Je découvre ce matin sur son site l'initiative de Christophe Ginisty, le contenu de la lettre ouverte adressée à François Bayrou et à l'exécutif du MoDem, ainsi que la liste des signataires
Si j'avais été au courant, je n'aurais pas signé cette lettre - je ne signe que quand j'approuve la totalité, et il y a plus d'une formule désagréable.
Mais je suis bluffé de voir un texte aussi raide signé par cette liste de personnes - qui sont, en substance, parmi les plus dévouées des plus dévouées. Ces militants avaient, jusqu'ici, défendu avec persévérance la façon dont était géré le Mouvement, contre ceux présentés comme des contestataires. Des piliers, des moteurs du combat "pour la cause".
A en juger par la lettre et les premiers commentaires, ils sont au bord de l'écoeurement.
Le contenu de leurs demandes n'a rien de surprenant, il s'agit essentiellement de mettre en place ce qui avait été officiellement annoncé depuis la fondation du Mouvement.
C'est le ton, très exigeant, revendicatif ("Nous, les Promoteurs, voulons..."), qui surprend.
S'agit-il de grognards qui grognent, mais marcheront toujours ? L'hypothèse vaudrait s'ils demandaient à se reposer, à être laissés en paix ; c'est l'inverse : ils veulent être mobilisés, avoir l'impression de servir à quelque chose dans une organisation qui fonctionne.
Comment comprendre cette situation étrange ?
1) Je suppose que ce texte traduit une double incompréhension, une de la base et une du sommet du Mouvement, vis-à-vis des rôles et engagements respectifs de la base et du sommet.
La base, au moins celle qui s'exprime, voudrait apparemment un François Bayrou non seulement présidentiable, mais aussi leader de Mouvement (démocrate, civique, de citoyens actifs). Ces militants confondent en partie les deux rôles, croient que c'est le même genre de personne qui peut tenir les deux, une sorte de Kennedy Luther King. Il faudra bien qu'ils en fassent un jour leur deuil.
Le sommet s'imaginerait apparemment les adhérents Démocrates comme des supporters de François Bayrou, un peu comme les "supporters de Nicolas Sarkozy", les militants communistes disciplinés du temps jadis, que sais-je encore. Alors que ces adhérents sont venus après la présidentielle, non pour faire la campagne Bayrou, mais pour reprendre à leur compte le même combat dans toute la France. Certains peut-être se sentent empêchés de le faire par une organisation dont la préoccupation numéro 1 serait de ne pas gêner le Président du mouvement dans son action personnelle.
2) Il y a peut-être aussi une vision partielle des choses, aux deux étages.
Le sommet sait bien qu'une élection ne peut être gagnée par les militants, que la campagne de terrain permet de gagner au mieux 1 ou 2% des voix le jour de l'élection - et le résultat des européennes le démontre encore. Il faudrait donc donner la priorité au grand public sur les militants.
La base sait bien qu'un leader sans troupes ne serait pas crédible, aurait le statut public d'un chroniqueur plus que d'un gouvernant.
3) Il y a enfin, je crois, une incompréhension de la base, au moins des signataires, quant à la faisabilité de l'organisation structurée qu'ils appellent de leurs voeux.
Ils veulent des porte-parole, mais cela suppose une parole commune, connue de tous, pour être portée. Ils veulent des secrétaires nationaux thématiques, des Unions régionales, des représentations à l'échelle des euro-régions électorales, des commissions de la FED etc., des "flux d'information" en tout sens, mais quelles sont les conditions pour que ces communications entre personnes mandatées ne tournent pas à l'incohérence et au capharnaüm[1] ?
Il faudrait que toutes ces personnes soient en phase sur une même philosophie politique explicite, disons une même idéologie, qui puisse se décliner de façon cohérente par thèmes, régions etc.
Mais on n'en voit pas la trace dans leur lettre - "un nouveau champ politique, un espace protégé des dogmatismes", ça n'est pas bien précis[2].
On peut définir un projet commun de cent façons : par des slogans, des raisonnements, des exemples vécus, des modèles à imiter, etc.
