En l'occurrence LH2.
Personne ne pourra dire que je n'avais pas prévenu
- Pourquoi François Bayrou est devenu le favori pour 2012
- Les chances du Centre, en américain (ou les trois conditions du succès)
- Première condition : ok
(Au passage, comme les sondages sont une grande partie de mon métier : Pourquoi les sondages sont fiables, et biaisés; et Sondages : le Sénat fait un tout petit pas).
Bonjour Frédéric,
Oui, les conditions sont bonnes. Pas d'alternative au centre (Borloo, Morin, Villepin, Lepage ne comptent pas vraiment). EELV perturbé par ses relations avec le PS et ses dissensions entre écologie et gauchisme ne semble pas en mesure de faire le même coup qu'aux européennes.
Hollande est en repli, normal après la sur-estimation du à la primaire. Sarkozy plafonne à son maximum UMP+NC, soit 25-30%.
Et surtout beaucoup de nos concitoyens n'ont pas réalisé de choix (le nombre de "sans opinion" déclaré par les sondages étant totalement fantaisiste). Certains se décideront pour Bayrou. LH2(*) va donc annoncer d'autres scores en hausse, comme en janvier 2007. Cela va faire mal dans les états-majors UMP-PS.
Des critiques en série à venir de l'UMP, du PS, du FG du PS. Et donc beaucoup de grain à moudre.
(*) sauriez-vous ce qui dans les techniques de LH2 leur permet d'anticiper les tendances bayrouistes?
@ XS : sur l'analyse politologique : entre 10 et 14%, la candidature Bayrou ne menace personne (les deux candidats en tête y voient une réserve de voix négociable et partiellement prise sur l'adversaire) ; elle peut sans doute être utilisée comme étouffoir par la "gauche de la gauche" pour mettre la pression sur François Hollande, et par le FN pour décrédibiliser Nicolas Sarkozy, mais tant pis pour ces derniers.
Entre 15 et 20%, ça devient une menace pour l'accès des deux favoris au second tour, et la machine à mépris va tourner à plein régime. Il faudra voir si notre campagne y résiste, mais aussi… si la leur y résiste.
La question sur LH2 : non, je n'en sais rien, la méthodo semble classique (enquête téléphonique, échantillon renouvelé à chaque vague). LH2 attribue ce résultat à la couverture médiatique de la déclaration de candidature de F. Bayrou, et c'est naturellement l'un des facteurs (90% des Français sont encore bien plus préoccupés par les résultats de football que par la préparation de la présidentielle).
P.S. : on peut exclure l'hypothèse que ce résultat ait été biaisé intentionnellement : dans ce cas, LH2 ne prendrait pas la peine de minimiser ainsi la progression des intentions en faveur de F. Bayrou. Sans parler, bien sûr, de la déontologie de LH2, que je n'ai aucune raison de mettre en doute.
Une autre possibilité est que les sondeurs aient eu tendance à sous-estimer, dans leurs estimations, une légère progression de F. Bayrou en novembre, que cependant leurs "résultats bruts" auraient indiquée : je pense que cela s'est produit au printemps 2006. Hélas, aujourd'hui comme à l'époque, les "bruts" sont non publiés.
Enfin, le chiffre trouvé peut être, par pur hasard, au-dessus de l'état actuel de l'opinion (qui serait par exemple à 11%) ; les publications des autres instituts dans les prochains jours donneront une indication là-dessus. Plus fiable, bien qu'ils se copient en partie les uns les autres, ce qui fait qu'ils peuvent s'intoxiquer collectivement, dans un sens ou l'autre.
Désolé Fred, mais je n'y crois toujours pas.. principalement pour deux raisons.
1/ FB n'a pas rassemblé les sensibilités au sein du Modem.. Comment peut on imaginer qu'il aurait l'autorité naturelle de former un rassemblement national?
2/ Hollande n'est pas Ségo.
Mais peut être je me trompe... je l'aime bien le Béarnais.. tant mieux si je me trompe.
