J'ai lu dans la presse quelques analyses intéressantes sur le vote Obama, en particulier dans La Croix. Suite à quelques débats en commentaires d'un billet chez koz, j'ai cherché où pouvaient bien se trouver les fameux sondages sortie des urnes qui donnent le profil des électeurs. Après moult recherches, je me suis retrouvé sur le site du NY Times, où j'ai passé la Nuit démocrate, et c'est bien là.

Eh bien… je suis allé de surprise en surprise.

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Je craignais que le vote Obama n'ait été "villes contre campagnes", façon référendum français de 2005 : pas du tout. Certes, les grandes villes ont voté Obama à 70%, les petites villes et campagnes à 45% seulement, mais l'écart était supérieur pour Gore vs. W. Bush en 2000 (71% contre 37-38%).

Certain, sur le blog de koz, pensait qu'Obama aurait particulièrement bénéficié du vote Noir : certes il l'emporte à 95% contre 4%, mais c'était déjà 88% pour Kerry en 2004. C'est chez les Hispaniques que la progression est la plus forte - Kerry 56%, Obama 67%. Dommage que les médias français nous parlent fort peu des Hispaniques (9% des votants).

Le vote Obama a été un vote "jeune", comme le vote Bayrou en 2007 : 66% chez les 18-29 ans, 52% chez les 30-44 ans. Tandis que le vote Gore était un vote un peu "âgé", comme le vote Bayrou en 2002(*) - son meilleur pourcentage était chez les 60 ans et plus, 51% contre 47% à Bush. Cependant, par rapport à Kerry 2004, le candidat démocrate progresse en 2008 dans tous les groupes d'âge.

Obama progresse par rapport à Kerry dans tous les groupes religieux, y compris les Juifs (Kerry 74%, Obama 78% - pas mieux cependant que Clinton en 1992, 80%).

Encore d'autres résultats dans les tableaux :

  • Il n'y a pas de radicalisation idéologique : Obama progresse, par rapport à Kerry, de la même façon parmi les "liberals" (gauche), les "moderates" et les "conservatives".
  • Les traces de la Sécession, vues par Hervé Torchet, ne sont pas si profondes. Certes, par rapport à Gore et Kerry, Obama progresse plus fortement dans l'Ouest, mais il progresse également dans le Sud. Même - d'un chouïa, selon le sondage - chez les Blancs du Sud.
  • Obama obtient le meilleur score depuis le début de la série (1980) chez les personnes sans aucun diplôme (63%) de même que chez les diplômés de l'enseignement supérieur (58%).
  • Pareil chez les très bas revenus (73%), et Obama est le premier candidat démocrate à égaler ou dépasser (selon les sources) le républicain chez les très hauts revenus.
  • Obama a recueilli 69% des voix des primo-électeurs, et 89% des voix de qui avait voté démocrate en 2004 (ce qui est un très bon taux de "fidélité") : il a élargi l'électorat démocrate tout en conservant sa base antérieure.

Votre sondeur de serviteur est plus qu'impressionné par ces résultats !

En France, on avait aussi, dans les enquêtes dites "sortie des urnes" 2007, l'analyse détaillée des motivations du vote. Mon billet de l'époque est ici.

(*) De mémoire. Je n'ai pas les chiffres sous la main.