"Le pouvoir impuissant ne m'intéresse pas", dit François Bayrou au Point.

Je sens hélas de plus en plus de raisons de craindre que le nouveau pouvoir ne se fige dans l'impuissance.

Hervé Torchet le remarque, la com' a mangé la réalité : François Hollande "pense qu'il faut corriger son image, alors que l'urgence est dans l'action. Les pitreries d'Arnaud Montebourg ne trompent personne : la situation du pays ne s'améliore pas, et ne peut pas s'améliorer, puisque, selon l'expression de Bayrou, "les décisions ne sont pas prises"."

On sentait déjà fébrilité voire panique dans les cabinets ministériels à la rentrée 2012.

Puis ce sont les ministres qui débloquent, comme Manuel Valls qui s'en prend spécifiquement aux Roms tel un vulgaire Nicolas Sarkozy, ou qui enjoint à la Météo de déclarer une alerte quand il fait beau — c'est la com' qui compte, tant pis pour la réalité si elle regimbe.

Hier, le Président et le Premier Ministre annoncent des ordonnances "pour aller vite" sans dire où ils iraient avec.

Et maintenant, le Président lui-même s'égarerait dans le trafic d'armes au défi du droit international[1] ?

Je ne regrette évidemment pas le quinquennat Sarkozy, qui a battu le record de la débâcle tous mandats de la Vème République confondus.

Mais je m'inquiète de voir paralysie et inconsistance gagner, aussi vite après les élections qui ont donné tous les pouvoirs au PS, le sommet de l'Etat.

Que n'ont-ils tenu leurs engagements de réformer dès l'été 2012 ? Que n'ont-ils comme De Gaulle en 58, demandé à un Jacques Rueff un plan radical pour sortir de l'impasse ? Que sont devenues les belles intentions de la conférence de presse de novembre, ou des voeux de la Saint-Sylvestre ?

Le cynisme énarchique me semble devenu la norme : chacun analyse finement pourquoi le service public et la décision politique sont en faillite ; et chacun sourit d'un air entendu — après tout, précautions prises dans les statuts de la fonction publique, les allocations chômage et retraites-drapeau de l'Assemblée Nationale, ou dans des comptes à Zürich ou aux Iles Vierges, qu'y a-t-il à craindre pour nos décideurs ?

Notes

[1] Ou ai-je mal compris ?