Vendredi soir, lors du Conseil communautaire Seine-Défense (=Puteaux+Courbevoie), Christophe Grébert (MoDem, Puteaux) a interrogé le président Eric Césari (UMP, Courbevoie) sur l'extension de l'agglomération jusqu'à Argenteuil, annoncée par un écho de L'Express.

Sujet très chaud pour Argenteuil, puisque la Municipalité a convoqué un Conseil Municipal extraordinaire jeudi 16 octobre à 19h, destiné à voter l'adhésion d'Argenteuil à Seine-Défense.

Deux points marquants dans la réponse d'Eric Césari :

  1. Argenteuil garderait sa fiscalité actuelle : les entreprises et ménages argenteuillais ne bénéficieraient pas des taux d'imposition plus faibles actuellement appliqués par Seine-Défense ;
  2. Le projet de Seine-Défense prévoit de créer des emplois, non pas à Argenteuil (non citée), mais à Bois-Colombes et Colombes. Argenteuil fournirait donc des quartiers-dortoirs pour les salariés de ces futurs espaces de bureaux.

Le président Césari, en envisageant d'aller jusqu'au port de Gennevilliers, me semble rejoindre la vision promue par les Chambres de Commerce et d'Industrie, poussant à regrouper les emplois dans de grands pôles (une grande Défense… ou Cergy) et à utiliser les espaces voisins, dont Argenteuil, comme réserve de logements, sociaux comme privés.

Voici un verbatim (partiel) de cette discussion — écouter la vidéo complète postée par Christophe Grébert ici. Je l'illustre par une carte du territoire dessiné par la réponse de M. Césari. Grâce à Argenteuil, ce territoire atteindrait le minimum de 300000 habitants demandé par la loi[1].

Carte_Seine_Defense_Argenteuil.jpg

Christophe Grébert : "Chacun sait instinctivement ce que serait le territoire de La Défense : Puteaux, Courbevoie, mais aussi Nanterre, la Garenne-Colombes, Suresnes, Rueil-Malmaison, et pourquoi pas aussi Neuilly. Pouvez-vous expliquer devant cette Assemblée ce que serait la logique de votre projet de relier Puteaux et Courbevoie, c’est-à-dire une grande partie de La Défense, non pas à son territoire naturel, mais à Argenteuil-Bezons ?"

"Dans les données à prendre en compte, Argenteuil a une dette de 80 millions d’euros[2] qui reviendrait à la charge de la nouvelle collectivité en cas d’alliance, donc, vous qui êtes si attentif à ce que nous ne fassions pas de dette dans notre Agglomération…"

Éric Cesari : "D’abord, L’Express a fait un commentaire, il est de la seule responsabilité de ce périodique. Moi je ne me suis pas exprimé à l’Express, et ce ne sont donc pas mes propos."

"S’agissant d’Argenteuil : Argenteuil est dans une communauté d’agglomération avec la ville de Bezons, et elle souhaite en sortir. Il ne peut pas y avoir de démarche avant qu’Argenteuil (ne) soit sortie de sa communauté actuelle."

"Et la démarche d’Argenteuil ne peut se constituer que dès lors que nous aurions une frontière commune avec Argenteuil, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui[3]."

"Par ailleurs, s’agissant de la démarche d’Argenteuil, je vous rappelle simplement qu’elle use de la liberté qui lui est accordée par la loi sur la Métropole du Grand Paris, qui permet aux communes adjacentes de demander leur intégration (dans) la métropole, et donc dans les futurs territoires[4]. Donc, Argenteuil, qu’on le souhaite ou pas, qu’on le veuille ou pas, a entamé une démarche qui l’amènera à être intégrée dans (un des) territoires futurs — quel (territoire ce) sera, je n’en sais rien et aucun d’entre nous ne le sait."

"Sur votre interrogation concernant la dette : d’abord, il faudrait poser la question au Maire d'Argenteuil de la manière dont il va faire face à cette difficulté ; je crois qu’il a quelques idées. En tout état de cause, s’il devait rentrer dans un territoire — qui aujourd’hui n’est pas constitué et nous n'avons pas de frontière commune —, il y a des mécanismes prévus par la loi pour limiter les impacts financiers ; des démarches qui permettent de préserver le niveau de fiscalité locale ; d’ailleurs de nombreux EPCI procèdent déjà de cette démarche-là."

"Par ailleurs, notre projet n'est pas caché : un territoire qui s’orienterait, au travers des communes de Bois-Colombes et de Colombes, sur (le) développement économique. Je considère, avec mes collègues ici présents, que le territoire que nous portons a une réalité dans son bassin de vie de développement économique qui est de ce côté là (au Nord) et qui se prolonge assez naturellement vers Gennevilliers, c’est-à-dire la Boucle Nord (des Hauts-de-Seine)."

"Je ne vois pas le développement économique, au sens plein du terme, que nous aurions de l'autre côté (Ouest) avec Suresnes et Rueil-Malmaison, en tout cas il est nettement moins marqué."

"Je crois que personne ne doute de la capacité du quartier d’affaires (de La Défense) à assurer le développement de Bois-Colombes, de la Garenne éventuellement, et de Colombes, y compris jusqu’à Gennevilliers. J’ajouterai que cette volonté de développement du territoire se construit aussi à travers la démarche de la Société du Grand Paris, et de la ligne rouge vers Gennevilliers. Il y a aussi le lien naturel qu’est la Seine, avec encore une fois, le port de Gennevilliers à l'autre bout de la Boucle."

"Pour l'instant, il n'y a aucune prise de position définitive, mais nous entendons procéder pas à pas avec les villes qui sont proches de nous, de leur intérêt à bâtir avec nous un nouveau territoire."

Jean-André Lasserre (PS, Courbevoie) : "Dans le périmètre que vous envisagez, il y aurait Colombes, Bois-Colombes, Puteaux, Courbevoie, et ensuite ça se prolongerait jusqu’à Villeneuve-la-Garenne ?"

Eric Cesari : "Bien sûr. Il y a plusieurs phases."

Jean-André Lasserre : "Rueil, Suresnes et Nanterre ne figureraient pas dans cet ensemble : vous tournez le dos à une partie de La Défense ?"

Eric Cesari : "Non ! On ne tourne pas le dos… Nanterre a vécu sans nous, elle fonctionne parfaitement…"

Jean-André Lasserre : "l’EPADESA propose un projet « de Seine à Seine », vous êtes en train de nous proposer quelque chose de totalement différent."

Eric Cesari : "Nous n’avons pas la même vision."

Christophe Grébert : "Vous ne parlez que de développement économique."

Eric Cesari : "Je vous parle de développement de territoire (…), de bassin de vie économique."

Christophe Grébert : "Vous posez les bases d’un territoire par rapport à la fiscalité, pas par rapport aux transports ou au logement."

Notes

[1] Le Conseil communautaire comprendrait probablement 80 conseillers dont environ 22 pour Argenteuil. Le Conseil municipal d'Argenteuil désignerait ceux-ci sur liste bloquée parmi les 24 conseillers argenteuillais actuels de l'agglomération Argenteuil-Bezons (comme indiqué sur la même page, à la partie "Les règles applicables entre deux renouvellements généraux".

[2] Manifestement une estimation, sommaire, de la part argenteuillaise dans la dette de l'Agglomération Argenteuil-Bezons.

[3] Comme le montre la carte, cela demanderait l'adhésion de Colombes, ainsi que de l'une au moins deux communes de la Garenne et de Bois-Colombes.

[4] Nouveau nom des agglomérations quand elles seront incluses dans le Grand Paris.