Après les assassinats abominables de "l'État islamique", les armées russe et syrienne bombardent et anéantissent les hôpitaux d'Alep. La guerre civile atteint un niveau d'horreur qui doit, qui devrait, révulser tous les démocrates, tous les humains, et les pousser à intervenir, d'une façon ou d'une autre, pour arrêter le massacre.

Bien sûr cela aurait dû être fait avant, bien avant.

Bien sûr cela pourrait être vrai ailleurs.

Il y a des horreurs partout dans le monde, et sur place, des forces politiques ou militaires qui donnent plus ou moins d'espoir de contribuer ultérieurement à la paix civile. En Syrie, un degré d'horreur est atteint que l'humanité n'avait connu ni en Bosnie, ni en Libye, ni au Sri Lanka (et pourtant), ni dans l'Ituri au Congo…

Il y avait une bonne raison de ne pas intervenir dans les premières années du conflit (sinon, et cela a été fait, contre les armes chimiques) : la crainte légitime que la situation après intervention ne soit encore pire qu'avant. Ce qui arrive hélas souvent, comme cela a été le cas en Libye. Parce que l'intervention casse l'appareil d'État qui, même criminel, reste pour beaucoup de gens et dans beaucoup de situations, une protection.

Dans la situation actuelle de la Syrie, difficile d'imaginer qu'un lendemain après intervention puisse être pire que l'anéantissement en cours.

Et bien sûr, quand la guerre civile dégénère à un point pareil, les coupables sont partout, dans tous les camps. La mission de l'ONU dans une situation pareille est (non pas de donner la victoire à un camp mais) d'imposer la paix par la force. Ce qui est réellement difficile. Mais qu'est-ce qui est aujourd'hui plus important, plus urgent ?

La Syrie a besoin de 200000 casques bleus. D'AWACS, de Rafale, de matériels de transmission et d'interception, de milliers de blindés légers. D'un protectorat international le temps de reconstituer une société, de recréer les conditions d'un dialogue. D'une police et d'une justice pour trouver et condamner les coupables. De vérité et de réconciliation. De milliers de bulldozers et de grues.