@ lg : deux éléments de réponse là-dessus :
1) François Bayrou préfère de beaucoup travailler avec les gens différents de lui, qu'avec des "clients", suiveurs ou disciples. C'est à mon avis son principal handicap pour diriger un parti, et son principal atout pour un gouvernement de large union. Là-dessus, il est très comparable à De Gaulle
2) Bayrou est toujours Bayrou … la constance aussi inspire confiance.
Peut-être que je me trompe aussi. L'électorat est souverain, et les adversaires ont de la force de frappe.
"Entre 15 et 20%, ça devient une menace pour l'accès des deux favoris au second tour, et la machine à mépris va tourner à plein régime. Il faudra voir si notre campagne y résiste, mais aussi… si la leur y résiste."
C'est bien ce que je voulais dire. En fait, cela semble être un bis de début 2007. La stratégie devra ensuite être assez subtile: s'imposer comme un "Nick Clegg français" incontournable. Le pb est que les caciques de l'UMP et du PS: Copé, Bertrand, Aubry .. Sarkozy! sont moins "centro-compatibles" que G.Brown et J.Cameron outre Manche, du moins sur la séparation gauche-droite.
Pour LH2, je voulais dire que en 2007:
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...
LH2 a plutôt surevalué (ou anticipé selon les points de vue) les probabilités de vote Bayrou. IFOP étant pro-Sarkozy, et le CSA plutot pro-Royal. Ce serait en fait intéressant de savoir les différences de méthodes de recueil et de redressement.
C'est le sondage LH2 du 29/01/2007 à 14% qui a été le premier coup de tonnerre (même dans la presse internationale). Un sondage du "Monde Informatique" de début janvier donnant F.Bayrou à 30% .. parmi les informaticiens avait surpris surtout ces milieux professionnels.
Candidature de Villepin sur le mot d'ordre "rassemblement". Il marche sur les terres de Bayrou, mais est moins crédible.
@ XS : les données sur wikipedia sont partielles, il manque pas mal de sondages. En moyenne, selon mes calculs, chaque Institut a été dans une fourchette de +-1,3 points autour de la moyenne des autres, soit en gros, "l'intervalle de confiance à 95%", compte tenu du nombre de sondages réalisés. (En clair, on ne peut affirmer d'aucun institut qu'il avait une dérive systématique en faveur ou défaveur de F. Bayrou).
LH2 et SOFRES étaient exactement dans la moyenne des 5 autres (0,0 de différence) ; IFOP était le plus loin de la moyenne (+1,3). IPSOS, BVA et CSA donnaient des intentions un peu plus faibles que la moyenne, mais l'écart est si faible que, une fois encore, on n'a pas de quoi l'attribuer à autre chose qu'au hasard.
Un ami étudiant me disait en septembre : "Bayrou ? J'croyais que c'était fini." Sous-entendu : il n'est pas un candidat susceptible de gagner comme en 2007, où il avait lui-même justement assisté à un meeting de Bayrou pour prendre connaissance du candidat, à l'occasion de son premier vote pour la présidentielle.
Je croise ce témoignage (d'un sympathisant de gauche) avec celui analogue d'un sympathisant de droite, et j'extrapole : même un électeur instruit et "à conviction" s'attache plus volontiers à un candidat susceptible de gagner. Vous devez être au courant si vous vous y connaissez dans ces choses, mais moi ça m'étonne toujours que la probabilité de gagner d'un candidat pèse sur un choix personnel aussi important qui engage la vie et la construction d'un pays.
De ce fait, un Bayrou à 15% ne va plus du tout avoir la même aura de looser (aux élections intermédiaires), et un fort effet boule de neige est à prévoir.
Les facteurs positifs pour la croissance de ce choix :
- la constance oui (enfin les journalistes relèvent régulièrement que "Bayrou était le premier à en parler") dans un contexte qui sensibilise les électeurs à la limite du clivage droite-gauche,
- Les journalistes relèvent comme obstacle principal à son projet, non son diagnostic, mais
1) sa place de 3e : pb résolu dès qu'il sera 2e potentiel voire 1er dans les sondages !
2) son programme "trop flou" : pb résolu dès qu'il aura pu le préciser, et il a largement le temps...
