Exception qui confirme la règle, une personne m'en a envoyé de tortueux, mais depuis, elle a démissionné du Mouvement.
Si tu n'existais pas il faudrait t'inventer Frédéric ! Tu es un exemple pour beaucoup d'entre nous...Bises et bonnes fêtes! Chantal.
Je suis assez d'accord pour dire que le mot "haine" est inapproprié pour qualifier certains comportements et comme toi Frédérique, je partage beaucoup plus de bonnes choses avec les gens du MoDem que ce que j'en ai à me plaindre. C'est peut être la nature des gens qui leur fait voir le verre à moitié vide seulement. Cependant, on ne va pas se voiler la face en notant la facilité avec laquelle les ressentis s'expriment sur le net. Or la vie du MoDem (c'est pareil pour les autres, mais parlons de ce que l'on connait) se fait beaucoup sur le net et de moins en moins dans ce qui s'appelle encore les fédérations ou mouvements départementaux.
On est passé d'un fonctionnement des partis où les gens se fréquentaient majoritairement physiquement ou par écrit "papier" par essence à chronologie différée, à un fonctionnement instantané et distant. Il me semble dès lors évident que les propos ou les réactions soient moins mesurés. Personne ne tient les mêmes propos derrière son clavier et face à son interlocuteur. Idem pour l'instantanéité du net qui fait réagir à chaud, comparé au long processus de la lettre, qui n'atteint son but que des jours après. Je ne pense pas que le MoDem diffère en cela des autres organisations humaines, la jeunesse de ses membre le rend peut être un chouilla plus expressif.
Je me demandais si une formation des militants présenterait un intérêt pour, entre autre, faire prendre conscience de cette propriété particulière du net. Je craint tjs dans ce genre de démarche d'aseptiser les comportement et de les rendre fades.
@ CedricA = pas mieux !
@ force_hyeres = beaucoup moins bien hélas. J'ai la tranquillité de "ceux de l'arrière" et admire celles et ceux qui sont au front !
Bravo, bien écrit, bien pensé.
D'ailleurs, au MoDem, on signe toujours nos mails avec "Cordialement, Démocratiquement ou respectueusement."
Ceux qui oubliaient les formules de politesse sont partis depuis longtemps. Personne n'avait plus envie de travailler avec eux après quelques semaines, n'y d'aller avec eux sur le terrain.
Sans haine, joyeuses fêtes de fin d'années !