Ambiance de grande inquiétude, non de panique, parmi les grands patrons présents au débat de l'Institut de l'Entreprise hier matin. "Mobilisation générale", a demandé en tribune Jean Peyrelevade.

Mon compte-rendu est sur France démocrate. Quelques remarques personnelles :

Il y a un préjugé négatif, en France comme dans les directions d’entreprises internationales, sur le fait de produire en France. C'est ce préjugé qu'on entend en boucle, de la part des journalistes qui interviewent François Bayrou : vous dites qu'il faut produire en France, mais est-ce que c'est encore possible ? On ne va pas faire des machines à laver, tout de même ? Comme si exercer tout autre métier que journaliste était, pour un Français, déchoir.

Ce qui manque en France, ce ne sont pas les budgets de recherche, c'est que les entreprises innovent pour adapter en permanence leur offre à la demande des marchés, des consommateurs. Free vient d'en (re)faire la démonstration hélas éclatante. Consolation : c'est une entreprise française, et qui produit ;-)

Les entreprises françaises n'investissent pas assez dans leurs systèmes d’information : « deux fois moins en France que dans les meilleurs pays de l’OCDE » (Luc Rousseau). Re-voir Michel Volle et sa lettre ouverte aux présidentiables.

Une explication quasi-officielle du silence général sur cette détérioration de notre compétitivité : les dirigeants ont acheté le silence des syndicats par des hausses salariales, pour pouvoir délocaliser tranquilles. Au fond, la CFDT de Seafrance demandait-elle autre chose ? De l'argent (des emplois pour les copains, des indemnités de licenciement) pendant qu'on laisse crever l'entreprise.

La "démocratie sociale" a été détournée, instrumentalisée, pour alimenter la communication élyséenne. L'Etat instaure des dialogues obligatoires sur tel ou tel sujet, cela occupe les délégués syndicaux et DRH, et les dispense, ou empêche, de discuter de la réalité de leur entreprise, des tâches de leurs salariés, et de quel genre de postes sont payés combien dans la boîte.

Si l’Etat accorde des allègements de charges pour réduire le coût du travail et restaurer les marges, ce devrait être en priorité sur les secteurs et emplois confrontés à la concurrence internationale. Plutôt que sur les services aux particuliers ou l’administration elle-même.

Un plan de redressement progressif, avec rigueur au compte-goutte, ne créera que du marasme. La solution devra être en 1 fois, pas en 3 fois. Il faut tout dire d’un coup, pour que le nouveau cadre soit stable. Un plan Pinay-Rueff, ou rien.

Selon Francis Mer, le levier de la compétitivité, ce n'est pas un point de CSG ou de TVA en plus ou en moins. C’est que les salariés puissent apporter leur contribution au progrès de l’entreprise. C’est que les entreprises tirent mieux parti du désir d’engagement de chacun de leurs salariés.

Décidément, l’Europe du Nord est, avec l'euro, doublement performante : budgets et macro-économie sains, coopération efficace dans les entreprises entre dirigeants et salariés ! Aujourd’hui, son excédent commercial est meilleur que celui de la Chine.

On continue avec la droite et la gauche, ou on remet la France en route ?


Côté web politique, la mobilisation générale a été relancée par Nicolas-ex-Versac hier avec la première "République du web". J'ai fait la connaissance du dés-intox-icateur n°1, retrouvé avec plaisir François de l'Imprévu, recommandé à verel de relooker son blog, ce dont Denys n'a nul besoin, admiré le pull orange d'Hervé Torchet, et n'ai pu résister au plaisir de discuter politique sénégalaise avec quelqu'un dont le regard sur la politique française est singulièrement juste, Hady Bâ.