Mais combien de militants, et même combien de signataires de cette lettre, ont lu le texte de l'été 2007 dans la revue Commentaire sur "Le projet démocrate" ?
Combien se mettraient d'accord sur le nom d'un gouvernant, d'un pays, d'une ville, d'une structure de quelque type que ce soit, authentiquement démocrate et exemplaire de notre combat ?
Il y a quelques jours encore quelqu'un (non adhérent, intéressé par la politique) me dit : "Démocrate je ne sais pas ce que c'est, tout le monde est démocrate ; tandis qu'UDF je comprenais bien ce que ça veut dire : de droite mais pas trop". Ourgl.
Point par point d'un programme politique, les militants démocrates s'accordent très facilement entre eux - comme avant eux ceux de l'UDF. Mais étrangement, la tonalité commune, la ligne mélodique d'ensemble, restent comme inaudibles dans notre société française.
En fait, il y a deux points de rassemblement : d'un côté l'action et le discours de François Bayrou, orateur principal et figure emblématique du Mouvement ; de l'autre l'expérience vécue entre adhérents.
Mais l'expérience entre adhérents a été en beaucoup d'endroits chaotique et décevante. Et l'orateur principal, François Bayrou, a connu un couac.
Voilà qui peut expliquer, sans doute, le désarroi général, et comment ces personnes en sont venues à signer cette lettre ?
Lundi 22 juin - une suite à ce billet ici.
Notes
[1] Précision (ajoutée après les 9 premiers commentaires ci-dessous) : je suis un partisan enthousiaste de la diversité d'expression, y compris au sein du parti, quand chaque personne exprime son point de vue sous sa propre responsabilité. Ça se complique quand elle est mandatée, que sa parole a acquis du poids, du pouvoir... Plus de cohérence devient nécessaire.
[2] Il y a plus de précisions, évidemment, dans la lettre. Ça ne modifie pas mon appréciation !
Merci pour cette vision pleine de recul...
J'aime beaucoup cet article.
"Tout le monde est démocrate" ? Que nenni ! Il suffit d'écouter deux minutes n'importe quel politicien(ne) du pays pour s'en rendre compte (à quelques exceptions près, évidemment). Au-delà, cautionner le système électoral et institutionnel actuel, revient également à une incompatibilité avec le qualificatif de démocrate. Tout cela, nous devons le formaliser et le développer (François Bayrou a fait les trois quarts du boulot, mais qui l'a lu ou écouté ? seule une minorité des adhérents, manifestement), et le diffuser auprès de la population, sur le terrain, dans notre entourage, partout, inlassablement et fermement. Quand je constate que nous en sommes toujours au même point qu'en 2007 (tant du point de vue des questionnements sur le fonctionnement interne, que sur le positionnement politique et son explication auprès des gens), des fois je me dis, autant rester dans ses pantoufles devant la télé. Il semblerait bien que nos dirigeants (quels qu'ils soient...) n'attendent d'ailleurs que ça. (heureusement je n'ai ni les unes, ni l'autre)
Tu préconises de construire un corps idéologique ? Certains y travaillent... Espérons que leur entreprise soit pris en considération !
Je suis d'accord sur le fait que la communication ne peut être le cœur idéologique de notre projet.
Ce que je ne peux pas croire, c'est que ceux qui signent cette lettre aujourd'hui n'aient pas eu conscience des questions qu'ils soulèvent depuis déjà bien longtemps.
Peut être que les choses sont beaucoup plus simples qu'il n'y parait. On peut théoriser longtemps.
Mais
Peut être que certains militants qui ont soutenu l'organisation du Mouvement pendant sa mise en place, déchantent aujourd'hui, car le but atteint n'est pas celui qui était escompté...
Peut être que si certains élus presque tous anciens élus UDF (en tout cas dans les hauts de seine) n'avait pas immédiatement verrouillé les commissions, les présidences et les échanges de bons procédés électifs, puis confisqué la parole de militants juste bons à tracter,
Peut être que si le CCC n'aidait pas à faire le ménage dans les rangs des militants les plus brillants, en soutenant la population qui s'est approprié le pouvoir....
Peut être que si l'élan qui a rassemblé autour de François Bayrou en 2007 n'avait pas été étouffé par ces mêmes personnes...
