Marie-Laure a republié un billet de Maxime Sbaihi sur "Sarkozy : L'erreur historique", le livre de Jean Peyrelevade.

J'ai commenté … un peu vite, Marie-Laure a eu l'amabilité de m'en demander un peu plus. Je me lance, en inconscient, puisque… il me reste à lire le livre.

La thèse centrale du livre de Jean Peyrelevade, c'est, si j'ai bien compris ce que j'en ai lu, dans la presse, dont France démocrate :

  1. "l'erreur historique" du paquet fiscal Sarkozy,
  2. la priorité à donner au redressement des finances publiques.

Non seulement je suis tout à fait d'accord sur ces deux points, mais la crise financière (et la croissance des taux d'intérêts qu'elle entraîne) montre cruellement à quel point il aurait fallu suivre les conseils de Jean Peyrelevade plutôt que les promesses chaotiques de Nicolas Sakozy.

Dire que "développer l'économie, c'est développer l'offre" (non la demande), c'est enfoncer une énorme porte ouverte, tout en contredisant le PS et l'UMP qui, dans le registre "plus c'est gros plus ça passe", nous prétendaient que ça passait par développer la demande (des pauvres pour le PS, des riches pour l'UMP). Par définition, si ce qu'on appelle "l'économie" ou en jargon "l'offre", ce sont les entreprises, développer l'économie, c'est développer les entreprises.

Une autre porte grande ouverte, c'est que "développer la société, c'est développer la demande" - si ce qu'on nomme en jargon "la demande", ce sont les revenus et les capacités d'agir des ménages.

Une pensée unique sophiste UMPS a retenu de travers les leçons de Keynes (traduisant "investissement public" en "dépenses publiques") pour les appliquer dans un monde différent de celui de Keynes (économie des matières premières et de l'immatériel, et non plus économie industrielle), et appelle cela "relance par la demande" (ou par la consommation), c'est pitoyable.

S'il y a deux leçons de Keynes à retenir, à mon avis, c'est que

  1. pour développer l'économie, il faut investir sur le long terme, et la puissance publique peut et doit se comporter en investisseur de long terme ;
  2. développer ensemble économie et société, c'est un cercle vertueux.

Donc, passer à une "social-économie", c'est réinventer dans l'univers technique et écologique d'aujourd'hui des solutions "gagnantes-gagnantes" pour les entreprises et les ménages, dans lesquelles la puissance publique arbitre comme régulateur et investisseur de long terme.

Ce qui me rapproche, je crois, de la vision de l'économie de Jean Peyrelevade, François Bayrou, Corinne Lepage, Jean Arthuis et Charles de Courson, Michel Rocard, Alain Lambert et pas mal d'autres ! certes de styles, tempéraments et origines professionnelles différentes, certes très minoritaires aujourd'hui, mais je l'espère, majoritaires demain.