Monsieur le Maire,
Monsieur le Citoyen d'honneur de Ouagadougou,
Après la guerre, votre ville de Loudun a participé au grand élan de jumelage entre villes d'Europe, qui a tissé les liens de notre fraternité européenne, annoncé la Communauté, l'Union d'aujourd'hui - les voyages Schengen, les échanges Erasmus, ma fille qui part demain en Allemagne sans passeport ni devises.
Je n'étais pas né en 1965, vous étiez maire depuis quelques années. Vous vous êtes rendu à Saint-Petersbourg, enfin, à Leningrad, au congrès mondial des Cités Unies. Vous avez rencontré et entendu le représentant de la capitale burkinabè, enfin voltaïque, le grand homme politique Joseph Conombo : pourquoi ce mouvement de rapprochement entre villes, entre leurs citoyens, ignore-t-il l'Afrique ? Vous avez répondu chiche, et jumelé votre bonne ville de Loudun avec la capitale.
Vous avez ainsi initié un mouvement national et mondial.
Combien de jumelages Nord-Sud aujourd'hui ? des milliers, j'imagine. Qu'on les ait rebaptisés, en dix longues syllabes, "coopération décentralisée", n'y change rien : "les jumelages font l'unanimité", comme l'a montré une célèbre enquête dans la capitale de nos voisins maliens, Bamako, jumelée avec Angers[1].
Trois mois après le docteur Conombo, vous nous quittez.
Cette relation reste : durable, affective, mutuelle, entre nos continents, entre les deux terres et les deux patries de mes enfants. Pour avoir relié nos deux citoyennetés, merci, Monsieur Monory.
Notes
[1] "Le jumelage n’est pas une relation arrêtée dans le temps, comme le sont les projets et programmes de développement mais au contraire une relation qui se bâtit peu à peu dans le temps au gré des opportunités. Le jumelage est, à travers son vocabulaire, sa symbolique, basé sur des relations affectives (qu’elles soient réelles ou uniquement proclamées)et plus précisément sur une amitié, une alliance (concept qui implique des liens quasi-familiaux). Dans le cadre du jumelage, les Bamakois à travers leurs représentants se positionnent avant tout en hôte (celui qui accueille). ... Il n’y a pas de donneurs de leçon positionnés d’emblée tels, ... on n’est pas sur le même registre que l’aide "classique"."
Tu m'apprends quelque chose, à moi qui ai apprécié chacun de mes passages au "jardin de l'amitié Ouaga-Loudun" à Ouagadougou...
Très bel hommage Frédéric.
Je ne connaissais pas bien René Molory et donc encore moins son influence dans les jumelages.
C'est sympa de savoir que Guillaume a voyagé jusqu'au Burkina. C'est peut-être ce qui l'a inspiré dans son dernier billet complètement délirant...
Et toi dans quels pays d'Afrique ?
Justement aujourd'hui j'ai parlé de Djibouti, où j'ai vécu deux ans, chez Philippe de "la mécanique de l'orange". Et comme Martine voyage beaucoup, elle connait bien aussi Djibouti...
Nous sommes vraiment tous frères !
Merci Guillaume ; @Françoise : j'ai vécu à Ouaga et pourrais demander la nationalité burkinabè (ce que je n'ai pas fait pour l'instant). Ce n'était manifestement pas clair dans le billet, mais le mot "concitoyen" dans le titre était au 1er degré !
Nous avons donc un autre point commun, puisque moi aussi, j'ai vécu à Ouaga; et même si j'ai appris un peu le mooré, je ne suis pas en mesure de demander la nationalité burkinabé! Qu'est-ce qui fait que tu peux la demander, toi? Cela m'intrigue...
Ouagalais où ça ? Gounghin et Tanghin pour moi.
Nationalité : j'ai encore commis une ellipse ... grâce à ma femme, qui est née Burkinabè, et donc à mes enfants. Je n'ai pas étudié le détail de la législation, mais depuis la première moitié des années 90 la double nationalité est reconnue par le BF.