Sur le site de Bloomberg, le taux auquel le gouvernement grec emprunte à un an :
Ce nouveau coup sur la tête devrait rendre la raison, j'espère,…
… aux farfelus de type Libé-Le Monde-Alain Minc qui espèrent voir un n-ième plan d'aide européen persuader une n-ième fois les prêteurs de plonger la tête dans le sable ;
… et aux souverainistes gaucho-droitiers, s'ils se figurent que repasser à la drachme rendrait les finances grecques viable : il faudrait dévaluer de combien ? 80% ? 90% ? ferait-on accepter aux Grecs que leur pouvoir d'achat soit divisé par 3 ou 4 ?
Il était déjà évident il y a un an que la dette grecque était insoutenable, et qu’aucun plan de rigueur ou de cession d’actifs ne ferait l’affaire (les actifs en question doivent représenter à peine l’équivalent de quelques semaines d’emprunts ?).
Il était déjà évident que le 21% de décote n’était pas sérieux, et que dans une dette de 150 points de PIB, il y en a autour de 60% de bidon. Le pourcentage augmente chaque semaine.
Ce qui était déjà évident est maintenant devenu tangible, avec le départ de la troïka et la volonté finlandaise de limiter les dégâts.
Tous les renflouements qu’on ferait maintenant bénéficieraient, en grande majorité, aux prêteurs, avec pour seule utilité de prolonger le pseudo-suspense de quelques jours… et de substituer, pour ce qui est de payer la note, le contribuable aux prêteurs privés, ce qui est un pur scandale. Tout ça n’apporterait pas un milligramme de confiance.
Ce qui restaurerait la confiance, c’est un « club de Londres » (une réunion des prêteurs pour se répartir l’ardoise), et le plus vite sera le mieux. L’économie ne peut pas se permettre que les Bourses perdent 5% par jour très longtemps.
Il y a une solution toute simple, et qui rendra "aux marchés" la fameuse "confiance" dont ils ont tant besoin, c'est d'être honnêtes. De reconnaître qu'une dette aussi délirante que celle de la Grèce (ou de la zone euro dans son ensemble) ne pourra jamais être payée. Et de la réduire, souverainement (unilatéralement), mais de façon ordonnée, un même jour, entre Etats européens.
C'est peut-être plus facile à dire qu'à faire, et les conséquences seront pénibles et en cascade ; mais c'est tout simplement la réalité. Autant avoir le courage d'y faire face.
Les conditions sont surtout propices à de gigantesques jeux de poker menteur, et l'invocation de l'urgence absolue à défaut de toute réflexion ou argumentation - stratagème aussi très apprécié au chateau - n'est pas non plus un gage de confiance...
D'ailleurs, l'Etat Grec n'a-t-il pas emprunté ce matin à un taux inférieur (environ 4.8% à 6 mois) à son émission précédente?
http://www.lexpress.fr/actualites/1...
Serait-on en train de toucher du doigt les limites du dirigisme, préalable à un retour vers un équilibre comprenant une part de libéralisme régulé dans la transparence (et la fin de certains dogmes clientélistes comme le "too big to fail"...)?
Excellent article sur ce drame de la dette, sur la sottise de l'idée d'une sortie de la Grèce de l'Euro, sur la nécessité d'effacer une partie des dettes publiques peut-être, et de toutes façons, sur la contrainte budgétaire qui frappe tous les états. Prendre Keynes comme alibi pour vivre sans cesse au-dessus de ses moyens est une sottise sans nom. Laisser filer sa monnaie comme le font les Américains depuis longtemps, c'est finalement aboutir à une crise de solvabilité telle que nous la connaissons aujourd'hui. Barre, réveille-toi, ils sont devenus fous.
@ Hervé Torchet : pas mieux, hélas…
@ Nicolas Mauduit : l'évolution de la Bourse aujourd'hui en est une belle illustration ! Le Ministre allemand de l'Economie dit qu'il faut se préparer à la faillite de la Grèce, Mme Merkel lui répond de faire attention à son vocabulaire parce que "les marchés" sont sensibles… et "les marchés" trouvent cette déclaration de la Chancelière extrêmement rassurante !
On se dit que si dans la finance le bon sens fait partie des "sous-jacents", il jace vraiment très très profond.