Voyage en train, passage au kiosque, je vois un XXI - devant lequel pas moyen de "se voiler la face". Voilà 15 euros que - hélas - je ne regrette pas.

L'éditorial le dit très bien :

"Le premier réflexe est logiquement l’incrédulité. Lorsque Jan Karski a rendu compte de sa visite du ghetto de Varsovie et du projet d’extermination des Juifs d’Europe par les nazis, Felix Frankfurter, l’ami du président américain Roosevelt, lui déclara : « Je ne vous dis pas que vous êtes un menteur, mais je ne vous crois pas, je ne peux pas vous croire. » La sidération n’a qu’un temps. Les faits sont là. Il reste à avoir le courage de les affronter. Quand l’Histoire est à vif, la vérité ne répare rien bien sûr, mais elle apaise les blessures.

Il est temps."

Mais les trois articles valent mieux encore que cela. Ils suivent l'itinéraire personnel de trois personnes. Un ancien gendarme français qui a lutté jusqu'au bout, au côté des forces des génocidaires, dans le Rwanda envahi par "l'ennemi"[1]. Une femme de Président, "Madame", qui… enfin, c'est à lire. Un militaire français : "J'ai raconté ce que j'avais trouvé : les noms, les preuves. Le général m'a dit : 'Vous oubliez tout."

Dans Le Monde Magazine, Daniel Mermet aussi témoigne de la même histoire, en quelques lignes.

Et puis, le Conseil Constitutionnel aligne, 52 ans après leur "cristallisation", les pensions des anciens combattants "indigènes" sur celles des Français vivant dans les mêmes pays. Bonne nouvelle que la fin d'une indignité. Même si presque tous les combattants seront morts avant. Hommage au calme combat du Président Lamizana, pour cette victoire posthume.

Hommage aux hommes qui disent.

Notes

[1] Sur ce blog : "Pourquoi se fait la guerre post-moderne ? pour des territoires", 19 mars 2004.