Selon une récente note de Moody's, pour redresser les comptes de la Grèce, le niveau de décote des obligations grecques devrait atteindre 60% et non 21% comme envisagé dans le deuxième plan d'aide à la Grèce. (L'Expansion)

Pour avoir ce chiffre de 60% avec 4 mois 1/2 d'avance sur Moody's, chères lectrices et chers lecteurs, vous connaissiez l'adresse.

S'il y a un moment de l'histoire où bloguer m'a semblé aussi inutile, c'est depuis dix-huit mois, depuis le début de cette crise de la dette.

On a beau être aveuglé par les évidences, assourdi par le fracas de ce système qui s'effondre, on a beau se sentir menacé par les chutes de gravats sur sa petite entreprise — autour de soi, le blogueur ne voit qu'irénisme et n'entend que langue de bois. Il s'époumone pour absolument rien.

Si ce n'est pour le vague sentiment de faire son devoir ; de ne pas pouvoir être accusé ensuite d'avoir vu et entendu, et de s'être tu.

Mais à quoi ça sert ?

D'ailleurs, 4 mois 1/2 ici, 6 ou 12 mois sur un autre blog, ou 18, ou 24. Il y a de bien meilleurs spécialistes que moi, qui certainement sonnent l'alarme pour rien depuis bien plus longtemps que moi[1]. Et même moi, je ne les lis pas. Alors, à quoi bon ?

Pendant ce temps-là, les prédateurs en tout genre finissaient ce qui reste de viande sur les os de nos fonds publics. Pendant ce temps-là, traders, dirigeants et actionnaires des banques se faisaient verser des rémunérations faramineuses sur la base de leurs profits fictifs et de leurs actifs en baudruche.

Ça sert à rien, mais ça coûte rien de gueuler. Ça soulage, peut-être.


P.S. du 6 octobre matin : un témoignage de sympathie post mortem de Steve Jobs :

Creativity is just connecting things. When you ask creative people how they did something, they feel a little guilty because they didn’t really do it, they just saw something. It seemed obvious to them after a while.

Bien sûr, le défi est de ne pas seulement voir. De fabriquer ce qu'on a vu.

Une campagne de pub disait :

the people who are crazy enough to think they can change the world, are the ones who do.

Mais parmi les millions de ces fous, combien font ? Et à quelles conditions, avec combien de dégâts, pour eux et autour d'eux ?

Merci quand même, Steve.

Notes

[1] Tenez, François Heisbourg.