Avant de me lancer dans le banc d'essai 2017 et d'évaluer sur 8 critères les principaux candidats en lice ou potentiels, Dany compris, je voulais vérifier si les critères que je viens de définir sont cohérents bien avec ma perception des mandats réussis ou ratés.
Donc, noter nos 8 présidents de la République, par ordre chronologique[1] :
- Louis-Napoléon Bonaparte (je tiendrai compte aussi de son règne comme "Napoléon III")
- Charles de Gaulle (je tiendrai compte aussi de son action à la tête de la France libre — ainsi de suite pour les autres)
- Georges Pompidou
- Valéry Giscard d'Estaing
- François Mitterrand
- Jacques Chirac
- Nicolas Sarkozy
- François Hollande.
Voilà le résultat :
4 veut dire "tout à fait" (à ma connaissance), 0 "pas du tout" (pareil), 2 c'est couci-couça ou incertain — dans quelques cas, je n'ai aucune idée de la réponse.
Ce serait un peu long d'expliquer chaque note mais ce sera bien volontiers, en commentaires, sur celles qui poseraient question.
Après cela j'ai comparé avec mon classement subjectif et personnel, à la tête de l'électeur, de ces 8 Présidents.
C'est assez cohérent : les notes sur "Indépendance par rapport aux lobbies et intérêts privés" et sur "Vision mondiale et perception du changement", les deux critères avec les plus forts coefficients, sont bien corrélés avec mon classement. Le 3ème critère "Capacité à réunir un soutien populaire", c'est plutôt l'inverse : le Président le plus éloigné du peuple, Giscard, me semble pourtant avoir réalisé un des mandats les plus réussis.
Mes préférences à la tête de l'électeur — c'est là que j'ai eu le plus de mal, la concurrence est féroce dans le bas du classement, ce qui illustre la difficulté du job :
- Charles de Gaulle (qui obtient 115 points sur 144 possibles avec la grille ci-dessus)
- Valéry Giscard d'Estaing (85)
- Georges Pompidou (97)
- Louis-Napoléon Bonaparte (105)
- François Mitterrand (86)
- François Hollande (76)
- Jacques Chirac (76)
- Nicolas Sarkozy (84)
C'est là que nous aurons sans doute bien des divergences avec beaucoup de visiteurs/visiteuses — c'est ça la démocratie représentative : l'électeur ne note pas, il vote !
Et mon classement subjectif reflète aussi des choix de valeurs au-delà des qualités individuelles de la personnalité concernée. Ainsi Louis-Napoléon Bonaparte, qui a selon ma grille presque toutes les qualités pour faire un grand Président, ne compte pas parmi les 3 meilleurs selon moi, pour avoir préféré la conservation du pouvoir à l'ordre démocratique.
Je me mets maintenant au classement des candidats !
Notes
[1] En-dehors des IIIème et IVème Républiques, où le Président avait peu de pouvoir effectif.
Ton étude est très intéressante, mais je m'inscris en faux sur cette phrase : « c'est ça la démocratie représentative : l'électeur ne note pas, il vote ! »
Il n'y a pas d'opposition entre vote et note : on peut voter par note, c'est-à-dire noter chaque candidat. Exemple (parmi de nombreux autres) : http://www.votedevaleur.org
La question ici n'est pas la démocratie représentative, mais la manière dont on élit nos représentants, c'est-à-dire le mode de scrutin.
OK, corrige "la démocratie représentative à la française et dans tous les pays du monde"
Très intéressant!
Le retour à Louis-Napoléon Bonaparte ramène à des lointains souvenirs d'Histoire (on comprend que les Présidents de la 3eme République n'entrent pas dans le classement, même si Raymond Poincaré le mériterait sans doute au titre de ses autres postes) .
J'avais le souvenir d'un démagogue habile, et qui avait su bien s'entourer lors de l'Empire, parfois en abandonnant du pouvoir. Sur sa fin de règne, une certaine fatigue a peut-être causé la guerre de 70-71 ( https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%... )
Dans le classement 2017, Marine Le Pen a t-elle en "vision mondiale et perception du changement" -2 ou -3 ?
J'attends les notes de Dany
Très intéressante démarche !
Par contre : LNB, quasiment "indépendant par rapport aux lobbies et intérêts privés" ?
Certes, le monde politique ne fonctionnait pas de la même manière qu'aujourd'hui - et il faut certainement le prendre en compte pour un classement aussi large chronologiquement que l'est celui-ci -, mais que penser d'un Eugène Schneider ministre du commerce et de l'agriculture (1851), puis président du Corps législatif entre 1867 et 1870 (pour ne citer que le plus connu) ?
@ZigHug : ok, je reformule "compétence sur les politiques à mener".
@ XS : oui je me suis posé la question concernant Marine Le Pen. J'ai mis 2/4 car, en positif, elle a pas mal de bon sens et d'expérience pratique (contrairement à beaucoup de politiques professionnels anarchiques) et le mérite de mettre l'accent sur des sujets importants que les partis au pouvoir essayent de botter en touche. Mais son discours démagogique et creux d'une part, les alliances de son parti avec les pires dictatures nationalistes, et actuellement avec le régime de Poutine, me font craindre qu'elle ne résume la mondialisation à un jeu théâtral des grandes puissances, qui, comme après la révolution de 1848, se refont sur les nationalismes qui les avaient d'abord déstabilisées.
@ B. Rousset : oui, cette appréciation porte sur sa position initiale d'aventurier-candidat, face à des forces — ex-royalistes et républicains — qui représentaient les intérêts en place. Mais bien sûr il a gouverné en étroite relation avec le milieu des affaires. À quel point sa politique en a-t-elle été altérée, je l'ignore, je devrais lire sa bio par Philippe Séguin