Le Haut Commissaire au Plan veut par cette note “ouvrir la réflexion sur les changements, et même les bouleversements, que pourrait imposer à notre pays et à ceux qui nous entourent la présence durable de la menace épidémique”. La réflexion avait pu commencer avant… mais pas tant que ça, je le crains, et trop superficiellement (les coronapistes, ok…). J’applaudis donc l’effort d’élaborer et sortir cette note !

“La crise de la Covid-19 met en lumière nos fragilités et nos failles ; il règne désormais une forme de désarroi, en tout cas d’intranquillité.” p. 2

“Les femmes, les moins de 50 ans, les catégories socioprofessionnelles les moins aisées et les Français rencontrant des difficultés matérielles (ou) en logement surpeuplé… ont été les plus affectés par des formes de détresse psychologique” lors du 1er confinement. p. 4

Les auteurs craignent un “« découplage » entre un front au cœur de l’adversité et un arrière qui voudrait continuer dans ses habitudes. (…) Des protestations mettent en cause les décisions de précaution en les contestant dans leur principe.” p. 3

“Nous avions bâti une société fondée sur la civilité et les échanges. Notre modèle de développement a eu pour principal moteur l’élargissement continu et l’augmentation exponentielle des échanges. Nous voici dans un monde où nous nous éloignons les uns des autres.” p. 2

L’endettement public a bondi, en quelques mois, de plus de 2 mois de production (19% du PIB mondial). p. 4

La répartition mondiale des chaînes de production rend la France particulièrement vulnérable : “pour l’industrie, son niveau de dépendance se situe autour de 30 %”. p. 4

“Les risques sanitaires conduiront à une très forte baisse dans des secteurs déjà les + éprouvés : tourisme, hôtellerie, restauration, cinémas théâtres, concert divertissement… Notre identité, fondée sur notre patrimoine, notre art de vivre, notre culture, est atteinte.” p. 6

Nous devrons “trouver de nouveaux relais d’activité, avec des mutations industrielles à anticiper et accompagner.” p. 6

“L’utilisation extensive du numérique bouleverse l’organisation de notre quotidien, (mixe) sphères personnelle et professionnelle” p. 6

“Le télé-enseignement peut être porteur d’évolutions profondes pour des jeunes privés d’école au moment même de la formation de leur personnalité : que deviennent la relation au pédagogue, la camaraderie, les premières expériences amoureuses… ?” p. 9

“Entre développement du télétravail et risques sanitaires attachés aux zones urbaines (nous assistons à la reprise de l’épidémie d’abord dans les villes), un repeuplement des zones rurales ou des villes moyennes est une hypothèse sérieuse.” p. 6

Pour les soins de santé et les EHPAD, nous devrions passer du “modèle centré sur l’hôpital, issu des réformes de l’après-guerre” à une “organisation à taille humaine”, un “réseau territorial de proximité”. p. 7

Des “redéploiements de main d’œuvre et de capacité productive” vers les “secteurs préservés ou en croissance” sont nécessaires : “que, par exemple, le personnel des hôtels puisse apporter un appui utile dans les EHPAD ou dans les fonctions d’hébergement des hôpitaux”. p. 8

“La crise révèle l’utilité sociale considérable des agriculteurs, des enseignants, des métiers de la distribution et de l’encaissement, ainsi que bien entendu des personnels soignants et met en lumière les difficultés du marché à valoriser à sa juste valeur” (sic) leur travail. p. 9

“Si la Covid conduit à une économie concentrée sur les biens les plus nécessaires, décroissante par obligation, comme entrée « en hibernation », comment assurer la rémunération de ceux qui ne peuvent plus ou ne doivent plus travailler ? Un “revenu universel” ?” p. 8

(Nous passons du libéralisme à) “l’interventionnisme économique, (par) la prise en charge par la collectivité publique du chômage partiel (puis d’un revenu de subsistance) et l’octroi de prêts garantis par l’Etat qui, si la crise perdure, peuvent ne pas être remboursés.” p. 9 — mais la propriété des grandes entreprises reste privée, souligne la note (socialisation des pertes et privatisation des bénéfices, peut comprendre le lecteur).

“Quelle part de risque acceptons-nous de mettre en balance avec nos libertés ? Pour quel type de menace ?” Pour obtenir “l’adhésion à des décisions majeures au regard des valeurs de notre République”, il faudra “débattre de manière transparente entre choix de société.” (donc sortir d’un régime d’exception, appelé “état d’urgence”… qui dure). p. 10

“Consacrer l’essentiel de nos ressources à cette épidémie nous rend vulnérables à d’autres événements, autre épidémie, crises météorologiques extrêmes, crises économiques ou sociales, érosion graduelle de notre capacité à nous prendre en charge les uns les autres.” p. 11

“La question de la légitimité des acteurs publics sera au centre du débat au lendemain de l’épidémie.

La crise sanitaire a fait voler en éclats les séparations administratives, entre territoires… Elle a démontré l’intérêt d’agir en fonction des priorités et besoins.” (!!!) p.11

“L’expertise sollicitée dans cette crise sanitaire … donne un pouvoir exorbitant à un groupe restreint d’individus, aussi savants et légitimes soient-ils. …

Lorsque tout est remis en cause, que choisit-on de préserver ? …

Comment être ce citoyen à l’ère de la Covid ?” p. 12

Le document (malgré galimatias énarchiques et formes imposées) est intéressant dans son entier ;-) J’en recommande la lecture !