- de bonnes prestations régulières dans les médias (j'en suis au moins une sur deux) où il est plus synthétique, plus détendu, moins buté (mais attention quand même !).
Ma petite fille pleure, j'peux pas poursuivre... A bientôt !
@ Huguy : oui sur tout. D'ailleurs je fais le même raisonnement (il y a pas mal de de gens qui feraient de bons présidents mais pour lesquels je ne ferais pas campagne, tout simplement parce qu'ils ne sont pas dans la course, et que ce serait donc du temps perdu. Ce qui compte est de changer effectivement les choses).
La question suivante des journalistes, quand ta petite fille aura fini de pleurer est "mais avec qui gouvernera-t-il, on ne peut pas le faire tout seul". La réponse, pourtant simple ("il y aura foule pour accepter") n'a pas suffi en 2007, il faudra donc l'améliorer en 2012.
les miennes ont fini de pleurer.
J'attends maintenant avec impatience la réponse à cette dernière question, qui est effectivement pour moi primordiale ! Car les profiteurs (les foules qui accepteront) ne m'intéressent pas, je préfère les convaincus... ceux qui sont donc avec Bayrou actuellement... et c'est là le problème : personne ne sait si ils existent et qui ils sont.
La candidature Villepin est d'ailleurs à mon avis un gros caillou dans le jardin de Bayrou sur ce point, puisque voilà potentiellement une personnalité qui aurait pu illustrer les soutiens de Bayrou, mais ce sera pour la prochaine.
Ah si en réfléchissant, il y a bien Jean Arthuis, mais je me rends compte que je ne sais même pas comment son nom s'écrit... aïe aïe aïe...
@ jbl : Je comprends bien. On peut raisonnablement espérer que diverses personnalités "de la société civile" soutiennent François Bayrou dans les prochaines semaines, comme il y en a déjà eu de premières.
Quant aux personnalités politiques, ce n'est pas tellement un problème de conviction mais d'auto-intoxication : un politique est un noueur-de-liens. Il travaille à deux niveaux entremêlés : le "off" des menaces, promesses, compromissions, qui soude un parti et contraint les fidélités ; le "on" des médias, où l'on clame des orientations collectives. Le politique n'a plus le moindre neurone disponible pour la réalité, la vie des vraies gens, l'économie réelle et tout ce genre de choses. Il peut garder quelques convictions, qui sont alors de l'ordre de l'éthique personnelle, et surtout de restrictions dans la façon de se comporter face aux liens partisans et aux médias : ne pas trahir la Nation au profit d'un autre Etat, ne pas insulter autrui (ou ne pas insulter l'avenir), ne pas aller contre un intérêt général qui serait publiquement reconnu, ne pas cafter, ne pas changer de camp, ne pas ouvrir la porte aux partis extrémistes…
C'est pourquoi une classe politique s'enkyste vite et a besoin d'un renouvellement fréquent par des personnes non encore engluées dans ce fonctionnement, des personnes qui ont encore des convictions forgées dans la vie réelle : des personnes qui créent de nouveaux partis, de nouvelles personnalités dans les partis existants, le renouvellement aux élections grâce au non-cumul des mandats, etc.
En France, les règles sont au contraire celles de la féodalité : la dépendance mutuelle au sein de réseaux qui contrôlent et paralysent les appareils politique, économique, administratif et judiciaire.
Les Français y sont habitués mais savent repérer, je crois, les personnes au caractère assez fort pour échapper à la paralysie, pour penser et agir par elles-mêmes. François Bayrou en fait partie bien entendu, et aussi la plupart de ses soutiens d'aujourd'hui (Jean Arthuis effectivement, Alain Lambert, Yann Wehrling, Jean Peyrelevade, etc.). Nicolas Sarkozy aussi en faisait partie, et, s'il avait connu du monde autre chose que Neuilly-sur-Seine, peut-être aurait-il pu être, pour la France, un Président acceptable
Voilà un homme qui peut nous réconcilier avec les politiques. (NDLE : je retire le lien signature qui pourrait être considéré comme commercial. J'encourage toutefois la production française, y compris dans le secteur des livres pour enfants !).