Peut être que si un militant était aussi respecté au MoDem qu'un élu...
Peut être que nous n'en serions pas à signer cette lettre ouverte. Peut être que tout ce gâchis aurait pu être évité.
Moi je ne regrette pas d'avoir signé. Ceux qui ont signé disent simplement qu'ils veulent rester pour peu qu'on les respecte. S'ils ne sont pas entendus, et cela en prend bien le chemin, je pense que beaucoup partiront. Suffisamment de partis leur font les yeux doux.
Et le sommet le sait bien : même si les militants ne gagnent qu'un ou deux pour cent des voix, sans militants, pas de mouvement.
Corinne Lepage et JF Khan ont bien su dire ce qu'ils avaient à dire ....
Pire ils ont brandi la menace de quitter le Modem
Quoiqu'il en soit il fallait que les choses bougent.
Au moins de ce côté c'est réussi . Il fallait un débat c'est fait
"Si j'avais été au courant, je n'aurais pas signé cette lettre - je ne signe que quand j'approuve la totalité, et il y a plus d'une formule désagréable." Et quand vous votez, vous approuvez la totalité du programme d'un candidat ou vous exprimez le rejet de son concurrent ? , soyons sérieux, je ne pense pas que le monde soit si binaire que vous le présentez dans l'en-tête de votre billet.
Maintenant, il est vrai que l'on peut ne pas être en phase avec le ton et l'intégralité du contenu de cette démarche ; cela n'empêche qu'on peut tout de même se reconnaître dans une démarche, c'est ainsi que s'exprime Corinne Lepage, en apportant son soutien aujourd'hui, tout en versant ses commentaires et propositions à ce dialogue.
Pour ma part, je vois cela comme une plate-forme de départ (et non un schéma figé à imposer) pour une réflexion et un point de convergence afin que soit porter ce message à tous les niveaux de notre édifice, et pas simplement "en haut".
Je pense que la plupart des personnes qui se reconnaissent dans cette démarche, ne remettent ni en cause les instances en place, ni les personnes qui les animent, mais réclament, qu'au minimum, l'esprit de la charte et l'application des statuts soient une réalité pour un fonctionnement efficace et l'avènement d'une formation politique mature.
maintenant, vous n'êtes pas obligés de me croire...
@ tous, merci pour vos commentaires constructifs.
@ Christophe Calonne : mais je vous crois ! je connais d'ailleurs une bonne partie des premiers signataire et suis convaincu de leurs motivations constructives (de même que de celles des "Démocrates en mouvement" en leur temps, etc.).
Cela étant, sur votre premier paragraphe, comparaison n'est pas raison : il s'agit d'une lettre ouverte, pas d'un vote. Et je ne crois pas du tout que le monde soit binaire... sinon, que ferais-je dans un Mouvement Démocrate ?!
Oui, les plus dévoués des plus dévoués...
Dans cette histoire, depuis le fameux couac, je me dis que c'est quitte ou double :
- quitte on fait un super score aux européennes, double on se vautre en-deçà de tout. Ce fut double...
- quitte on commence à construire un mouvement démocrate où les deux mots ont leur importance, double tout le monde s'en va et c'en est fini de ce rêve si patiemment construit depuis les années 90...
Je pense que ce sera quitte, et peut-être parce que les fidèles des fidèles auront exprimé des positions constructives.
@FrédéricLN
Je pense effectivement que votre présence tant éditoriale que physique démontre votre engagement… non binaire, et je reste persuadé que nous avons tous notre place au sein du Mouvement Démocrate et sommes en capacité de dialoguer ;
et pour faire dans la métaphore, je pense juste que quelques réglages de fréquences faciliteront l'émission, la diffusion et la bonne réception du message en mode omnidirectionnel !
pas tout à fait faux OAZ, ça sent la redistribution, donc certains se placent en tête d'une pseudo contestation pour s'assurer une part un peu plus conséquente.
S'étaler sur la place publique après la débacle des européennes au lieu de l'interne défait complétement l'aspect constructif de la démarche, n'y a t-il pas un conseil national où les conseillers nationaux ont en face d'eux le Boss himself et donc la possibilité de l'interpeller sur ces sujets.
