Robert Rochefort indiquait récemment que "la super banque publique pour les PME", que souhaite créer le gouvernement, "est une fausse bonne idée". Comme je l'approuvais via facebook, un ami-facebook a posté le commentaire suivant, que je republie avec ma recommandation de lecture !
Pour être passé par là et pour me préparer à y repasser, je partage l'analyse de Robert Rochefort.
Ceci étant, le système actuel ne propose rien de performant pour le développement des PME. La banque traditionnelle n'est pas vraiment intéressée, et surtout, est incapable d'analyser le risque qu'elle prend lorsqu'elle investit dans une PME, autrement qu'à travers des ratios. Leur prise de décision est au final régie par 3 principaux critères :
- Ces fameux ratios d'analyse (qui ont leur importance quand même)… qui ne reposent, dans le cas d'une création d'entreprise, que sur un business plan, que le créateur (faites-lui confiance !) arrangera à sa sauce pour rendre les ratios favorables.
- La position des autres banques ! Façon buzz. Si lui n'y va pas... c'est qu'il y a un problème...
- La position d'Oseo. Si Oseo ne contre-garantit pas les prêts... ils n'y vont pas.
Aucune capacité a analyser un dossier dans sa globalité : ratios (certes), marché, perspectives économiques, capacité du créateur ou du repreneur.
J'ai rencontré suffisamment de banques pour affirmer que c'est une constante. Les personnes en capacité sont, en général à des postes bien plus élevés... et laissent finalement ce travail essentiel à des débutants, qui ne connaissent d'entreprise que le mot (je n'exagère pas). J'en ai rencontré une, de ces personnes un peu plus haut placées, et ai eu la chance d'un vrai RDV avec des vraies questions de fond sur le dossier que nous présentions, et donc la possibilité d'argumenter et de répondre de façon complète. C'est la seule banque qui nous a suivis... (il nous en fallait une autre, vue la taille du dossier).
Dans le cas d'une reprise d'entreprise, cela fait d'Oseo le seul vrai décideur de se qui se fait ou de ce qui ne se fait pas. Normal ? N'arrive-t-on pas à un résultat inverse à ce qui devait être ? L'organisme qui devrait venir en support, devient le principal décideur ! Les personnes d'Oseo ne sont pas beaucoup plus avisées que les banques en matière d'analyse économique — en tout cas, pas les personnes qui analysent vos dossiers. Ce sont d'anciens banquiers pour beaucoup. Si vous ajoutez qu'en province, tout le monde connaît tout le monde... vous voyez le tableau. J'ai quand même rencontré des personnes bien et compétentes... mais trop isolées pour peser sur le système.
Pour tout ce qui est des subventions... Là aussi, on peut écrire un bouquin. Je crois très sincèrement que supprimer toutes les subventions existantes (il y en a des centaines de types, mais on ne se retrouve jamais dans la bonne case) seraient un bien. Notamment les subventions immobilières, parfois très élevées, qui poussent le prix de l'immobilier "pro" à la hausse, profitent surtout aux promoteurs, et rendent les cessions d'entreprises bien complexes lorsqu'il s'agit d'évaluer la valeur des immobilisations, ou de séparer l'immobilier du fonds de commerce.
Et j'en ai vu, dans certains bilans, des subventions. Je n'en ai vu aucune qui soit justifiée, à savoir : qui ait rendu possible un business viable, ou qui ait été indispensable à la survie de la boîte. J'en ai vu une, aussi, qui était clairement le fruit d'un copinage local (200 k€ quand même... pour une boîte faisant 1 M€ de CA). A l'arrivée, combien des milliards mis dans Oseo et dans les subventions sont réellement efficaces ? Ils font partie des 7% de déficit avec lesquels notre gouvernement génère péniblement 1 à 2% de croissance. Pourtant, cet argent va bien quelque part. Mais dans quelles popoches ?
À signaler : le Réseau Entreprendre, fondé par Mulliez. Une association présente dans tous les départements. De vrais entrepreneurs analysent votre dossier, vous conseillent puis éventuellement vous parrainent et vous appuient auprès de leurs contacts locaux (banques, investisseurs). Ceux-là même qui ne savent pas analyser un dossier, en sont conscients, et font confiance à des pros. Logique… et désespérant.
C. Lefebvre — 22 septembre 2011
D'accord à 10 000 % ! J'ai mis récemment un commentaire du même acabit à la suite du billet de l'Hérétique consacré aux dividendes.
Tant qu'il n'y aura pas obligation pour les banques de consacrer une partie significative de leurs crédits aux PME et aux créations d'entreprises, on aura du mal à sortir de l'ornière !
Le problème de fond, c'est que quand tu veux créer une entreprise, tu vas voir un "employé de banque" qui est dix fois moins compétent que toi. Enfin, dans certains cas, car dans d'autres le candidat est juste un "baratineur". Mais il n'y a aucune compétence banquière - du moins à portée de la main - pour faire la différence entre "vrai entrepreneur" et "vrai baratineur"...
Après, les histoires de business plan... Pour une entreprise dite "installée", c'est normalement sérieux (je dis bien "normalement"). Pour les entreprises en création, reconnaissons que c'est pour beaucoup du baratin, ... justement pour plaire aux investisseurs! Mais parfois c'est sérieux... Et du coup l'employé de banque néophyte loupe le sérieux!