Les 2 candidats qualifiés pour ce second tour étaient 16ème et 14ème selon ma grille personnelle de notation, sur 30 personnalités. Les Français ont éliminé Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan, qui selon moi, avaient tous deux plus de qualités pour le poste ; ils ont aussi sorti François Fillon ou Nathalie Arthaud qui, toujours selon moi, en avaient moins ; et Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou Benoît Hamon, qui en avaient à peu près autant que les finalistes.
Dans le détail, en commençant par les critères les plus importants :
- Indépendance par rapport aux lobbies et intérêts privés : j'avais mis 2/4 pour les deux finalistes. Entre le fund raiser de la City et celle de Moscou… c'est mal engagé, sans être désespéré.
- Vision mondiale et perception du changement : 2/4 pour Mme Le Pen, qui peut faire preuve de bon sens mais dont j'ai rarement entendu une analyse intelligente de l'état du monde. Un avantage à Emmanuel Macron, 3/4 pour sa compréhension du rôle du numérique. Avec un gros doute sur sa compréhension de la société française, mais en lui laissant le bénéfice du doute sur la géostratégie.
- Capacité à réunir un soutien populaire : j'avais mis 3/4 à Emmanuel Macron, 4/4 à Marine Le Pen, mais "réunir un soutien populaire" est compatible avec "susciter des oppositions" ! Emmanuel Macron risque de caler là-dessus, comme Giscard ou Cameron. Mais entre temps, les deux ont prouvé la capacité à gérer des gros meetings et une campagne épuisante, et confirmé leur note !
- Priorité aux pauvres et aux majorités : gros avantage à Marine Le Pen, 3/4, sur Emmanuel Macron que j'avais mis à 1/4. Et effectivement depuis, je n'ai rien entendu de lui qui me ferait changer d'avis ; la suppression annoncée de la taxe d'habitation est le type même de l'achat de vote à la Chirac.
- Crédibilité face aux décideurs et aux médias : petit avantage à Emmanuel Macron, 2/4 contre 1/4 pour Marine Le Pen. Je ne sais plus pourquoi ces évaluations ; les deux ont certainement gagné en crédibilité depuis. Sans doute trouvais-je qu'Emmanuel Macron aurait du mal à échapper à son bilan de ministre, à la fois mince et controversé. Erreur.
- Compétence sur les politiques à mener : gros avantage à Emmanuel Macron, 3/4 contre 1/4. Dommage que sa compétence n'aille guère au-delà des questions économiques — sur le reste, c'est du technoïde qui n'imprime pas.
- Solidité physique et psychique : j'avais mis 2/4 à Emmanuel Macron, 4/4 à Marine Le Pen. Cette dernière a confirmé, impavide de toute la campagne. Emmanuel Macron a su gérer, a échappé à toutes les tentatives de déstabilisations, rétrospectivement un 3 aurait été mérité.
- Réactivité tactique, aisance à manœuvrer : j'avais mis 3/4 aux deux. Ils ont confirmé.
Personne n'a toutes les qualités d'un poste aussi énorme — et moi non plus et Jean Lassalle non plus, même s'il en a plus.
Les deux finalistes ont, toujours à mon avis, autant ou plus de qualités pour le poste que leurs cinq prédécesseurs, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande ; et tous deux sont loin du Général et assez loin de Pompidou.
Bref, et comme je l'ai écrit au début, ils sont à peu près à égalité
Ce ne sont donc pas leurs personnalités qui me permettront de les départager, mais plutôt leurs projets politiques — programme et valeurs.
En plus du programme ou de ses apparences, j'intègrerai à mon discernement l'équipe et les alliés en date de fin février dernier. Ils me semblent rendre crédibles des annonces d'actions - à ma connaissance - inédites, comme la réduction du nombre de parlementaires. Ces alliés ne vont pas l'empêcher de faire ce qu'il a annoncé.
http://www.lemonde.fr/election-pres...
Le problème viendra de l'opposition, qui sera plus virulente et mobilisatrice que jamais, et cela, des deux côtés de l'Assemblée.
A comparer avec un exécutif FN.
Concernant le projet en lui-même, celui de Jean Lassalle était plus audacieux et en profondeur... Mais celui de Macron souffrait-il d'une communication poussant à la superficialité ? (Liste de mesurettes pour plaire à tous les segments de marché électoraux visés). Peut-on supposer qu'il a une vision plus fondamentale des choses, ou bien encore qu'il se fie à des experts (comme Pisani-Ferry) ?
@ZigHug : tout à fait judicieux, c'était plus de travail Les quelques alliés de Mme Le Pen m'inquiètent, pour la plupart, pour leur incompétence et leur cynisme sur les sujets politiques (tout ce qui fait mousser…). Les alliés de M. Macron me semblent pour la plupart paralysants, à supposer que lui ait envie d'agir (je fais une exception pour M. Bayrou qui pourrait être un élément moteur). Avantage tout de même à M. Macron : en comparaison de 2012, les partisans de Mme Le Pen sont plus inquiétants que ceux de M. Sarkozy, et M. Macron a sans doute, au moins pour les premiers mois, plus de liberté par rapport à ses alliés, que n'en avait M. Hollande.