Je me souviens que quand une poignée l'avait fait, certains se sont fait insulter, d'autres huer par ceux là même ( à l'exception d'un ou deux signataires) qui aujourd'hui reprennent l'analyse qui fut faite il y a plus d'un an par des personnes qui ont depuis pris le large.
Le plus rigolo, c'est le Mr Web du MoDem qui mène la fronde, alors que l'action Web de ce mouvement a été un fiasco en retombée electorale le 7 juin. Ce qui m'a fait le plus marré c'est "...d’organiser une vraie cellule communication, « composée de militants reconnus pour leurs compétences professionnelles dans les différents domaines de la communication..."
Le cirque Orange est de moins en moins drôle, continuez comme cela et cela va virer au pitoyable.
@ Farid L : merci de votre visite. Si vous regrettez que les "Promoteurs" n'aient pas tous eu un regard bienveillant sur les listes "en Mouvement", j'imagine que vous tiendrez à avoir vous même un regard bienveillant sur leur initiative !
En regardant de plus près la lettre, vous noterez que les revendications des "Promoteurs" diffèrent en beaucoup de point de celles des "Démocrates en mouvement". L'organisation en filigrane dans le texte des Promoteurs est fondée sur le principe de délégation, top-down, sans mécanismes de retour, proche de celle d'une entreprise ; l'organisation proposée par les DeM (je mets à part Rémy Daillet-Wiedemann) est d'inspiration plus administrative, avec une multiplicité d'instances et de contrôles, de mécanismes de retour incessants (checks and balances).
Le point commun, naturellement, des deux : souhaiter que l'organisation fonctionne, au-delà de fournir une "claque" pour les meetings, et au-delà d'investir des candidats. Ce qui sont les deux fonctions usuelles des partis en France.
Pourquoi de la bienveillance ? juste de l'objectivité, je dis simplement que certains de ceux qui se veulent promoteurs aujourd'hui étaient les censeurs et courtisan(e)s d'hier.
Je n'ai pas dit qu'ils portaient le même projet mais qu'ils nous servaient la même analyse de la situation pour étayer leurs propositions.
Les démocrates en mouvement n'ont jamais eu de revendications. Il a, à chaque fois, s'agit de la mise en place de plate forme débouchant sur une production propositionnelle. A charge des instances de trouver les bons acteurs, ou de mettre en place des mécanismes de désignation impartiaux, si elles validaient le scénario. Qu'il y ai eu des opportunistes qui se soient insérés dans cette démarche, c'est plus que probable, mais ils n'ont jamais été les locomotives. Mais bon on ne va pas refaire le film, le Président du MoDem s'est pris pour le roi soleil, préférant les courtisans aux proposants, avec l'eclipse en cours, il va peut être revenir sur terre, mais n'est ce pas trop tard ?
Vous me parlez d'une démarche proche de l'entreprise, dans une entreprise, quand on a des résultats du même type que ceux du MoDem, on en tire rapidement les conclusions, et on prend ses responsabilités. Certains des promoteurs ont eu ou ont encore des responsabilités, si ce n'est pas le cas, ils ou elles ont eu l'oreille de F.B, ils ou elles ont donc leur part de responsabilité dans le fiasco, ils ou elles devraient donc se faire tout petit.
"...Le point commun, naturellement, des deux : souhaiter que l'organisation fonctionne, au-delà de fournir une "claque" pour les meetings, et au-delà d'investir des candidats. Ce qui sont les deux fonctions usuelles des partis en France...."
Surtout que l'organisation puisse faire objectivement la synthèse des attentes majeures de la population pour y répondre par des propositions réalisables et pertinentes dans le contexte, national ou mondial, à venir. Mais en France, les "ouailles" préfèrent s'en remettre à la vision d'un seul homme (mais curieusement jamais d'une femme) et tous les partis majeur fonctionne sur ce mode. Dans ce type de fonctionnement, les groupes de pression divers et variés ont tout loisir d'influer sur "l'élu", et dans les faits ce dernier va forcément s'éloigner de l'objectif initial.
