Dans la série "ce sont les meilleurs qui partent, moi je reste", une réponse à GuillaumeD qui en 2009, ne renouvelait pas sa carte, restait sympathisant, et qui remarque aujourd'hui : "beaucoup de personnes ... ont quitté le MoDem pour de très nombreuses raisons. Mais il en est une que j'ai constatée fréquemment : suivre sa conscience."
Ce qui suit est repris d'un commentaire sur son premier billet - je me rends compte en le collant, qu'il part de ce même mot de conscience. Sans laquelle l'engagement, pour sûr, n'est que ruine de l'âme.
« Que vos actes soient le changement que vous voulez voir dans le monde ». - écrit GuillaumeD citant Gandhi.
Une phrase que François Bayrou cite fréquemment, je crois.
Toute la difficulté est dans l'exécution. Surtout dans les univers de pouvoir.
Si toutes les personnalités politiques agissaient "en conscience" au même point que François Bayrou, le monde serait changé. Un journaliste politique écrivait (désolé pour le lien, c'est de mémoire) : François Bayrou est le seul homme politique qui soit le même avant et après que l'on ait allumé la caméra.
Le problème est qu'il est exceptionnel de pouvoir être en politique si on a ce type de cohérence personnelle. On en devient extrêmement vulnérable aux manoeuvriers, pervers, djinamori, usurpateurs et caméléons équilibristes. On est parfois contraint de se retrancher dans une tour d'ivoire, ce qui n'est pas très vendeur.
La tour d'ivoire, avec ses corridors secrets, n'attire guère l'engagement de démocrates convaincus. Des gens dépositaires de pouvoir peuvent-ils fonctionner autrement entre eux ? Je l'ignore, mais je ne connais aucune entreprise dont les mécanismes de décision au sommet soient transparents ; et je doute qu'il y en ait, parmi les entreprises importantes.
Je suis bien conscient que ces arguments ne feraient pas réadhérer une personne qui aurait quitté le MoDem pour "suivre sa conscience". D'autant qu'ils ne donnent pas une "bonne image" de l'activité politique.
En fait, je suis moi-même profondément déçu par ce qu'a donné la construction du MoDem depuis 3 ans. Tant de bonne volonté, de courage, d'énergie, pour si peu de résultats. Mais quand je vois la difficulté de l'exercice, et le peu de résultats de mes propres efforts, ça me coupe toute envie de faire la leçon à qui que ce soit, et au président de mon parti en particulier.
Alors même si je consacre peu de temps actuellement à la politique, je reste au Mouvement.
Pas seulement parce que, amha, en finir avec le pouvoir de Nicolas Sarkozy est urgent pour la République.
Pas seulement parce que, amha toujours, retomber dans l'ornière de gauche conduirait à des résultats aussi décevants et un enlisement aussi lamentable que lors des 3 épisodes PS précédents.
Aussi et surtout parce que je crois qu'avec François Bayrou, nous aurions un président plus démocrate.
"Djinamori" ? Ma chère... Voilà qui fleure bon son ex-coopérant en Côte d'Ivoire, on dirait ?
Il me semble que c'est Jean-François kahn qui a écrit sur la constance de Bayrou, avec ou sans les caméras. De la constance à la conscience, il y a peut-être un lien... politique. Un débat très moderne et utile en tout cas.
@ Ch. Romain : en fait, djinamori et caméléons équilibristes sont, ensemble, un clin d'oeil à GuillaumeD de retour de la terre des hommes intègres.
@ Frederic
Ah... Il me semblait bien aussi...
Je me sens honoré. Merci.
