La coopération avec la Ligue arabe est le "seul choix stratégique qui pourrait faire avancer la situation, devant l'horreur que Monsieur Bashar el-Assad, qu'on avait invité à présider le défilé du 14 juillet, perpètre contre son peuple", disait François Bayrou il y a seize mois.

Alors qu'une intervention américano-atlantique se prépare, François Bayrou détaille les raisons d'être prudent, de ne pas ajouter le chaos au chaos.

La différence avec 2003 est profonde : les Américains avaient envahi l'Irak sur un soupçon absurde, et non confirmé par les inspecteurs de l'ONU pourtant mandatés pour cela. En Syrie, il ne s'agit pas de soupçon mais de massacres répétés (crimes contre l'humanité, remarquait Alain Juppé dès 2011, conformément à l'article 7 du statut de Rome de la Cour Pénale Internationale).

C'est le devoir de la communauté internationale que de sanctionner un crime contre l'humanité.

Le but d'une intervention pourrait donc être de capturer les suspects de ces crimes pour les remettre à la CPI. L'urgence est d'obtenir que le Conseil de Sécurité demande l'ouverture d'une instruction par la CPI (seule voie de droit puisque la Syrie bien que signataire, n'a pas ratifié le traité est n'est donc pas membre de la CPI) : 57 pays dont la France, mais pas les Etats-Unis, l'ont demandé en janvier dernier.

Reste, pour intervenir, à établir que ce sont les forces du régime syrien qui ont perpétré le dernier massacre chimique à Damas. C'est précisément pour cela qu'il faut s'appuyer en premier lieu sur les inspecteurs de l'ONU. C'est ce que George Bush Jr avait eu le tort de ne pas faire : persuadé par ses conseillers (contre tout bon sens) que Saddam Hussein était derrière Al Qaïda, il ne pouvait plus prendre en compte les faits.

Protéger la paix civile et rétablir le droit humanitaire, pour renforcer (et non en sapant) le droit international, qui construit la paix et l'humanité. C'est le défi auquel les dirigeants occidentaux sont aujourd'hui confrontés.

François Bayrou indique depuis longtemps la voie pour répondre à ce défi : celle de la coopération ; non seulement entre nous, "OTAN-iens" trop habitués à obéir les uns aux autres ; mais aussi avec autrui, avec les pays qui entourent ce champ de bataille.