Comme conclusion, je sais par expérience qu'il faut se méfier des rassembleurs qui utilise trop souvent le "je" et des militant(e)s qui cultivent le culte du chef suprême.
Bonne continuation
Deux évènements aujourd'hui : je passe après mon ancien troll et je lis ton blog.
Tout le monde parle de ton billet, alors j'arrive et je dois dire que je le trouve bien, en effet.
Peut-être à bientôt
Le fameux petit grognard reprendrait du service ?
Et je ne suis pas averti, me priver d'une de mes promenade favorite, c'est pas sympa !
Grognard es-tu là ?
@ Farid L "Pourquoi de la bienveillance ? juste de l'objectivité" C'est intéressant, ce que vous écrivez là (et il y a du contenu dans la suite aussi ).
J'écrivais "de la bienveillance" parce que pour moi c'est le B.A.-BA de la démocratie, au sens de la phrase de Barack Obama "Croire en l’autre, c’est ce qui a fait de moi un Démocrate."
Mais vous avez raison, l'objectivité a aussi ses vertus. Je crois me souvenir d'avoir entendu Marielle de Sarnez, dans un discours (mais je n'en ai pas retrouvé le texte) expliquer que "être démocrate, c'est dire la vérité aux Français". Cette exigence de "vérité même quand elle déplaît" fait aussi partie du fonds démocrate.
Heureusement, les deux sont, je crois, compatibles. Parce que c'est tout de même la bienveillance qui rend le débat possible, au sens de "vivable" !
Le BA-Ba de la démocratie, c'est la justice. La bienveillance n'est applicable qu'aux personnes que l'on considère de bonne foi, je sais que cela peut paraître subjectif mais que voulez vous nous ne sommes que des hommes.
bonjour
apres ces elections européennes , bien sur qu'il faut se remetrre en ordre de marche et faire le point sur la gouvernance du mouvement. Cependant ne dramatisons pas. Le score des municipales de perpignan nous raméne à un score qui est le notre dans l'opinion francaise (14 %) La deconvenu des europeennes meme si elle a aussi des causes chez nous est tres conjoncturelle et non significative avec ce taux d'abstention enorme.
de plus alors que depuis 15 joours notre leader se tait j'entend tout les chroniqueurs qui lui reprochaient son discours anti sarkozy reprendre ces mêmes critiques à leur compte. Robert Badinter ce matin sur france inter a parlé du president de la république avec la même virulence en parlant de ses defauts. Alors n'ayons pas honte de notre campagne
"Le score des municipales de perpignan nous raméne à un score qui est le notre dans l'opinion francaise (14 %)" Vous êtes très optimiste dans cette lecture : c'était une liste divers gauche - Verts - MoDem conduite par un ancien député PS. Elle regroupait deux listes de 2008 qui avaient obtenu beaucoup plus. Bref ... encore une baffe.
Merci pour votre commentaire sur mon dernier billet, je vous répondrai sous peu.
Au passage, j'ai appris que le jour même des élections européennes se tenaient des élections municipales dans une ville du 94 (Chennevières-sur-Marne, NdFrédéricLN) : la liste MoDem a obtenu 20,5% alors qu'en même temps Marielle de Sarnez faisait bien moins que la moitié de ce chiffre... Le MoDem n'est pas forcément rejeté par la population ; et de manière générale sur le plan national il ne faut pas chercher à tirer trop d'informations (sur quelque sujet que ce soit, hormis l'abstention) à partir des chiffres des européennes...
Cher FLN,
Signataire du texte des Promoteurs, je confirme que j'ai lu l'article sur le projet démocrate paru dans la revue commentaire en 2007
Je l'ai trouvé très bien sur le moment, mais après-coup il m'a semblé spécifique à la réalité française et je me suis dit finalement "and so what" ?
Depuis je préfère me dire "du centre" plutôt que "démocrate" = le juste milieu, prendre ce qu'il y a de meilleur de part et d'autre, sans aveuglement idéologique.
Ce qui finalement me semble être le fil directeur de tout projet nouveau de société, et je suis d'accord avec Corinne Lepage là-dessus, c'est la notion de dévelopement durable, qui nous oblige à repenser les équilibres économiques, sociaux, géopolitiques... les Français ne s'y sont pas trompés !
