« Silence absolu le matin. Pas une machine, pas un oiseau. L'impression d’être sur une autre planète » … « On ne vit plus... Impression de froid. Cela va-t-il durer ? »

(Parmi les agents du service public,) la stupeur vient en premier, puis le dévouement : « On n’a pas compté nos heures ». Et l'étonnement qu'on ne leur en veuille pas : les gens « auraient pu tout casser ».

Devant les premières images de ruine, le palais du président d'Haïti avec ses coupoles à terre, j'ai repensé à cette mission que nous avions réalisée début 2000 dans les régions de France touchées par la tempête.

J'ai repensé à la stupeur, à l'abattement, au silence.

J'ai repensé à ce sous-préfet, peut-être pas des plus patelins en temps normal, et dont tout le monde, maires, services publics, louait l'efficacité dans ces jours de crise. Qu'avait-il fait ? Dès le vent tombé, il avait pris sa voiture pour la préfecture. Et sur la route il avait tout vu. Une demi-journée avant les autres, il a agi, et il a fédéré les autres.

C'est à eux que je pensais : le président Préval, combien de minutes ou d'heures lui faudra-t-il pour se relever ? Et aux militaires ? Aux pompiers ? Au service de l'eau ?

Avant les dons, avant les avions du monde entier, avant la compassion et les rations K, c'est tout ce qu'il y a. La capacité de quelques-uns à relever la tête, à s'organiser, communiquer, compter les dégâts, mobiliser les voisins et collègues, rouvrir les routes, sauver les vivants.

Et après, il y a donner.