Cette année 2008-2009, en parallèle de mon activité professionnelle, je suis auditeur à l'IHEE.

Qu'est-ce que l'IHEE ? "Institut des hautes études de l'entreprise", un cycle de séminaires et voyages d'études pour cadres en milieu de carrière, inspiré de l'IHEDN - "l'école de guerre". L'IHEE rassemble chaque année une quarantaine d'auditeurs de différents secteurs d'activité, du public au privé, dont quelques membres de partis politiques. C'est au titre du Mouvement démocrate que j'ai pu intégrer l'Institut, et je saisis l'occasion de remercier François Bayrou, qui a donné son accord.

Qu'étudie-t-on à l'IHEE ? Les stratégies des entreprises dans la mondialisation. Nouvel environnement, nouveau rythme, nouvelles parties prenantes.

Le séminaire de lancement d'année a eu lieu fin août à Bougival. Nous aurons ensuite plusieurs voyages d'étude, en particulier en Tunisie, aux États-Unis et en Chine. Nous en sommes donc à aiguiser nos yeux, nos oreilles et nos papilles pour ne perdre aucune miette de ce que nous découvrirons, au pas de charge, autour du monde.

Voici trois sujets, trois angles pour regarder la mondialisation, que m'a inspiré ce premier séminaire. Quels autres angles me suggéreriez-vous ?

Le système d'information : les outils de travail de l'entreprise et de l'entrepreneur. L'infrastructure technique qui rend possible la production / commercialisation mondialisée, et qui détermine en quoi consiste concrètement le travail des personnels, y compris les cadres de haut niveau. Ingénieur de formation, je mets facilement en doute les intentions proclamées, les discours sur les choix à faire ; je les soupçonne de mettre en scène, souvent inconsciemment, ce que des dispositifs techniques ont déjà implicitement déterminé.

Que vaut une définition comme : "la mondialisation, ce sont les ERP et internet" ?

Le système de valeurs. Discuter de l'entreprise, c'est tout de suite entendre se confronter des valeurs ressenties chacune comme évidente par qui les exprime - "un chef d'entreprise doit vouloir développer son entreprise" vs "on fait un métier parce qu'on aime ce métier", "on n'a qu'une vie" vs "on n'a qu'une planète", etc. J'essaierai de percevoir, dans les différents pays que je vais avoir la chance de découvrir, quels systèmes de valeurs portent / sont portés par les entrepreneurs et les cadres engagés dans la mondialisation.

La mondialisation économique, c'est la rencontre et la confrontation de systèmes de valeurs entrepreneuriales différentes ?

Les systèmes de pouvoir. Le "discours de l'entreprise", lisse et glacé, prévisible et irréprochable, brillant et performant, m'apparaît souvent comme un mince vernis sur le métal des positions de force. Le degré de concurrence sur tel ou tel marché (constructeurs vs opérateurs, par exemple) détermine qui "mange la laine sur le dos" de qui.

La mondialisation est-elle la course, toujours plus serrée, vers un nombre toujours décroissant de positions de rente inexpugnables - Inexpugnables jusqu'à ce qu'un changement de technologies les rende obsolètes ?

Parmi les entreprises que nous allons rencontrer, lesquelles bétonnent des bunkers, lesquelles se lancent à l'assaut en pantalon garance ?