Cher Frédéric,
Moi aussi j'arrive sur ton blog par un lien lu quelque part. Tu sais que je t'apprécie et aime ton analyse lucide.
Sur pas mal de points, je suis d'accord avec toi, pas sur tous. Je vais essayer de décortiquer.
Tout d'abord, il y a le projet clair et compréhensible. C'est la base de tout militantisme, car militer pour une personne, c'est beaucoup plus difficile. Les gens attendent des solutions pour leur pays et pour leur vie de tous les jours.
Or, le projet de société, n'est toujours pas clairement formulé. Les gens savent
"Contre Sarkozy", ok, mais est-ce suffisant?
"Pour le développement durable", ok mais OÙ le voyait-on jusque là hors les personnes - encore une fois - Corinne Lepage et JL Bennhamias ? Depuis, d'autres se sont faits mieux entendre et le gouvernement les y a aidés - voir l'excellent article du Monde:
http://www.lemonde.fr/politique/art...
Et puis, quoi ? Que retient la population ?
Il est donc urgent de structurer la réflexion. Pour avoir participé aux forums de réflexion sous la présidence de Corinne Lepage - avec plus de 680 contributions - j'ai vu que tout cela serait comme de l'eau qui s'écoule dans du sable chaud, s'il n'y avait pas une vraie ORGANISATION pour structurer le tout. Nous en avons parlé tous les deux plus d'une fois.
Une organisation digne d'un mouvement qui veut un jour diriger tout un pays, et non comme celle d'une toute petite PME. Il faut se donner les moyens - humains et structurels - de ses ambitions.
TU écris:
"La base, au moins celle qui s'exprime, voudrait apparemment un François Bayrou non seulement présidentiable, mais aussi leader de Mouvement (démocrate, civique, de citoyens actifs). Ces militants confondent en partie les deux rôles, croient que c'est le même genre de personne qui peut tenir les deux, une sorte de Kennedy Luther King. Il faudra bien qu'ils en fassent un jour leur deuil."
Je ne suis pas du tout d'accord. Les militiants dont tu parles, ceux qui trouvent la démarche des promoteurs OK, ne veulent pas du tout ce que tu décris. F. Bayrou doit bien rester présidentiable, mais doit DELEGUER comme le fait le chef d'une grande entreprise qui ne s'occupe pas de tout, mais a ses gens compétents et son organisation matricielle.
C'est le secret des entreprises qui réussissent. Ce n'est pas à lui de s'occuper de tout, bien au contraire...
Tu écris:
"Il faudrait donc donner la priorité au grand public sur les militants."
Je ne partage pas ta vision des 1-2%. Le "grand public", c'est celui du bouche à oreille, des amis des amis qui sont gagnés par l'information. Celle de la TV atteint surtout les personnes âgées. Et des militants démotivés, désorganisés ne font plus de bouche à oreille. Tu sais aussi qu'un "client" satisfait en parle à 2 ou 3 et qu'un "client" insatisfait en parle à 11 personnes.
Tu écris:
"Il faudrait que toutes ces personnes soient en phase sur une même philosophie politique explicite, disons une même idéologie, qui puisse se décliner de façon cohérente par thèmes, régions etc."
Mais c'est EVIDENT. Et seule une bonne organisation pourra l'assurer. Les "commerciaux" d'une entreprise, ses attachés de presse, ne disent pas le contraire les uns des autres, au quel cas, ils seraient vite "remerciés", l'organisation ET la communication, à côté d'une délégation en fonction des compétences, permet la cohérence.
Tu écris:
"Mais combien de militants, et même combien de signataires de cette lettre, ont lu le texte de l'été 2007 dans la revue Commentaire sur "Le projet démocrate" ?"
Il se trouve que je l'ai lu - avec plaisir d'ailleurs. Mais cela reste de la haute philosophie, pour gagner une élection, il faut des choses concrètes.
