Un adhérent MoDem m'écrit "travailler à un projet pour faire de la politique 'autrement' et faire en sorte que cela ne soit pas de vains mots."
Il imagine, plus précisément, un mouvement à trois fonctions :
- l'action civique, environnementale, sociale, sans attendre d'hypothétiques victoires électorales,
- la discussion, l'élaboration d'un projet politique,
- l'investiture pour des élections, sous réserve que les candidats aient remplis leurs tâches dans les deux premiers domaines (si j'ai bien compris).
Et me demande comment je verrais l'organisation d'un tel ensemble.
Pour les deux premières fonctions, le modèle décrit par Jean-Michel Cornu dans "La coopération : nouvelles approches" me semble bien adapté. Il demande un fort leadership et un fort investissement du fondateur, mais peut fédérer un grand nombre de gens et d'efforts - peu structurés mais cohérents - un peu les "flottilles de pirogues" dont parle (je crois) Thierry Crouzet.
Pour la fonction investitures, je n'ai pas de solution. Il n'y a qu'une place pour tous les demandeurs, ôte-toi de là que je m'y mette, pas de solution gagnant-gagnant, donc guère de coopération possible.
Pour un jeune parti, ce n'est pas forcément très grave, car la loi électorale limite la concurrence, par le non-remboursement des frais de campagne à moins de 5% des voix : seuls des riches peuvent faire campagne. Pour les très grands partis, la détention de pouvoir est aussi un facteur d'équilibre : on n'investit pas n'importe qui. La foire d'empoigne et les ferments d'autodestruction arrivent, j'imagine, quand un parti se situe au-dessus de 5%, entre 5 et 15 disons !
On peut certes imaginer un mouvement citoyen qui prend de l'ampleur en tant que tel sans participation aux élections, et qui décide peu avant des élections de s'impliquer dans la vie politique au sens strict. Il aurait le temps de réussir les élections avant d'être gagné par la zizanie. Mais il y aurait forcément en son sein des désaccords sur ce changement de projet, donc un risque d'autodestruction par scission, c'est ce qui était arrivé à la liste "L'Europe commence à Sarajevo". Mais ça peut aussi marcher. Peut-être Nicolas Hulot aurait-il pu réussir cela en 2007 - et arriver aux alentours de 10% des voix ? Pour en faire quoi, ça c'est une autre question.
En tout cas, vivent la sauvegarde de l'environnement, l'aide sociale et éducative, l'imagination politique et, si possible un jour, les démocrates au pouvoir !
La véritable question est eut être de savoir si un parti politique, dans sa forme actuelle, est encore adapté au monde actuel. A l'heure du net on fait encore de la politique comme nos grands parents
+1 berlineo
Et si justement le concept de changement devait se créer en dehors de toute structure existante ? Et si sa clé se trouvait justement dans l'art de partir d'un désaccord pour arriver à un accord, dans l'art d'évaluer les effets des choix pris en commun en connaissance de cause et en s'obligeant à les évaluer afin de se donner le droit de contrôle et de mise en place d'actions correctives au fil du temps ?
Ce sont les démocrates qui ont le pouvoir entre leurs mains déjà. Ce qui pose des problèmes en démocratie, c'est qu'ils le confient à n'importe qui...
Le fait est que les structures pyramidales actuelles ne répondent plus aux désirs maintes fois exprimés des citoyens ( et donc des militants) de faire de la politique. Il y a un renversement total de la logique pyramidale : alors que la base devrait dire à la tête quoi faire, c'est la tête qui dit quoi faire à la base, et sans lui demander son avis le plus souvent. De même pouvons nous rester des "clubs" où l'on discute sans jamais agir sur le terrain ? "l'action" politique est-elle limitée à la distribution de tracts sur les marchés pendant les campagnes ?