Le Parisien indique, ce jeudi 6 juin, que le 20 mai dernier, à quelques minutes de chez moi,
Rabia, jeune fille voilée de 17 ans, (lycéenne) en bac pro comptabilité… a été agressée par deux jeunes hommes. «Il était près de 21 heures, se remémore-t-elle. J’ai croisé deux personnes d’environ 30 ans. L’un d’eux m’a insultée. J’ai accéléré le pas car j’ai eu peur, mais les hommes ont fait demi-tour, l’un d’eux a arraché mon voile, m’a mise à terre puis m’a rouée de coups tout en me traitant de sale arabe, de sale musulmane. L’autre homme rigolait». «Sans l’intervention d’un passant qui a arrêté les agresseurs, je ne sais pas ce qui se serait passé» (ajoute) son père Abdelkrim, qui a déposé plainte.
J'ai posté le commentaire suivant :
Le site de la "Coordination contre le racisme et l'islamophobie" (que je découvre à cette occasion) prétend que "La police n’a pas jugé utile de prendre la plainte", que " les policiers ont refusé de prendre des photos de traces de coups et d’hématomes sur le visage et le corps de la plaignante", que "la Municipalité d’Argenteuil a dépêché des émissaires pour dissuader la famille de parler de cet acte ignoble prétextant le risque d’émeutes en banlieue" et que "ni la Mairie ni la Police n’ont accepté de visionner les images de vidéo surveillance, qui selon eux seraient floues et inexploitables". Votre journaliste peut-elle confirmer, ou infirmer, ces affirmations ? Cela me semblerait très important.
Il est clair que le commentaire est difficile. Mais cet acte de violence, quelles que soient les raisons, est condamnable et scandaleux. Toute tentative de récupération politicienne serait déplacée (c'est pourquoi je ne commente pas sur mon blog), mais s'il y a une tentative de dissimulation, elle est tout autant condamnable. La police, le Maire doivent tout faire pour qu'une enquête soit faite. Je rappelle simplement que M. Doucet s'est exprimé récemment pour dire:" je mène une politique sécuritaire a mort, et elle n'est pas contestée". (Le Figaro). Si sa politique sécuritaire consiste a maîtriser sa communication sur le sujet, ce n'est pas a la hauteur de l'enjeu.
@ Philippe Metezeau : tout à fait d'accord. Je partage votre conditionnel — la CRI, groupe militant ou militant individuel je n'en sais rien, n'est pas présumée source fiable.
J'en profite pour écrire ici que j'ai apprécié la visite de la synagogue et la conférence qui s'y est tenue il y a quelques semaines, à l'initiative de la Mairie. J'ai particulièrement apprécié que, parmi les ±600 personnes qui y sont venues, il y ait eu Mohamed Chanai, la tête de liste du "Parti des Musulmans de France" en 2008. Mais j'ai des doutes sur l'argumentaire du Maire qui défend cette initiative (et son Conseil des Cultes, rebaptisé depuis) par l'impératif de combattre la violence inter-communautaire (ou le risque d'une telle violence). La violence inter-communautaire me semble, à l'image de la société française, très majoritairement "laïque", y compris quand elle s'exerce contre des symboles religieux (tirs contre la synagogue, agression contre cette lycéenne voilée).
Qu'il est difficile de penser les choses à partir de faits divers !
Un fait divers intéresse les medias, ou tout groupe qui a un message à faire passer quand on peut lui donner une signification, mais après, quel est le rapport entre la réalité et son retentissement médiatique ?
Je pense à l'affaire du rer, qui était une fausse affaire antisémite, à la mort de ce jeune militant, une affaire qui coïncide avec un intérêt médiatique, un discours politique, prend une ampleur insoupçonnée. D'autres faits divers, tout aussi dramatiques, passent inaperçus, parce qu'ils en correspondent à aucune préoccupation du moment, et que personne ne leur donne de sens.
Peut-être les pouvoirs publics ont ils souhaité que cette affaire ne prenne pas une dimension nationale, soit pour ne pas porter atteinte à la ville, soit pour ne pas envenimer les choses, ce que déplore le site qui présente une défense du port du voile, et qui pense pouvoir faire avancer sa cause avec de telles affaires.
On est obligé de rester prudent. On peut aussi dire que, si ces faits sont vérifiés, la victime l'est aussi à cause d'une presse qui en fait sans doute beaucoup trop concernant l'Islam, et qui est capable aussi de faire passer des musulmans paisibles pour des dangers potentiels. Si les faits indiqués sont vrais, peut-être ne faut-il pas donner de la publicité à une agression commise par des misérables, mais il faut quand même sanctionner à hauteur des actes commis. Ce sujet est comme un oursin, on ne sait comment le prendre, et tout le monde est, je crois, dans la même situation, il faut dénoncer les actes d'intolérance, mais en même temps, comment traiter du voile, qui est quand même la marque de la soumission féminine. Notre société est-elle capable à la fois de connaître le mariage gay, la promotion des femmes, et le voile, tout cela devant être intégré à l'intérieur de la même culture, et sans créer des isolats, dans une société fragmentée, à laquelle nous appartenons peut-être déjà.