Je passais une semaine il y a peu avec des cousins éloignés. Lui, ouvrier métallurgiste, elle coiffeuse. Nous parlions du MoDem et de F. Bayrou. Leur commentaire: "Quand il parle à la TV, on ne comprend RIEN de ce qu'il veut dire." C'est clair, ils l'ont répété à plusieurs reprises. Nous, formés à la pensée plus ou moins analytique, pouvons adhérer à ce discours, intelligent, argumenté, nous pouvons en voir les points forts et les failles. Mais les ouvriers, agriculteurs, les petits commerçants qui ne votent pas pour le MoDem, eux, ils attendent un tout autre discours, tout simplement pour pouvoir le comprendre.
Si tu regardes le résultat sociologique de l'électorat dans les enquêtes d'opinion, tu constateras que le MoDem ne touche pas du tout les agriculteurs, ouvriers, sans profession, etc... Ce sont pourtant eux qui assurent une majorité. Et ils attendent non pas une critique de Sarkozy, mais des propositions concrètes ET compréhensibles, en quelques mots.
Tu écris:
"En regardant de plus près la lettre, vous noterez que les revendications des "Promoteurs" diffèrent en beaucoup de point de celles des "Démocrates en mouvement". "
Absolument d'accord. Non seulement les "revendications", mais le "ton" et le "respect"...
Tu écris:
"J'écrivais "de la bienveillance" parce que pour moi c'est le B.A.-BA de la démocratie, au sens de la phrase de Barack Obama "Croire en l’autre, c’est ce qui a fait de moi un Démocrate." "
Absolument d'accord là aussi. Seulement la "bienveillance" ne peut être à sens unique. Elle doit aussi venir d'en haut, sous forme d'écoute et de réponse de la part de ceux qui ont été "nommés" ou "élus" pour s'occuper de gérer ce mouvement qui a grandi si vite. Je pense que la structure actuelle en est incapable, elle l'a démontré depuis maintenant deux ans.
Et ce n'est pas F. Bayrou qui en est la cause, mais c'est lui qui en est responsable, car c'est lui qui devrait déléguer et confier la structuration et l'organisation à des professionnels...
Ce que je viens de lire sur le site de Christophe Ginisty:
http://www.ginisty.com/Entre-nous,-...
notamment le commentaire de Labarde 23/06/2009 03:06 auquel j'ai répondu, est inquiétant et devrait faire l'objet d'un débat en interne au Conseil National qui ne devrait pas juste être là pour opiner de la tête à ce qu'on lui propose...
Il y a là quelque chose d'urgent, à mon humble avis, comme je l'indique dans ma réponse à "Labarde" sur le site de Christophe.
Merci en tout cas, de ton analyse.
Au plaisir
Danièle
@ tous : Je manque à tous mes devoirs d'hôte en ne répondant pas à chacun - c'est que je n'ai pas l'habitude d'accueillir tant de monde ! Déjà, bises aux filles.
@ nelly#1 : recul, il y a de ça, mais j'espère pouvoir demain avancer !
@ florent#2, antonin#3, OAz#4, Karlinius#6 : en gros, oui
@ Lisette #9 : je croyais que "double" c'est quand on reste ?
@ LCDM #14 : avec plaisir
@ Philippe #5 : je crois comprendre ce que vous écrivez, mais pour que le raisonnement tienne il faudrait comprendre un autre aspect : comment se fait-il que tout cet "élan", cette parole, etc etc., n'aient pas été suffisamment automotrices pour émerger seules ? comment se fait-il que le "verrouillage" ait été aussi facile, les personnes que vous mettez en cause n'ont tout de même aucun moyen policier pour empêcher les militants de militer ? Si un militant n'est bon qu'à protester contre le peu de considération ou d'encouragement qu'il reçoit d'un niveau national mythique, ce n'est pas un militant, c'est juste un fan.
@ Fotini #21 : gros sujet. Mon billet de ce soir ( http://demsf.free.fr/index.php?post... ) essaye de prendre en compte ton témoignage, au moins en petite partie.
@ Daniele : bonjour et je suis très honoré de cette longue réflexion. Même si tes nombreuses publications de ces derniers temps m'inquiètent pour la santé de ton entreprise - inquiétude qui à vrai dire s'applique aussi à la mienne. Bloguer pas bon pour business !
