Une excellente interview de Claude Thélot sur le blog Education du Monde. Je la découvre avec retard, mais c'est un régal !

Oui, les décideurs politiques devraient, non pas dissuader et cacher les évaluations, mais les demander et les financer, car pour améliorer les services publics, ils ont besoin de savoir où aller !

C'est précisément le but de l'évaluation : détecter et valider ce qui marche, mettre en rapport les coûts et les avantages de différentes décisions ou méthodes, distinguer ce qui est durable de ce qui est artificiel, etc.

Un Etat central moderne doit informer, évaluer et prévoir.

Plaidoyer pro domo peut-être.

Je suis, comme Claude Thélot, évaluateur de métier. Donc, sensible aux critiques comme celles qui figurent en commentaires du même billet. L'évaluateur, je le comprends bien, est un empêcheur de tourner en rond. Peut-être le citoyen devrait-il être seul à évaluer, par son vote, les politiques conduites. Mais comment fera-t-il pour s'informer, si aucune information n'est constituée ?

Claude Thélot souligne à juste titre l'importance du rôle de la Cour des Comptes, et l'audience qu'elle a obtenue : elle est rarement soupçonnée, que je sache, de trahir l'intérêt des citoyens ! En revanche, depuis des années qu'elle se soucie officiellement d'évaluer (et pas seulement de contrôler les comptes), je ne crois pas qu'elle ait développé de compétence professionnelle, méthodologique, en évaluation.

Même chose pour les services successifs du Parlement qui ont été créés pour faire des évaluations. S'ils étaient eux-mêmes évalués…

En France, la figure de l'Inspecteur bénéficie du pouvoir de sanction qui lui a été conféré (aussi incompétent qu'il puisse être en matière d'évaluation) ; la figure de l'Expert, celui auquel le Ministre demande un rapport, bénéficie du prestige du savoir dont il est détenteur et dont son rapport comprendra une minime partie.

Face à ces représentants des deux Ordres qui se partagent notre Ancien Régime, l'évaluateur, démuni de savoir et de pouvoir, muni de sa seule compétence, ne fait pas le poids.