Réflexion d’entre deux tours de municipales… bien qu’écrite avant le premier ! Elle est un peu décourageante, mais qui sait si les leçons de l’épidémie permettront de la rendre obsolète ?!

“Il y a vingt ans encore, les maires disposaient d’une réelle capacité d’action. L’administration et les pouvoirs publics, aussi bien à leur place que dans leur peau, donnaient le meilleur d’eux-mêmes.

Une foule de bénévoles s’accomplissait, soit dans une démarche solitaire, soit au sein d’une multitude d’associations au service de tous. Les fêtes fréquentes entraînaient nos populations dans des communions baignées de joie, si propice à l’avènement de projets et de réalisations collectives.

Ce n’était pas un monde idéal et il arrivait que l’on se porte des coups très rudes, que des amitiés se défassent, que des groupes explosent. C’est le fardeau dont une communauté ne peut se défaire. C’est la vie.

Ce qui était possible alors, à condition d’y consacrer le temps et le sérieux nécessaire, ne l’est plus aujourd’hui.

Tout cela s’est effacé. Qu’a-t-il bien pu se produire pour en arriver là  ? Est-ce la peur prenant un peu partout la place de l’engagement ?

L’élu, au terme de décisions ineptes prises par les gouvernements successifs, s’est éloigné du terrain et de l’homme. Le citoyen se sent abandonné par lui, par les pouvoirs publics, par son pays.

L’administration de proximité, jadis organisée et s’appuyant sur les effectifs nécessaires, était ingénieuse, facilitatrice et bienveillante. Elle est aujourd’hui réduite aux acquêts, saignée à blanc. Elle n’est plus que contrôle aveugle et interdiction.

Les rôles des uns et des autres, différents et pourtant toujours complémentaires, sont devenus kafkaïens. Ce n’est pas pour cela qu’ils s’étaient engagés.”

Jean Lassalle, “Aube ou crépuscule ? Résistons !”, paru le 4 juin 2020, pp. 44-46 (extraits)