Une bonne analyse est le croisement de plusieurs regards complémentaires ... Sur la plupart des points que tu soulèves, je ne pense pas être en contradiction.
J'ai tout de même deux points de désaccord à signaler au passage.
Une expression qui me donne des boutons : "Il faut se donner les moyens - humains et structurels - de ses ambitions." Etant mathématicien de formation, je ne sais pas comment on peut "se donner". Le MoDem pourrait avoir un budget annuel inférieur à 2 millions d'euros dans les prochaines années. On "se donne" quoi avec ça ?
Et sur les sondages : ce n'est pas tout à fait vrai. Nous obtenons presque les mêmes scores dans les classes populaires que chez les "CSP+", et c'est nouveau pour le Centre. En revanche, et c'est nouveau aussi, nous obtenons très peu de suffrages chez les "plus de 60 ans". Là, gros gros problème.
Un point que je n'ai pas compris : "le "ton" et le "respect"..." : dans l'ensemble, les "Démocrates en Mouvement" m'ont semblé fort constructifs et respectueux. Les "Promoteurs" aussi. Dans l'un et l'autre cas, il y a des formules rugueuses - mais un attachement profond au Mouvement et à l'espoir ouvert par François Bayrou. D'un l'un et l'autre cas, il y a, parmi les porteurs de l'initiative, des personnes qui se sont crues mandatées par François Bayrou pour travailler de telle ou telle façon sur tel ou tel sujet - et qui ont été déçues par la suite.
@ux autres : ben tout de même, j'avais réussi à répondre à quelques-uns !
Bonjour,
je prends le train en marche, mais je vais essayer de résumer ce qui s'est dit à notre dernier conseil départemental
1/je suis d'accord avec ceux qui rappellent que la plupart des militants d'aujourd'hui sont venus au MoDem après les présidentielles.... avec l'envie de faire de la politique autrement (ce qu'on leur avait fait miroiter) et pas de constituer le fan club de F. Bayrou (ce qui me paraît incompatible d'ailleurs avec une vison saine de ce qu'est une démocratie)
2/le monde a changé : tracter sur les marchés (même bio, équitables...) ne fait plus l'élection sauf peut-être pour les municipales. Mais les militants du MoDem qui utilisent internet ont une fâcheuse tendance à oublier qu'ils interviennent sur un espace public, où la plupart des acteurs avancent masqués derrière un pseudo... Bonjour l'intox ou la manipulation ! et surtout gare à l'image de confusion que nous entretenons de fait nous-mêmes.
3/c'est donc à l'intérieur de nos instances qu'il faudrait pouvoir agir, et là, on se retrouve avec peu d'élus, principalement des survivants de l'UDF, qui gèrent leurs carrières comme dans n'importe quel autre parti...
Exemple : la conférence nationale est normalement LE lieu où doit se définir la ligne politique du parti.... et pas un concours de longueur de discours où les acteurs ont déjà été sélectionnés par le chef et où l'applaudimètre remplace le vote.
Autre exemple : le cumul des mandats est la règle, et ça risque d'être encore pire avec les régionales...
4/Ca fait deux ans que tout le monde autour de moi envoie des contributions à une multitude de groupes de travail... Quand on voit le résultat sur des tracts, ça fait un peu peur ! Ceux qui rassemblent et font le tri ont-ils vraiment les compétences requises ? Où sont les futurs ministres ?
Et pourtant, je ne signerai pas de lettre, ouverte ou fermée, de pétition..., je ne filerai pas chez Hervé Morin ou Jean Arthuis.... justement parce que j'ai toujours envie de faire de la politique autrement !
Avec le recul , on constate que vous vous êtes bien planté et que les promoteurs n’avaient pas aussi tort que vous le dites...
@ pierre = merci pour votre visite, et pour avoir ainsi remis en haut de la pile ce billet, et cet épisode, que j'avais eu le temps d'oublier. Je l'ai donc relu, et le trouve, très modestement, excellent.
Je vous saurai donc gré de préciser ce qui, dans ce billet, devrait appeler les termes de "bien planté", et en quoi je donnais tort aux "Promoteurs" ? Merci d'avance !