Il paraît que, au vu des résultats de dimanche, il faut croire à l'existence d'un centre gauche qui a voté à gauche, et d'un centre droit qui n'a pas voté, parce qu'il serait "en déshérence", dit authueil.
Je constate moi aussi que l'électorat "centriste" traditionnel, et âgé, a moins voté pour le centre dès la présidentielle 2007 (où il a voté très majoritairement pour Nicolas Sarkozy), et s'il s'est éloigné de l'UMP depuis 2007, grand bien lui fasse.
Ceci dit je trouve fascinant le reproche fait à Nicolas Sarkozy, comme si c'était à lui que revenait la mission de créer un rassemblement contre lui.
Parce que s'il y avait un "centre droit" fort en France, si un rassemblement se faisait sur des valeurs, disons giscardo-barristes, européennes, libérales, décentralisatrices, sociales, morales, sur des méthodes de compromis, dialogue, modération, bonne gestion... ce serait à l'opposé exact de la politique actuelle (le livre de François Léotard l'expliquait parfaitement dès la première année du mandat actuel).
Certes, Nicolas Sarkozy a imaginé et obtenu la création du Nouveau Centre. Mais à la condition d'un alignement inconditionnel, qui a pour conséquence directe l'absence d'électorat propre.
Imaginer une majorité réellement plurielle, c'est imaginer une UMP sans majorité, une négociation permanente au sommet, une ouverture des mécanismes de décision à la société civile et à l'opinion, une prise en compte attentive des intérêts de nos partenaires européens.
Le genre de choses qui ne se trouvent pas dans une enveloppe surprise, même débarrassée de tout bulletin orange.
S'il y avait un électorat de centre-droit, amha ça irait mal pour le pouvoir en place.
cet électorat de centre-droit aurait pu voter Modem comme i la voté pour Bayrou au 1er tour en 2007. Sauf que le positionnement du MoDem sur l'échiquier politique ne lui correspond pas.
A vouloir faire des alliances avec le PS, on en perd son socle électoral traditionnel et on se retrouve "à poil".
C'est ce que veut faire Jean ARTHUIS avec le parti Alliance Centriste qu'il a créé, voir Alliance centriste.fr
Il semblerait que D de Villepin lance un nouveau parti au mois de juin..?
... et il y en a encore bien d'autres
La difficulté est celle que l'UDF avait actée dès le congrès de Lyon en janvier 2006 : prétendre porter son propre projet politique n'est pas crédible - et est voué à l'échec - si on se considère comme vassal dépendant d'une autre force politique que l'on juge définitivement dominante.
Les éventuels fans du centre-droit me répondraient sans doute qu'un projet politique qui ne parvient pas à rassembler un électorat n'est pas crédible non plus, et voué à l'échec également. Mais deux échecs ne font pas une promesse de succès.
Le parti radical, Debout la république, ...
Si on regarde le cas des écologistes en France (ou des Grünen ou du FDP en Allemagne) on peut avoir des partis qui ont leur propre projet politique et qui acceptent de ne pas être dominants (10 à 15% des voix). Leur but est que leur projet pèse sur la coalition qu'ils vont former avec un parti plus important. C'est ce que les écolos viennent de réussir pour les régions françaises.
Dans le cas de l'UDF/Modem, cela veut(/voulai?) dire s'allier avec l'UMP OU avec le PS, mais pas de manière systématique ou obligée (sinon pas de négociation possible). Cela nécessite aussi une culture de compromis dans le parti dominant. Or ce n'est pas du tout le cas à l'UMP, déjà en interne. Pour le PS, il y a cette culture, mais avec des blocages ou des pudeurs loufoques (Aubry refusant de discuter avec Bayrou tant qu'il n'a pas "montré qu'il est de gauche").
Je suis d'accord avec l'exemple des écologistes (à qui je pensais en effet), à ceci près qu'il peut être utilisé pour prouver l'inverse. Ce qui a rendu un poids électoral aux écologistes, c'est qu'ils ont donné une impression d'indépendance, à tort - amha - ou à raison. J'ai lu qu'entre les deux tours, 61% de leurs électeurs du premier tour voulaient qu'ils restent indépendants au lieu de fusionner avec la gauche. (Sous réserve de source à retrouver).
Je suis d'accord aussi avec la conclusion : le centre est compatible avec les écologistes (Cf. la proposition de listes communes que leur avait faite François Bayrou), ainsi qu'avec une bonne partie de la droite et de la gauche. Mais aucun des trois ne semble compatible avec le centre.