J'ai appris quelque chose de nouveau sur l'exercice du pouvoir, grâce à cette métaphore de la "tour d'ivoire". Je ne prône plus la transparence depuis longtemps, mais je n'avais pas pesé le poids néfaste de ce fantasme des militants= vouloir savoir tout ce qui se passe dans les lieux de pouvoir et de décision. J'ai participé inconsciemment à cet excès, il me faut le reconnaître. Toutefois, cela ne justifie pas une incohérence de François Bayrou : Il y avait en 2007 une forte diversité des militants à tous les niveaux (social, de sensibilités partisanes... etc). J'ai eu l'impression que le président fondateur du MoDem n'en a fait aucun cas, alors qu'il avait là la possibilité d'être à la tête d' "une petite France". Il pouvait organiser, et parce que ce n'était pas son truc, il devait déléguer cette organisation, la mise en place d'une démocratie participative saine, surtout pas excessive (je souligne ici la nécessité de brider fortement les idéaux de transparence), au sein du Mouvement Démocrate naissant. Il n'a pas eu suffisamment confiance en ses militants. Ceux-ci savaient qu'il y aurait des ratés, et même sans doute beaucoup. Ils auraient excusé cette démocratie participative imparfaite. Je l'ai vu à Seignosse, il y avait une grande maturité politique des militants. La démocratie participative de la fondation du MoDem à Villepinte était un trompe-l'œil. Preuve : Lire la deuxième moitié du troisième paragraphe de ce billet d'une ancienne militante :
http://lauramaigaveriaux.blog.lemon...
C'est dur vis-à-vis de Marielle de Sarnez, cela engage l'auteure, pas moi. Mais les éléments décrits sont réels, car j'ai eu à recouper cela avec beaucoup d'autres témoignages. J'ai eu aussi connaissance d'autres éléments qui m'ont permis de considérer avec respect Marielle de Sarnez.
Revenons à Bayrou:
Je pense sincèrement que François Bayrou est un handicapé de l'ego. Ce manque d'humilité n'est pas surtout une faute morale, de mon point de vue. C'est d'abord une faute technique : L'humilité est une clairvoyance. Les militants du MoDem l'admiraient, mais avaient une attente politique qui dépassait sa personne. Démocrates convaincus, ils ne voyaient pas un sauveur en lui. Ils voyaient l'homme du moment. Cela aurait dû être largement suffisant pour son autosatisfaction, pour son orgueil. Trop "perché", il n'a que trop vu les admirations, les bravos, les vivas...
Il n'a donc pas su aller chercher chaque dynamisme qui fait la fierté de chaque militant. Il n'a pas su leur permettre de se mettre en mouvement, en accordant force individuelle et force collective.
C'est aussi une faute technique (même si elle est de nature humaine), car en ayant cette humilité, on reçoit de l'entourage davantage de bienveillance et d'indulgence. Bayrou a fait preuve de ce type d'humilité à un moment. A Seignosse (septembre) ou à Villepinte (décembre 2007), je ne me rappelle plus bien, lorsqu'il a dit quelque chose comme : "Vous nous avez engueulé parce que nous n'allions pas assez vite, ou parce que nous ne faisons pas assez bien", à propos de l'utilisation des moyens et des ressources d'Internet. A ce moment-là, j'ai eu beaucoup confiance en lui. Il partait du réel, des différends, des problèmes de communication, de l'intégration des objectifs et de la hiérarchie de leurs priorités... etc.
J'attendais alors beaucoup, sans doute trop, en espérant un management de ces modes d'engagement différents suivant les rôles et les sensibilités de chacun au sein du MoDem. Je n'ai pas été déçu à cause du manque d'efficacité de ce management, j'ai été déçu car ce management a été ABSENT.
Ainsi, son trop fort ego me pousse à penser que si Bayrou est pareil avant et après la caméra, c'est peut-être parce qu'il est habité par le fantasme que tout ce qu'il dit et fait a valeur publique. C'est sévère, mais je dis honnêtement ce que je pense.
Pour finir, après avoir depuis 8 ans passé 9 mois au Burkina Faso, puis trois fois plusieurs semaines, je ne sais pas ce qu'est un "djinamori"...
Cela me conforte dans l'idée que j'ai à y retourner!
Enfin je réaffirme que politiquement, je suis démocrate et du centre.
Un "Djinamori", en Côte-d'Ivoire, c'est un prestidigitateur-escroc-doreur de pilule...
Concernant ton commentaire sur Bayrou et le MoDem, je suis à 100% d'accord avec toi. Voir à ce sujet mon échange de commentaires avec Frédéric dans le billet intitulé "Démocrates un jour, démocrates demain" : le mépris des hiérarques pour le militantisme et pour l'enthousiasme d'adhérents d'une (trop ?) grande maturité politique est en très grande partie la cause de la débâcle actuelle. Une cause à mon avis incurable, hélas.
Je lirai ça bientôt, j'espère, Christian... A bientôt à "Générations Engagées" ?