Qu'est-ce qu'un anniversaire ? Sinon une occasion de mesurer le chemin parcouru, et de faire face à celui qui est devant nous[1].
Voici donc ce que j'écrivais sur ce blog une semaine après l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle 2002[2].
Sur la recomposition politique :
Si on admet, avec F. Bayrou, que cette recomposition devrait se faire sur la base de visions politiques similaires et non du soutien aux mêmes personnalités, on irait vers pas mal de surprises ou de scissions. Plus encore si on pense en termes de politiques "défensives" (non de projets d'avenir) ; les politiques "défensives" renvoyant souvent à des classes sociales qui sentent leurs intérêts menacés.
Que faut-il défendre en priorité ? (en schématisant ...) l'environnement et ceux qui vivent de/avec l'environnement ? le service public et ses agents ? la sécurité et les propriétaires ? la cohésion sociale et les travailleurs sociaux/éducatifs ? la liberté d'entreprendre et les entrepreneurs ? les retraites et les retraités ? l'égalité et les pauvres (et encore les travailleurs sociaux) ? la souveraineté nationale et (qui sais-je encore) ? la communication, et les travailleurs/entreprises de la nouvelle économie ?...
Je crois que nous sommes dans un monde gagné par l'instabilité et l'imprévisibilité. La mondialisation signifie, non un horizon dégagé pour les multinationales et une belle prévisibilité pour la macro-économie, mais à l'inverse une confrontation plus directe entre groupes nationaux, religieux, de riches et de pauvres ... génératrice de contradictions, de retournements, de conflits, comme d'opportunités. Il va être de plus en plus difficile de proposer un programme construit et constructif.
De plus en plus difficile de parler de mesures "nécessaires", "inévitables", "modernisatrices", etc. Et peut-être de plus en plus urgent de fonder la démarche politique sur des choix (certes difficiles, hasardeux) de valeurs.
Le chemin parcouru depuis ? Quasi aucun. Le chemin qui reste à faire pour notre pays ? Il me semble tracé. Yapuka.
Le 21 avril 2002... En effet, rien n'a été fait depuis. A part peut-être de montrer que les déséquilibres s'accentuent, que la gloutonnerie de certains capitalistes est mortelle, et que la tentative de récupération du vote FN par le sarkozysme a échoué (à cause du nationalisme? ou à cause du story telling sarkozyste? c'est un sujet a lui tout seul).
Je suis 100% d'accord avec le besoin de donner la priorité aux valeurs. Mais tous les responsables politiques, (Ayrault, Bayrou, Boutin, Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon), parfois de bonne foi, vont dire précisément que leur action est fondée sur des "valeurs". Bien sûr, celle du FN, qui sous-tend que la fermeture des frontières rétablirait la morale et le bien-être est aussi erronée que celle du FG qui sous-tend que ce résultat serait obtenu par la taxation répétitive du secteur privé (et également une certaine fermeture des frontières) . Sarkozy de son côté soutenait qu'il suffisait de vendre du nucléaire n'importe où, et de privilégier simplement les salariés faisant des heures supplémentaires, caricaturant toute réflexion sérieuse sur la "valeur travail".
Ce qui serait nécessaire déjà serait que les responsables politiques arrêtent de se mentir à eux-mêmes. Cela nécessite d'abandonner certaines postures partisanes (par exemple: celles de l'auto-valorisation ou encore de l'opposition par principe), certains corporatismes, et de travailler l'honnêteté intellectuelle, en plus de l'honnêteté budgétaire et fiscale.
A partir de cela, on peut entamer un travail constructif.
(Bis) Regardant la "charte des valeurs" du Modem de décembre 2007 ( http://new.mouvementdemocrate.fr/me... ) je trouve que je me retrouve assez bien dans cette libérale-social-démocratie européenne et durable. Par contre, l'intégralité de ces valeurs reste assez minoritaire chez les personnes que je rencontre, à droite ou à gauche.
Il faudrait donc déjà insister sur les points partageables avec tous: le pluralisme (personne n'a le monopole de la vérité), le respect et la responsabilité des citoyens, la défense des moins favorisés.