Sur "Vivement dimanche prochain", émission diffusée ce dimanche, François Bayrou a réclamé un changement fondamental en matière de financement des États. Ça aurait dû faire une bombe bien plus puissante que son vote blanc de 2007 (déjà annoncé il y a quelques mois).

Selon mes notes, François Bayrou a déclaré :

"La BCE prête aux banques privées à moins de 2%, et ces banques re-prêtent aux Etats à 9% dans le cas irlandais ! Il faut qu'au lieu des banques privées, ce soit la BCE qui prête aux Etats. Au lieu de voir des banques privées prendre des marges considérables aux dépens des contribuables. Il faut que ce soit la Banque centrale qui assume cette fonction."

Je n'ai pas de religion arrêtée sur "qui doit prêter aux Etats".

Je suis d'accord sur un point : dès lors que les Etats de la zone euro s'entre-garantissent pour empêcher la faillite de l'un d'entre eux, il est scandaleux que certains payent de tels intérêts. Les banques privées ne devraient pas avoir le beurre et l'argent du beurre, plus exactement la garantie contre le risque et l'argent de cette garantie.

Ceci posé : si la BCE, c'est-à-dire nous, prête à l'Irlande, qui ne pourra très probablement pas rembourser, comment sera-t-elle remboursée ? Pouvons-nous accepter que l'Irlande ait d'abord "privatisé" (à son profit) la croissance européenne, par le dumping fiscal notamment, et que l'on "socialise" maintenant les pertes en mettant tout le monde à contribution ?

C'est vrai que parfois, dans une famille, on doit accepter de passer l'éponge sur les comportements passés de l'un des membres de la famille. Mais si on le refinance solidairement, c'est en prenant des garanties très fermes sur l'utilisation de ces fonds.

En d'autres termes : si la BCE devient prêteur de dernier recours pour les Etats, ce doit être à la façon du redressement d'une entreprise, c'est-à-dire par une mise sous tutelle financière du pays concerné.

Ou alors… la BCE doit faire payer tout le risque au pays concerné, et dans le cas de l'Irlande, je vois mal comment la prime de risque serait inférieure, non pas aux 7% actuels, mais à 15 ou 20% / an. Car les 7% actuels demandés par les banques privées anticipent déjà le refinancement probable par l'Europe (qui réduit le risque pour les banques).

La BCE, elle, n'aura plus personne à appeler à l'aide. Sinon l'Arabie Saoudite.


Par ailleurs, sur la situation financière de la France (soutenable ou pas ?), voir le billet de Michel Volle, sur lequel j'ai posté un commentaire.